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"Blue Jasmine" : Cate Blanchett favorite aux Oscars dans le nouveau Woody Allen

Après plusieurs escapades dans des capitales européennes, cadres de ses derniers films, Woody Allen revient aux Etats-Unis, passant de New York à San Francisco dans « Blue Jasmine », avec Cate Blanchett que d'aucuns prédisent qu'elle sera la grande lauréate des prochains Oscars.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Cate Blanchett dans "Blue Jasmine" de Woody Allen
 (Mars Distribution)

De Woody Allen (Etats-Unis), avec : Cate Blanchett, Alec Baldwyn, Sally Hawkins, Louis C. K.,Peter Sarsgaard - 1h38 - Sortie : 25 septembre 2013

Synopsis : Alors qu’elle voit sa vie voler en éclat et son mariage avec Hal, un homme d’affaire fortuné, battre sérieusement de l’aile, Jasmine quitte son New York raffiné et mondain pour San Francisco et s’installe dans le modeste appartement de sa soeur Ginger afin de remettre de l’ordre dans sa vie.


Ange déchu
Le nom de Cate Blanchett supplanterait presque celui de Woody Allen sur l’affiche de « Blue Jasmine », tant on parle de l’actrice depuis son hommage rendu à Deauville et la rumeur qui la donne favorite à la course aux Oscars pour le Prix d’interprétation féminine, la cérémonie ayant lieu le 2 mars 2014. Il n’en reste pas moins que ce nouveau Woody Allen, toujours écrit et réalisé par le cinéaste new-yorkais, est l’un de ses meilleurs de ces dernières années, drôle, mais d’une causticité rare, voire cruel, dans le ton de nombre de ses productions récentes. Son usage de la musique, un blues jazzy New Orleans (que joue Woody Allen par ailleurs dans son propre groupe), participe de cette tonalité décalée et signifiante. 

« Blue Jasmine » relate l’histoire d’une chute. Jasmine (Cate Blanchett) y est comme un ange déchu, issue des plus hautes sphères de la société new-yorkaise, et qui se retrouve chez sa demi-sœur Ginger (Sally Hawkins) dans un petit appartement de San Francisco, au contact d’une société à l’exact opposé de son « écosystème » huppé. Mais Woody Allen n’arrête pas là le portrait de cette femme en rupture de ban. Elle fut, par le passé, l’agent de l’échec de la relation de sa sœur avec son compagnon, en les engageant dans une affaire financière qui s’est avérée désastreuse pour eux. Méprisante à leur égard, elle est obligée de revenir vers Ginger, entraînant encore désastre sur désastre autour d’elle.
 

Cate Blanchett, Sally Hawkins et Andrew Dice Clay dans "Blue Jasmine" de Woody Allen
 (Mars Distribution)


Déchéance pathétique
Le scénario de Woody Allen est écrit aux petits oignons. Prenant pour pierre d’angle les différences de classes, on peut compter sur lui pour écrire des rôles croqués avec sagacité, des dialogues qui font mouche et conduire une direction d’acteurs dont il a le secret. De fait, Cate Blanchett est époustouflante dans son rôle de grande bourgeoise, quasi aristocratique, snobe et méprisante. Tombée de haut, elle est comme inconsciemment poussée à entraîner dans sa chute ceux qui l’entourent. Ce à quoi elle parvient très bien, comme dans un mouvement autodestructeur aux dommages collatéraux inévitables.

Ce jeu de massacre s’effectue  avec un humour sarcastique qui ne tombe jamais dans la caricature, mais pointe plutôt avec élégance les traits d’une classe qui se croit au-dessus des lois et des règles du vivre ensemble. Jasmine va en faire les frais, tombant dans une déchéance pathétique, dont le dernier plan du film reflète l’exacte émotion, laissant une impression de malaise au spectateur, alors qu’elle n’inspire à aucun moment une quelconque empathie. Reflet d’une société occidentale de plus en plus inégalitaire et des dégâts de la crise financière dans la société américaine, « Blue Jasmine » décline le sujet sur la gamme des sentiments, avec un humour qui n’a d’égal que la dureté de son propos.

Sujet : C.Meunier, B.Benbourek


Reportage : Marie-Jo Jouan, E.Delagneau, A.d'Abrigeon

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