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Pour ou contre "Oblivion", avec Tom Cruise ?

Après "Minority Report", l'acteur américain rempile dans un film de science-fiction ambitieux. La mission de trop ?

Article rédigé par Léo Pajon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Tom Cruise a raison d'être sur ses gardes, on va encore lui demander de sauver la Terre.

Quelques extraits, de maigres bandes-annonces... Presque rien n'avait filtré sur Oblivion avant sa sortie. Sans doute pour maintenir le suspense. Car l'intrigue de départ, très classique pour un film de science-fiction, est rapidement ébranlée par des coups de théâtre (que nous ne dévoilerons pas, qu'on se rassure). Nous sommes le 14 mars 2077,  soixante ans après une attaque extraterrestre des "Chacals" qui ont tenté de s'emparer de la planète bleue. Les humains ont gagné la guerre, mais la Terre est dévastée et les survivants ont dû se réfugier sur un satellite artificiel. Depuis une base aérienne, Jack Harper (Tom Cruise) et sa collègue Vika (Andrea Riseborough) s'assurent que les stations flottantes restées sur Terre pour pomper l'eau fonctionnent correctement. Le quotidien du couple est bien réglé... jusqu'à ce qu'une capsule habitée tombe sur la Terre et ne fasse vaciller les croyances de Harper.  Annoncé comme un nouveau classique de la science-fiction, le long métrage réalisé par Joseph Kosinski, adapté de son propre roman graphique, tient-il toutes ses promesses ?

Pour : un film sidéral d'une beauté sidérante

Le film impressionne dès ses premières images par sa beauté formelle. Survolant la terre dévastée, Jack Harper passe au-dessus de cargos échoués dans le désert, s'arrête dans un stade en ruine, jette un regard au ciel, où la Lune, détruite, s'abîme en poussières étincelantes... Les peintres classiques, au XVIIIe siècle, trouvaient beaucoup de charmes aux ruines. Le film, pareillement, s'appuie sur une esthétique des débris et des cendres. Et joue du contraste entre ces vestiges et des vaisseaux, des armes, des uniformes high-tech sans âme, aux lignes épurées.

Certaines images ne vous quittent pas, comme celles de la demeure céleste de Jack et Vika, avec leur piscine suspendue au-dessus des nuages et des orages. Il faut d'ailleurs saluer le travail de Claudio Miranda, le directeur de la photographie, qui a utilisé la vieille technique de la rétroprojection (diffusant des vidéos de nuages sur un écran de 120 mètres de long sur 13 de haut) pour bluffer le public. Dans d'autres scènes, il utilise du matériel encore jamais employé dans un long métrage (la CineAlta F65 de Sony), qui donne aux images une définition, une luminosité, rarement vues au cinéma.

Le réalisateur Joseph Kosinski, qui avait déjà fait ses preuves dans Tron : l'héritage, ne déçoit pas en donnant à son public ce qu'il est en droit d'attendre d'un bon film de science-fiction. Robots surarmés (des sphères volantes tirant sur tout ce qui bouge), mystérieux ennemis vêtus de noir, écrans de contrôles tactiles, course-poursuites de vaisseaux spatiaux, explosions à gogo : tout y est. Et l'interprétation soignée des acteurs (surtout Tom Cruise et Andrea Riseborough) donnent à cette fable post-apocalyptique la finesse et la complexité... qui manquent un peu au scénario.

Contre : une histoire qui peine à tenir en haleine

Car malheureusement, une fois les premières grandes révélations arrivées, le déroulé du synopsis imaginé par le réalisateur n'étonne jamais vraiment. On ne s'étendra pas pour ne rien dévoiler d'essentiel, mais il s'agit là du plus gros défaut d'Oblivion.

Autre souci, les références à d'autres films, jeux vidéos ou ouvrages de science-fiction, si nombreuses qu'on finit par croire qu'il ne s'agit plus de clins d'œil mais d'un défaut d'imagination. On pense aux combinaisons et aux armes, qui semblent sorties du jeu Mass Effect, à la station en forme de tétraèdre, qui rappellera l'Incal aux amateurs de BD, ou aux méchants aux masques de Prédators évocant la série Alien.

On peut aussi regretter que le film ne soit pas plus immersif. Vu la qualité de l'image, on se prend à rêver d'une version 3D, qui n'a malheureusement pas été prévue. Et si les bruitages sont saisissants, une musique à la sauce Jean-Michel Jarre, multipliant les effets de synthés, vient constamment appuyer l'action. Ce qui devient lassant, puis rapidement irritant.

Faut-il y aller ?

Oui. Malgré son scénario très prévisible, Oblivion reste un bon film de SF et peut-être l'un des plus beaux à ce jour.

 

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