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"Bac Nord", polar coup de poing sur l'affaire des "ripoux" de Marseille

En 2012, le démantèlement de ce qui était présenté comme un réseau de "flics ripoux" avait fait grand bruit.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Gilles Lellouche dans "Bac Nord" de Cédric Jimenez (2020).  (JEROME MACE/CHIFOUMI PRODUCTION)

Si Bac Nord est à décharge sur ce qui avait été présenté en 2012 comme un réseau de "flics ripoux" dans la cité phocéenne, le film n’est pas pour autant complaisant. Hors compétition à Cannes, nerveux et tendu comme peu de polars français depuis sa raréfaction au cinéma, le film de Cédric Jimenez sort mercredi 18 août, dans un climat où la police subit un malaise pérenne dans la profession : haute tension.

Crescendo

Greg est à la tête d’une brigade de la Bac de Marseille, submergé par un trafic de drogues exponentiel. Pour coincer un gros bonnet, un des flics pactise avec une petite dealeuse. Il doit rassembler une grosse quantité de haschich en échange d’un tuyau sur un arrivage monstre dans une cité des quartiers nord, intouchable, bouclée par un gang. Les méthodes employés pour fournir la drogue dépasse la légalité et vont se retourner contre Greg et ses hommes.

Dès les premières images, Cédric Jimenez envoie la patate. Cet homme tout juste incarcéré, est-il un voyou ou un flic ? Il a tout du premier, mais le plan suivant, on le découvre dans une course-poursuite à l’intérieur d’une voiture de police. Une scène d'action digne de William Friedkin (French Connection). La tension ne quittera plus le film dans un crescendo mis en scène à haut régime.

Manichéisme ?

Si Jimenez avait déjà tâté du polar marseillais dans La French, il creuse son sillon sur une autre affaire de drogue, contemporaine, elle, et encore chaude dans les mémoires. Le procès des "ripoux" marseillais s'est terminé en avril dernier (malgré un appel du parquet) et Bac Nord devait sortir en 2020. Depuis les années 70 de la French Connection, l’ambiance a changé. On est plus dans les transactions en costard-cravate, mais face à des hommes en noir, cagoulés et armés de Kalachnikov qui gardent les portes des cités. Route barrée.

Karim Leklou, François Civil, Idir Azougli et Gilles Lellouche dans Bac Nord de Cédric Jimenez (2020).  (JEROME MACE/CHIFOUMI PRODUCTION)

Le film peut être accusé de manichéisme, avec les méchants dealers armés jusqu’aux dents face aux gentils flics lâchés par leurs supérieurs. Polar d’extrême-droite ? Comme chez Friedkin, les flics emploient des méthodes de voyous. Mais le coup bas ne vient pas d’où on pourrait le croire : la hiérarchie ne suit pas, et le lynchage médiatique fait le reste. La politique policière du chiffre, à l'origine de tels actes, est aussi pointée du doigt. Bac Nord ne fait pas un portrait tout rose de la police. Les trop rares moments de vie privée de ces flics désabusés les humanisent et les rapports à double tranchant qu’entretient le plus jeune d’entre eux avec son indic, sont troublants. Tous en sortiront traumatisés. Gilles Lellouche en flic jusqu’au-boutiste décroche la palme de l’interprétation. Après l’époustouflant Loi de Téhéran, sorti le 28 juillet, le polar se porte bien.

L'affiche de "Bac Nord" de Cédric Jimenez (2020). (STUDIOCANAL)

La fiche

Genre : Policier
Réalisateur : Cédric Jimenez
Acteurs : Gilles Lellouche, Karim Leklou, François Civil, Adèle Exarchopoulos, Kenza Portas, Michaël Abitboul, Idir Azougli
Pays : France
Durée : 1h44
Sortie : 18 août 2021
Distributeur : StudioCanal

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Synopsis : 2012. Les quartiers Nord de Marseille détiennent un triste record : la zone au taux de criminalité le plus élevé de France. Poussée par sa hiérarchie, la BAC Nord, brigade de terrain, cherche sans cesse à améliorer ses résultats. Dans un secteur à haut risque, les flics adaptent leurs méthodes, franchissant parfois la ligne jaune. Jusqu'au jour où le système judiciaire se retourne contre eux…

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