Radio France veut développer l'enregistrement de bandes originales de films
Le groupe dispose de deux orchestres de premier plan, de grands studios refaits à neuf comme le 104, et d'ingénieurs du son très réputés.
Radio France monte le son : le groupe public, premier prescripteur et diffuseur de musique en France, veut le faire savoir et développer ses activités tous azimuts, notamment dans l'enregistrement de bandes originales de films, où il aimerait concurrencer Londres.
Sibyle Veil, PDG de Radio France, a profité du Festival de Cannes pour vanter le savoir-faire du groupe en matière de musiques de films. Un potentiel sous-exploité puisque à part Valérian, de Luc Besson, dont la partition a été enregistrée à la Maison de la radio il y a deux ans par les orchestres du groupe, les cinéastes français ne jurent que par Londres.
Avec Valérian, nous avons montré que nous sommes à la hauteur des exigences de qualité les plus élevées, à l'image des plus prestigieuses formations londoniennes et des studios d'Abbey Road
Sibyle VeilAFP
"Et avec le Brexit, nous avons une opportunité formidable pour faire revenir en France, qui est le premier pays producteur de cinéma en Europe, l'enregistrement de la musique de films", affirme Sibyl Veil à l'AFP.
"L'essentiel du marché aujourd'hui est à Londres, mais la place de Paris a gagné en crédibilité et les conditions sont réunies pour qu'elle réussisse", abonde Michel Orier, directeur de la musique et de la création culturelle à Radio France, en pourparlers avec plusieurs compositeurs.
Un accord avec Universal Music
Outre ses deux orchestres et ses grands studios refaits à neuf, Radio France vient de se doter d'un "directeur musical des antennes", le producteur de l'émission Foule Sentimentale Didier Varrod. Pour Sibyle Veil, "c'est l'affirmation d'une priorité et la volonté de rendre enfin visible la force que représente l'ensemble de nos chaînes dans le domaine musical". Parmi ses missions : renforcer les liens entre les antennes et les labels.
Après l'information, la musique est la deuxième motivation d'écoute de nos radios, c'est une attente forte de nos auditeurs, qui veulent pouvoir découvrir des artistes nouveaux
Sibyle VeilAFP
Le groupe a signé la semaine dernière un accord avec Universal Music. Il permettra à ses radios d'exploiter les sessions d'artistes de la major pendant 12 à 18 mois, notamment sur internet.
"Nous faisons chaque semaine une trentaine de sessions 'live' et nous souhaitons que nos publics puissent les écouter et les voir dans la durée", explique la dirigeante. Un atout, dans un contexte budgétaire contraint.
FIP et Mouv radios nationales
Ces ambitions passent aussi par FIP. La radio musicale éclectique créée en 1971, plusieurs fois dépouillée de ses émetteurs hertziens au profit de franceinfo et France Bleu, a su conquérir de nombreux auditeurs sur internet, dont le fondateur de Twitter Jack Dorsey. Et avec le déploiement de la radio numérique terrestre (ou DAB+), elle va devenir une radio nationale, de même que la radio hip-hop Mouv.
"A 50 ans, c'est une deuxième jeunesse pour FIP", se réjouit sa directrice Bérenice Ravache.
"FIP est la plus dénicheuse et défricheuse des radios du groupe, avec entre 12.000 et 16.000 artistes diffusés chaque année, dont un quart de nouveaux talents. C'est sans équivalent dans le paysage audiovisuel français", rappelle-t-elle.
Des nouveaux rendez-vous sur toutes les antennes
Du côté d'Inter, "nous allons développer d'autres rendez-vous musicaux à la rentrée", assure Jocelyn Perrotin, son responsable musical. Dans ce cadre, "le vendredi soir restera un moment incontournable pour faire découvrir des artistes".
France Musique prépare également des nouveautés. Mais la suppression annoncée de certaines émissions pointues, dédiées à la création musicale, a généré des inquiétudes chez les amateurs et spécialistes.
"Chaque année, nous retravaillons nos grilles pour surprendre nos auditeurs et renouveler nos propositions, et je pense que lorsque celle de France Musique sera dévoilée, les inquiétudes seront levées. Exposer la création musicale fait partie de ses missions et cela va continuer", assure Sibyle Veil.
"On étudie une plage 21H-22H30 le weekend, qui s'ouvrirait à toutes les musiques de création, avec une vraie force éditoriale. L'exposition de ces répertoires-là serait meilleure", précise Marc Voinchet, le directeur de la radio, qui promet qu'"Ocora Couleurs du monde" et les émissions du GRM (groupe de recherches musicales) resteront à l'antenne.
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