"À jamais" : Benoît Jacquot ressuscite Mathieu Amalric
De Judith Godrèche à Isabelle Huppert, Benoît Jacquot n'a pas été avare de portraits de femmes dans sa longue carrière. C'est même devenu sa marque de fabrique, dans des environnements très différents. Cette fois pourtant, c'est un homme qui crève l'écran durant les premières minutes du film. Mathieu Amalric, en cinéaste tourmenté, cherchant l'inspiration dans une jolie maison glacée, loin de tout, sur la côte portugaise.
Rey croise Laura. Il a à peine entendu le son de sa voix mais il est déjà amoureux. Il la suit. Il l'épouse. Elle est jeune et discrète, presque effacée. On ne voit que lui, souvent râleur, désabusé. Elle subit son humeur massacrante. Et puis il meurt. Un autre film peut commencer et Julia Roy (Laura) s'y révèle. Son mari n'est plus là. Sauf pour elle. Au début, c'est juste une impression, des signes. Et puis Rey est de nouveau là, ni tout à fait le même, ni tout à fait différent. Il s'exprime avec des mots uniques, ou des morceaux de phrases prononcés autrefois. Elle seule peut le voir. Absence-présence, elle fusionne avec lui. Il est Julia, elle est Rey.
La fiche
Drame de Benoît Jacquot – avec Mathieu Amalric, Julia Roy et Jeanne Balibar – durée : 1h26 – Sortie : 7 décembre 2016
Synopsis : Laura et Rey vivent dans une maison au bord de la mer. Il est cinéaste, elle crée des « performances » dont elle est l’actrice. Rey meurt —accident, suicide ?—, la laissant seule dans cette maison. Mais bientôt, seule, elle ne l’est plus. Quelqu’un est là, c’est Rey, par et pour elle, comme un rêve plus long que la nuit, pour qu’elle survive.
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