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"The Artist", un film en noir et blanc, des costumes en couleurs

Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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"The Artist" a été tourné en noir et blanc mais son costumier, l'Américain Mark Bridges, a travaillé la garde-robe du film "en couleurs et en textures", pour obtenir le meilleur effet à l'écran et créer l'univers adéquat pour les acteurs. Le film est en lice ce soir à la 37ème cérémonie des Césars, à Paris, et aussi dans la course aux Oscars, dimanche, à Hollywood.

Mark Bridges, qui a notamment signé les costumes de "Magnolia", "There will be blood", "8 Mile", "The Italian Job", "Greenberg" ou "The Fighter", est en lice pour l'Oscar des meilleurs costumes, à Hollywood, après avoir déjà remporté pour "The Artist" de multiples récompenses, dont un BAFTA.

Inventer la garde-robe de ce film muet en noir et blanc, qui se déroule à Hollywood entre 1927 et 1932, était une gageure pour le costumier, qui devait à la fois penser au rendu à l'écran et à l'exactitude du style de l'époque. Une sélection de ses costumes, exposée jusqu'au 28 avril au Musée de la Mode et du Design (FIDM) de Los Angeles - révèle une explosion de couleurs et de matières.

Le FIDM expose, chaque année, des costumes de films sortis l'année précédente
Pour 2011 sont ainsi exposés: The Artist, Anonymous, My Week with Marilyn, The Help et Immortals. Pour célébrer le 20e anniversaire de cette exposition, de célèbres costumes de l’histoire du cinéma sont présentés: les claquettes de Fred Astair, des chapeaux d’"Orgueil et préjudices" sorti en 1940, les souliers brillants de Marlène Dietrich ou le corset de l’actrice américaine Mae West.

"Je devais créer un monde réel pour que les acteurs puissent vivre et créer leur vie imaginaire", explique M. Bridges. "Et il y avait aussi une petite chance que certains marchés veuillent diffuser le film en couleur". D'où un travail "normal" sur les couleurs, mâtiné cependant d'un soin particulier accordé aux textures. "Ce que je ne pouvais pas raconter (à l'écran) à travers les couleurs, je l'ai exprimé à travers les textures, les lamés, les satins", explique le costumier.
 

Mark Briddes a exploité les contrastes à des fins dramatiques
"Il y avait par exemple cette idée que lorsque George Valentin (le personnage interprété par Jean Dujardin) est au sommet de sa carrière, au début du film, ses vêtements étaient fortement constrastés: chemise très blanche et costume très noir".

Inversement, Peppy Miller (Bérénice Bejo), qui n'est alors qu'une simple admiratrice - mais va connaître la gloire avec le cinéma parlant, tandis que George, acteur muet, sombre dans l'oubli - ne ressort pas beaucoup au début. "Cette robe couleur coral qu'elle porte au début apparaît moyenne en noir et blanc", dit-il. "J'ai juste mis un peu de contraste avec un collier et un chapeau blancs, pour la faire ressortir un peu de la foule, parce qu'elle est l'actrice principale".

La coupe des vêtements devait souligner l'évolution des personnages
"Quand George est sur le déclin et qu'il perd sa fortune, la coupe de ses vêtements change", explique M. Bridges. "Ses costumes deviennent un peu trop larges, moins bien coupés, ses chemises aussi. Et j'ai aussi utilisé des matières qui s'affaissent davantage". "C'est très subtil, mais il apparaît moins précis et moins parfait que dans sa vie d'avant", ajoute-t-il.

La plupart des costumes des personnages principaux ont été créés de toute pièces, les costumes d'époque étant souvent trop fragiles pour les conditions de tournage. Mais pour les rôles secondaires, M. Bridges a pu compter sur les incroyables réserves de costumes de Los Angeles, où l'on trouve de tout. "Nous avons travaillé avec un budget très modeste, et c'était formidable d'être à Los Angeles et de pouvoir compter sur les ressources de la ville", dit-il.

Jean Dujardin et Bérénice Bejo : "The Artist" de Michel Hazanavicius
 (Warner Bros. France)

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