Cet article date de plus de huit ans.

Cannes 2016 : "Café Society" l'un des meilleurs Woody Allen de la décennie

Cannes 2016 a décidé d'ouvrir avec la projection hors compétition du dernier Woody Allen en date : "Café Society" avec Kristen Stewart et Jesse Eisenberg. Le cinéaste new yorkais, qui ne joue pas dans le film mais assure la voix off, retrouve avec brio sa ville natale. L'un des meilleurs films de Woody Allen depuis le début du siècle.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Kristen Stewart et Jesse Eisenberg dans "Café Society"

Voilà un Woody Allen du meilleur cru. Cette comédie dramatique met en scène un tout jeune New yorkais (Jesse Eisenberg) arrivant à Hollywood à la fin des années 30 pour y faire carrière dans le cinéma grâce à l'aide de son oncle agent de stars (Steve Carrell). Mais l'amour pour une jolie assistante de cet oncle (Kristen Stewart) se mêle de tout compliquer. Il en résulte un chassé croisé amoureux, une de ces situations dramatiques dont Woody Allen sait alléger le propos grâce à une mise en scène tout en finesse et en élégance. 

New York-Hollywood-New York

Si Woody Allen n'apparaît pas dans le film, c'est lui qui raconte, en voix off, les détails de cette histoire qui a toutes les chances d'être proche de la sienne. Il est absent de l'image, mais en superposition, lors de certaines scènes, à travers certains gestes, la manière de prononcer certains mots, il transparaît et il devient aisé de comprendre en quel personnage il se met en scène. Il est donc ici ce jeune homme mal dégrossi qui débarque de Brooklyn à Hollywood, et qui va vivre l'une des plus grandes tragédies amoureuses qui se puisse imaginer. Avant, comme Woody Allen, de retourner vivre à Manhattan.

Jesse Eisenberg et Blake Lively
 (Copyright Gravier Productions, Inc. - Sabrina Lantos)

La nostalgie et l'amour du cinéma

Woody Allen a confié l'image de son film à un extraordinaire directeur de la photographie. Vittorio Storaro, 75 ans, a réussi à donner à ce film très riche en couleurs chaudes, la même magie que les plus belles oeuvres en noir et blanc. Cette image sert des décors qui réussissent à reconstituer ceux des films de l'époque plus encore que l'époque elle-même. On ne serait pas surpris de voir apparaître Katharine Hepburn au détour d'une pièce ou Cary Grant discutant avec Spencer Tracy, assis dans un fauteuil. Une nouvelle fois, Woody Allen allie la nostalgie et l'amour du cinéma qui fut celui de sa jeunesse. Une fois encore Woody Allen traite avec légèreté des choses graves, une élégance qui traverse toute sa filmographie. C'est sans doute ce qui fait dire à certains grincheux qu'il réalise toujours le même film. On pourra, c'est vrai trouver des points communs avec certaines de ses oeuvres antérieures, Radio Days, Manhattan, Celebrity ou Stardust Memories. Il s'envoie d'ailleurs des clins d'oeil à travers les décennies en prenant le spectateur à témoin : la chanteuse et son micro très années 40 évoquant Radio Days, le pont de Queensboro filmé quasiment sous le même angle que dans Manhattan...

"Café society", rappelle cette époque où il était de bon ton de fréquenter les établissements entre bar et cabaret où se mêlaient vedettes de l'écran, politiciens et gangsters, et qui fut aussi l'un des creusets du jazz si cher au réalisateur.

Steve Carrell
 (Gravier Productions, Inc. - Sabrina Lantos)

L'un des plus aboutis

"Café Society" est sans doute l'un des films les plus aboutis de Woody Allen. Beaucoup d'amour, beaucoup de jazz, le cinéma en arrière plan, un saupoudrage d'humour avec quelques répliques à ajouter à sa galerie des bonnes phrases ("si le judaïsme avait promis la vie éternelle, il aurait sans doute eu davantage de clients"), mais surtout une élégance et une légereté dans la mise en scène qui adoucissent le malheur aussi bien que le passage inexorable du temps. Et cette phrase prononcée sans y paraître par Jesse Eisenberg-Woody Allen : "Il a fallu que j'aille dans beaucoup d'autres villes pour comprendre à quel point j'aimais New York". Elle ressemble à la signature d'un cinéaste qui, après avoir puisé dans les charmes de Rome, de Paris, de San Francisco ou de Barcelone, rentre chez lui avec des projets plein la tête dont la plupart, c'est sûr, seront désormais tournés entre Manhattan et Brooklyn.

A noter que "Café Society" est aussi le titre d'un film de 1939 de Edward H. Griffith (Titre français "Femme du monde"), ainsi que d'un film de 1995 de Raymond de Felitta. Les scénarios n'ont rien à voir avec celui de Woody Allen.

L'affiche de "Café Society"
 (Mars Films)
Synopsis : New York, dans les années 30. Coincé entre des parents conflictuels, un frère gangster et la bijouterie familiale, Bobby Dorfman a le sentiment d'étouffer ! Il décide donc de tenter sa chance à Hollywood où son oncle Phil, puissant agent de stars, accepte de l'engager comme coursier. À Hollywood, Bobby ne tarde pas à tomber amoureux. Malheureusement, la belle n'est pas libre et il doit se contenter de son amitié. 
Jusqu'au jour où elle débarque chez lui pour lui annoncer que son petit ami vient de rompre. Soudain, l'horizon s'éclaire pour Bobby et l'amour semble à portée de main…

Café Society
Film américain écrit et réalisé par Woody Allen
avec Jesse Eisenberg, Blake Lively, Kristen Stewart, Steve Carrell...
1h36
Sortie le 11 mai 2016
Distribué par Mars Films
 

 

Découvrez nos grilles de mots fléchés exclusives sur le thème du Festival de Cannes

jouer maintenant

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.