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"Bleeder", film fiévreux et inédit du réalisateur de "Drive" et "Neon Demon"

Révélé au grand public en 2011 avec "Drive" et son prix de la mise en scène à Cannes, le Danois Nicolas Winding Refn y était également cette année avec "Neon Demon" et en 2013 avec "Only God Forgives". Son talent s’était déjà manifesté avec la trilogie "Pusher", ou "Le Guerrier silencieux". Mais aussi "Bleeder", son deuxième film de 1999, où il donnait son premier rôle important à Mads Mikkelsen.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Mads Mikkelsen dans "Bleeder" de Nicolas Winding Refn
 (Bac Films)

Transpotting

La violence tient bonne place dans la filmographie de Nicolas Winding Refn. Avec "Bleeder" (litt : purgeur), il poursuit sur la lancée de son premier film "Pusher" (1996), qui deviendra une trilogie, en explorant le monde de la petite pègre danoise. Cet univers apparaît comme un fil rouge chez lui, ne s’y écartant que dans "Le Guerrier silencieux" (2009), étrange film de Vikings, et "Neon Demon" où les gangs sont remplacés par l’univers du mannequinat.

Mais le réalisateur danois n’emprunte pas cet univers de thriller pour seulement raconter des histoires de gendarmes et de voleurs. Il donne à ses films une dimension sociologique qui les positionne comme les témoignages d’une époque, d’une communauté photographiée à un instant T et d’individus confrontés à l’apprentissage de la vie. En cela "Bleeder" évoque "Transpotting" (1996) de Danny Boyle, tourné à trois ans de distance. Deux groupes de potes liés par la drogues pour les uns, les larcins pour les autres, assujettis à une vie d’expédients, travaillés par le sexe, et immatures.

Cohérence

Si "Bleeder" a comme personnage pivot Leo (Kim Bodnia), jeune adulte qui n’assume pas sa paternité annoncé, c’est celui de Lenny qu’interprète un tout jeune Mad Mikkelsen qui retient l’attention. Cinéphile employé dans un video-store, introverti maladif  et amoureux, l’acteur en herbe se révèle prometteur en faisant passer une sensibilité à fleur de peau, tout en dégageant une inquiétante étrangeté. Un charisme qui le propulsera sur le devant de la scène avec le rôle du Chiffre dans "Casino Royale" (2006, Martin Campbell) et cette semaine encore dans "Doctor Strange" de Scott Derrickson, en passant par la série NBC "Hannibal".

Rikke Louise Andersson et Mads Mikkelsen dans "Bleeder" de Nicolas Winding Refn 
 (Bac Films)

Nicolas Winding Refn met d’ores et déjà en place ce qui se révèlera une cohérence thématique dans ses prochains films. Avec des personnages torturés, puissants et fragiles à la fois, écartelés entre amour et violence ; des frictions formatrices qui peuvent être autant fatales que rédemptrices. Les liens familiaux et amicaux sont également au centre de vies qui n’en restent pas moins solitaires, en quête de reconnaissance pour s’accomplir. Le metteur en scène est déjà reconnaissable dans une sophistication de l’image qui ne fera que (trop) s’amplifier et un art du montage percutant, à l’image d’un William Friedkin. Du solide. 

"Bleeder" : l'affiche française
 (La Rabbia)

LA FICHE

Drame de Nicolas Winding Refn (Danemark, 1999) - Avec : Kim Bodnia, Mads Mikkelsen, Zlatko Buric, Rikke Louise Andersson - 1h38 - Sortie : 26 octobre 2016

Synopsis : Amour et lviolence à Copenhague. Léo et Louise vivent en couple dans un appartement insalubre. Découvrant que Louise est enceinte, Léo perd peu à peu le sens de la réalité et, effrayé par la responsabilité de sa nouvelle vie, sombre dans une spirale de violence. Au même moment, son ami Lenny, cinéphile introverti travaillant dans un vidéo-club, tombe fou amoureux d'une jeune vendeuse et ne sait comment le lui dire…

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