Mort de Danielle Darrieux : "Le glamour, c'était tout ce qui l'ennuyait"
Dernier à avoir mis en scène Danielle Darrieux avec la création d'Oscar et la dame rose d’Eric-Emmanuel Schmitt, le metteur en scène Christophe Lidon rend hommage à une femme franche et directe.
Christophe Lidon, metteur en scène de théâtre et directeur du Cado (Centre national de création d’Orléans), est le dernier à avoir mis en scène Danielle Darrieux, décédée le 19 octobre 2017, avec la création d'Oscar et la dame rose d’Eric-Emmanuel Schmitt à la Comédie des Champs-Élysées en 2003, un seul en scène qui a valu un Molière à l'actrice. Sur franceinfo, Christophe Lidon a rendu hommage à une femme franche et directe : "Elle avait un côté garçon manqué que j'adorais (...) Le glamour, c'était tout ce qui l'ennuyait."
Dure, professionnelle, mais charmante
"C'est une espèce de grand-mère de théâtre idéale, elle a accompagné le cinéma, tous nos souvenirs, des Demoiselles de Rochefort en passant par Madame de...", a-t-il commenté. "Et puis, quand on la rencontre la première fois, on rencontre une femme charmante. Un peu dure, un peu professionnelle, mais charmante dans la mesure où les rapports étaient vrais. Et puis d'un seul coup, on regarde son CV et là, on est jeune metteur en scène, et on se prend un trac fou."
"Elle avait beaucoup de critiques sur le milieu, elle était assez directe, elle n'aimait pas beaucoup les compliments, ni qu'on la brosse dans le sens du poil", a expliqué le metteur en scène. Ainsi la voit-on par exemple se cacher pendant la tournée d'Oscar et la dame rose, refusant de prendre les transports en commun, leur préférant une voiture avec chauffeur. "Je crois que c'était pour faire perdurer le fantasme de son image et ne pas croiser les gens avec sa valise à roulettes derrière elle. Elle refusait complètement de rentrer dans un monde classique et un monde normal de confrontations."
Katharine Hepburn pour référence
Elle avait une personnalité atypique qui cassait les codes, a reconnu Christophe Lidon : "Elle avait un côté garçon manqué que j'adorais et c'est pour ça qu'elle a joué Oscar aussi bien, parce qu'elle jouait un petit garçon de huit ans et elle le jouait comme un mec. (...) Sa grande référence, c'était Katharine Hepburn. (...) Le glamour, c'était tout ce qui l'ennuyait, c'est un filtre, c'est tout ce qui ne permet pas d'avoir un vrai rapport, c'est pour ça qu'elle aimait autant la chanson, parce dans la chanson elle était libre, elle disposait de sa voix et elle a accompagné toutes ses créations de chansons.
L'une des caractéristiques de Danielle Darrieux est qu'elle était "traqueuse" : Christophe Lidon raconte comment, lors de première expérience de théâtre à la Madeleine, Danielle Darrieux a un trou de mémoire et, tellement mal à l'aise d'être sur scène, sort, rattrapée aussitôt par ses partenaires et rapatriée illico par les cheveux au théâtre. "Je pense que ce jour-là, s'ils l'avaient laissée partir, elle ne serait jamais remontée sur scène", sourit Christophe Lidon.
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