Quartiers lointains 2024 : les courts-métrages de la 8e saison disponibles pour les lycéens et les apprentis "cinéma" de la région Auvergne-Rhône-Alpes

Les cinéphiles découvriront, entre autres, le premier court-métrage de Ramata-Toulaye Sy, connue pour son film "Banel & Adama", en lice pour la Palme d'or en 2023.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5 min
La programmation de la 8e saison de Quartiers lointains à découvrir en salles à compter du 25 septembre 2024. (SUDU CONNEXION)

Quartiers Lointains, 8e saison ! La programmation de courts-métrages réalisés par "des cinéastes émergents" issus de la diaspora africaine en France et du continent africain est à voir en salles dès le 25 septembre 2024. Elle propose quatre courts africains : L'Envoyé de Dieu de la Nigérienne Amina Mamani Abdoulaye, The Medallion de l'Éthiopienne Ruth Hunduma, Astel de la Franco-Sénégalaise Ramata-Toulaye Sy et I am afraid to forget your face de l'Égyptien Sameh Alaa.

Grande nouveauté cette année, ces courts seront accessibles pendant deux ans aux élèves et aux enseignants dans le cadre du dispositif "Lycéens et apprentis cinéma" de la région Auvergne. "C'est une porte d'entrée vers potentiellement 20 000 lycéens puisque le programme est proposé aux enseignants", précise Claire Diao, fondatrice et programmatrice de Quartiers lointains.

À leur disposition également, "une fiche pédagogique axée sur le cinéma afin de faire comprendre que les pays africains, dans lesquels se déroulent les films, sont des contextes", explique Claire Diao. L'essentiel étant "la mise en scène, le regard du cinéaste sur les situations et les genres cinématographiques utilisés".

Une multitude de résistances

Alice Diop, César du court-métrage en 2016 avec Vers la tendresse et César du premier film avec Saint Omer en 2023, a participé à Quartiers lointains dont elle a été aussi la marraine en 2023. Ramata Toulaye-Sy, dont le premier film Banel & Adama était en lice pour la Palme d'or 2023, prend part, elle, à l'édition 2024.

La 8e saison rime avec Résistances. "Aujourd'hui, analyse Claire Diao, le monde est en pleine mutation et parsemé de frictions quel que soit le continent. Nous sommes face à des résistances différentes. Que ce soit par rapport à la religion, à un régime militaire ou par rapport à une sorte de dogme culturel ou traditionnel."

Les films ont été choisis en partenariat avec Sauve qui peut le court-métrage, "l'association qui porte le Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand, et l'Acrira, association basée en Auvergne-Rhône-Alpes, qui coordonne le dispositif Lycéens et apprentis au cinéma". "Certains de ces courts sont passés par le Festival de Clermont-Ferrand", indique Claire Diao.

"C'est le cas d'Astel de Ramata Toulaye-Sy qui y a remporté de nombreux prix, et The Medallion (Le Médaillon) de Ruth Hunduma qui a décroché, cette année, un Prix spécial du jury dans la compétition internationale. C'est un documentaire. Un témoignage : une fille récolte la parole de sa mère sur le génocide de la Terreur rouge dans les années 1970 en Éthiopie. Dans notre connaissance des génocides et des conflits mondiaux, il y a parfois un biais lié à l'endroit où l'on vit et à nos préoccupations. On regarde toujours plus près de soi, mais justement, avec Quartiers lointains, on essaie de regarder plus loin."

Des œuvres acclamées

Deux autres films complètent la programmation 2024. "L'Envoyée de Dieu de la réalisatrice nigérienne Amina Mamani Abdoulaye qui évoque l'enlèvement de jeunes filles par des terroristes. Ces derniers les utilisent ensuite comme appâts et porteuses de bombes. C'est ce qu'on a vu, par exemple, au Nigeria avec le mouvement djihadiste Boko Haram."

On retrouve également I am afraid to forget your face (J'ai peur d'oublier ton visage) de Sameh Alaa. "Le film a eu la Palme d'or du court-métrage en 2020, l'année du Covid. Il est donc passé un peu inaperçu alors que c'est le seul court africain à avoir reçu ce prix", rappelle Claire Diao. "Ici, nous sommes dans une résistance à l'ordre établi : le fait que lors d'un deuil, les hommes ne se mélangent pas aux femmes. Que faire alors quand un homme veut aller voir celle qu'il aime ?"

Des images pour chasser les préjugés

Quartiers lointains est né en 2013. "J'écrivais énormément sur les cinémas d'Afrique. À partir des années 2010, j'ai commencé à écrire pour Le Bondy Blog sur des cinéastes français qui venaient des quartiers populaires. Très vite, j'ai découvert que nombre d'entre eux avaient un point commun : leurs origines africaines. En outre, ils étaient dans des luttes liées au fait de ne pas avoir accès aux subventions, de ne pas être diffusés à la télévision ou en salles", explique Caire Diao.

"Ce problème de diffusion, que je pensais propre aux films africains, se retrouvait aussi dans la diaspora. En outre, s'ajoutait une méconnaissance mutuelle : dans les pays africains, il y a des clichés sur la France et vice versa. J'ai pensé qu'il serait intéressant de pouvoir montrer différents aspects de ces deux réalités. Quartiers lointains a été lancé pour rendre le lointain plus proche et révéler les points communs entre ces univers, étant moi-même métisse [franco-burkinabè]"

Par ailleurs, note Claire Diao, "c'est vraiment un moment charnière de pouvoir accompagner des cinéastes à l'état du court-métrage et de les conforter dans leur position de réalisateurs. Le statut du court est toujours à part". Davantage encore en matière de distribution, notamment des courts issus du continent africain. Quartiers Lointains, c'est également des rencontres avec le public. Dans un monde où l'on est inondé d'images, "c'est de ça que l'on a le plus besoin, des échanges autour des films", estime Claire Diao. Le programme itinérant, parrainé par le cinéaste rwandais Joël Karekezi (Étalon d'or du Yennenga en 2019 pour La Miséricorde de la jungle), circule pendant un an en France et à l'international, entre autres aux États-Unis et dans les pays africains.

Affiche de "Résistances", la 8e saison de "Quartiers lointains". (SUDU CONNEXION)

La fiche

Genre : Drame, Documentaire
Cinéastes : Sameh Alaa, Ramata-Toulaye Sy, Amina Abdoulaye Mamani et Ruth Hunduma
Distribution : Salamatou Hassane, Djaoro M'Badi Youssouf, Oumarou Aboulaye Mamani
Pays : Niger, Burkina Faso, Rwanda, Éthiopie, Grande-Bretagne, France, Sénégal, Égypte, Qatar, Belgique
Durée : 1h22
Sortie : 25 septembre 2024
Distributeur : Sudu Connexion


Synopsis : On a souvent parlé de résistance quand il s'agissait de guerre, civile ou militaire. Mais la révolte de fait, l'insoumission face à ce qui nous est imposé dans un cadre familial, politique, religieux ou culturel est aussi une forme de résistance. Qu'ils soient basés au nord ou à l'ouest du continent, les protagonistes des quatre courts-métrages de cette 8e saison de Quartiers lointains abordent de manière politique et poétique plusieurs formes de ténacité et d'insurrection envers l'ordre établi. Ils sont les héroïnes et héros de L'Envoyé de Dieu d'Amina Mamani Abdoulaye, Le Médaillon de Ruth Hunduma, Astel de Ramata-Toulaye Sy et I am afraid to forget your face Sameh Alaa.

Séances spéciales :
Une avant-première le 24 septembre 2024 à 20h30 au Saint-André des Arts à Paris
Une séance scolaire au cinéma Le Luxy d'Ivry-sur-Seine (94) le vendredi 27 septembre 2024 à 14h
Une projection publique au Cinéma Le Rex de Châtenay-Malabry le jeudi 3 octobre 2024 à 20h30

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