ScreenX, 4DX, effets sensoriels : des salles de cinéma de plus en plus high-tech pour attirer les ados
Au cinéma Pathé Beaugrenelle à Paris, cris, rires ou applaudissements accompagnent la projection d'"Ant-Man et la guêpe" dans la salle équipée depuis mercredi des deux technologies ScreenX et 4DX. Les spectateurs - surtout des adolescents - peuvent voir à certains moments simultanément des images devant eux et latéralement, tandis que, comme dans un manège, les sièges bougent et vibrent pour accompagner l'action du film, le public recevant gouttes d'eau ou air chaud.
"C'était magique!", commente Gustavo Mattos, un Brésilien de 14 ans, à la sortie. "On se sent plus dans le film. Les sensations, c'est que du bonus", renchérit Benjamin Betito, 16 ans. C'est la deuxième salle au monde, après une première à Séoul, équipée de ces deux technologies du groupe sud-coréen CJ 4DPLEX, moyennant 8 euros de supplément sur le prix du billet (trois euros pour le seul ScreenX).
Fauteuils inclinables, projection laser haut de gamme, son Dolby Atmos et panneaux lumineux
Après avoir multiplié depuis mars 2017 les salles en 4DX, qui associe mouvements des sièges et effets sensoriels tels que vent, pluie, brouillard (32 salles prévues d'ici fin 2018 en France), les cinémas Pathé Gaumont se lancent maintenant dans le ScreenX, format immersif à 270 degrés, avec deux salles à Paris.Créée en 2012, cette technologie, concurrencée notamment par le groupe belge Barco, est implantée aujourd'hui dans plus de 145 salles dans le monde, dont 86 en Corée du Sud et 44 en Chine.
Quelques semaines plus tôt, c'est CGR, autre exploitant majeur en France, qui inaugurait à Paris une nouvelle salle "premium" ICE (Immersive Cinema Experience), alliant confort et technologie, pour des prix variant entre 8 et 15 euros. Au programme: fauteuils club inclinables, projection laser haut de gamme, son Dolby Atmos et panneaux lumineux sur les côtés pour plonger le spectateur dans une ambiance immersive avec la technologie LightVibes, inventée par Philips et adaptée par CGR à ses salles.
"Il n'y a pas une semaine sans qu'il y ait une innovation technologique annoncée"
"Si vous n'évoluez pas technologiquement, les ados ont tendance à rester sur la tablette", explique Jocelyn Bouyssy, directeur général du groupe CGR, qui a déjà ouvert 19 salles ICE en France depuis fin 2016, et est en discussions pour en vendre à l'étranger."Pour que le spectacle en salles reste quelque chose d'incroyable, il faut apporter de nouvelles choses aux spectateurs, surtout aux jeunes", estime également François Bertaux, directeur des opérations de Pathé.
"Maintenant qu'on est passé à la projection numérique, au début des années 2010, c'est comme si on avait lâché les fauves. Il n'y a pas une semaine sans qu'il y ait une innovation technologique annoncée", explique Jean-Marie Dura, auteur en 2016 d'un rapport sur "la salle de cinéma de demain".
"Un cinéma d'ingénieurs" pour des "films à grand spectacle"
"C'est vraiment une tendance mondiale", principalement dans les multiplexes, emmenée par les États-Unis et l'Asie, ajoute-t-il. Parmi les groupes lancés dans cette course à la technologie, le canadien IMAX, qui équipait fin mars 1.382 salles dans le monde avec ses écrans géants, est "clairement en tête", souligne-t-il.Il est concurrencé notamment par l'américain Dolby, avec sa technologie Dolby Vision, exploitant une large palette de couleurs et de contrastes (150 écrans dans le monde), le sud-coréen Samsung qui a lancé une première salle LED 3D (sans projecteur) en mars à Zurich ou le français Ymagis, qui vient d'équiper un premier cinéma en Chine avec sa technologie EclairColor.
"Toutes ces innovations nous tirent de plus en plus vers un cinéma d'ingénieurs" pour des "films à grand spectacle", relève Jean-Marie Dura. Mais, estime-t-il, elles "ne se font pas au détriment des films plus qualitatifs". "Il s'agit toujours de donner au spectateur l'envie de sortir".
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