Max von Sydow parle de "Dragons 3D" et de "L'Exorciste" : interview exclusive
D’origine suédoise, naturalisé français depuis 2002, Max von Sydow, 84 ans, partage aujourd’hui sa vie entre la France et les Etats-Unis. Immense acteur, tant par la taille que par le talent, il émane de ce comédien un charisme et une humanité rare, d’exception. Max von Sydow était également au festival Lumière de Lyon cette année pour évoquer sa riche collaboration avec Ingmar Bergman, auquel la manifestation rendait hommage.
Jacky Bornet : Qu’est-ce qui vous a motivé à jouer dans « Dragons 3D » ?
Max von Sydow : J’étais un peu curieux de connaître la technique d’un film tourné pour La Géode, un univers que je ne connaissais pas du tout. Le sujet des dragons m’intéressait également car je le trouve amusant. Mais aussi parce que les dragons ont été très réels pour des milliers de générations, ils étaient là et représentaient quelque chose d’important pour les pauvres gens qui les subissaient autrefois. D’autre part, mon père était ethnologue, professeur très versé dans le folklore scandinave. C’était un très bon conteur. Toute mon enfance, j’ai vécu avec des géants, des trolls, des sorcières, et des dragons. J’ai trouvé amusant et intéressant de participer à ce sujet. Les dragons sont très présents dans la mythologie scandinave et représentent des choses différentes en fonction des pays.
JB : Vous êtes donc intéressé par les nouvelles technologies du cinéma ?
MvS : Oui, même si cela n’est pas mon truc. Je suis avant tout un acteur de théâtre. Je trouve plus d’intérêt dans le travail au théâtre, même si je ne suis plus sur scène depuis dix ans, parce que je suis un peu paresseux. Malheureusement si l’on travaille pour le théâtre, cela prend toujours beaucoup de temps. Pour incarner un personnage dans un film, cela se réduit à un temps beaucoup plus limité, c’est plus confortable, pour un homme de mon âge.
JB : Ces nouvelles technologies sur le tournage, entrainaient-elles des contraintes ?
MvS : Oui, oui, oui, beaucoup de contraintes. Ce n’est pas mon truc, mais je suis curieux, je veux savoir comment tout ça fonctionne !
JB : Vous seriez disposé à renouveler l’expérience ?
MvS : Cela dépend du sujet.
MvS : Non pas particulièrement. Mais pourquoi pas, si c’est un scénario intéressant, si le personnage est intéressant, j’accepte de telles propositions.
JB : Vous semblez très ouvert sur les propositions que l’on vous offre ?
MvS : Avec l’âge, on a moins de choix. Parce que aujourd’hui qui a besoin d’un vieil homme ? C’est presque tout le temps un père, un grand-père qui est malade et qui meurt au milieu du film, c’est un peu ennuyeux. Mais de temps en temps il y a des choses intéressantes. Je suis optimiste. C’est également un risque de faire appel à de vieux acteurs. Ce n’est pas facile tout le temps.
JB : Je reviens sur « L’Exorciste » où je vous ai découvert, vu mon âge, j’avais 13 ans quand le film est sorti en France, et il était alors interdit aux moins de 18 ans, je l’ai vu donc plus tard, et puis j’ai lu à droite à gauche que c’était un tournage très éprouvant, quel souvenir en gardez-vous ? MvS : C’était dur, naturellement, car techniquement, c’était très compliqué. Parce que la chambre de la petite fille possédée devait avoir une température très basse. William Friendkin (le réalisateur, NDLR) voulait que l’on voit à l’image la buée sortir de la bouche des personnages. On ne pouvait pas tourner très longtemps en raison de la présence sur le plateau de nombreux projecteurs, très chauds, qui réchauffaient la pièce. Il y avait des jours, où on ne pouvait tourner que trois au quatre plans. C’était tellement lent que les producteurs s’énervaient, car quand un film prend du retard sur le plan de tournage, cela coûte cher à la production. Un autre élément s’ajoute à cela, William Friedkin était un peu drastique, de temps en temps, il aimait effrayer les acteurs pour qu’ils aient des réactions très fortes à l’image. JB : William Friedkin tirait des coups de feu sur le plateau, d’après ce que j’ai lu.
MvS : Je ne m’en souviens pas très bien. Mais sur ce genre de productions il y a des problèmes, c’est normal. Quand Friedkin donna des interviews lors de la sortie du film, il a réellement déclaré qu’il n’y avait pas besoin d’effets spéciaux car le diable était vraiment présent sur le plateau. Il y a eu des accidents, mais c’est normal, ce n’était pas particulièrement grave. Ce fut également pour moi un tournage éprouvant car je devais subir chaque matin un maquillage de quatre heures, pour me vieillir. J’étais un jeune homme à l’époque ! J’ai travaillé une autre fois avec Friedkin, mais au théâtre, à New York, pour une pièce dont il était metteur en scène. C’était très intéressant aussi, il était très bien comme metteur en scène.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.