"Man of Steel" : Snyder et Nolan reboostent Superman
De Zack Snyder (Etats-Unis), avec : Henry Cavill, Amy Adams, Russell Crowe, Kevin Costner, Diane Lane, Laurence Fishburne - 2h23 - Sortie : 19 juin 2013
Synopsis : Un petit garçon découvre qu'il possède des pouvoirs surnaturels et qu'il n'est pas né sur la Terre. Plus tard, il s'engage dans un périple afin de comprendre d'où il vient et pourquoi il a été envoyé sur notre planète. Mais il devra devenir un héros s'il veut sauver le monde de la destruction totale et incarner l'espoir pour toute l'humanité…
Vagabond céleste
Pas évident de donner un coup de jeune à un héros aussi éculé que Superman, né en 1938 en bande-dessinée, rapidement adapté au cinéma, à la radio, à la télévision, régénéré en 1978 sous les traits de Christopher Reeve, puis tombé en désuétude au terme d’une série qui s’auto-parodiait jusqu’au ridicule. Bryan Singer avait bien tenté de redonner du souffle à l’original en 2006 (« Superman Returns »), mais n’y réussit qu’à moitié, sans attirer le public escompté. Avec « Man of Steel » Zack Snyder relève de haute main le défi et renouvelle totalement le mythe en le rendant plus adulte. Ainsi, Clark Kent (le nom de Superman à la ville) colle tout à fait à l’Américain contemporain moyen touché par la crise, comme un « hobo », un vagabond, obligé de constamment changer de petits boulots, parcourant les routes en quête d’un nouvel emploi.
Ce Superman nouveau est très imprégné de la patte de Christopher Nolan qui avait déjà réussi à remettre sur les rails Batman. D’ailleurs, comme pour ce dernier, surnomé « The Dark Night », il le désigne par un de ses sobriquets, « The Man of Steel » (l’homme d’acier). Un excellent moyen pour signaler la distanciation par rapport au modèle, tout en le respectant. Nolan, également au scénario, avec son complice David S. Goyer, respectent les grandes lignes de l’histoire originelle. C’est le traitement qui change tout. Et comme à son habitude, il n’y a pas une once d’humour dans le scénario, aucun second degré, sans que pour autant le film en pâtisse. Le script se singularise également en se départageant d'une linéarité chronologique, faisant appel à plusieurs flash-back, ce qui lui donne plus de tenue et le rend plus mature.
L’ombre des Twin Towers
Comme « Star Trek into Darkness », « Man of Steel » peut être qualifié de film post-11 septembre. Ce rapport au plus grand attentat jamais commis se traduit par la puissance de destruction exponentielle mise à l’écran depuis plusieurs années à Hollywood (« Transformers », par exemple). L’affrontement final entre Superman et le général Zod au cœur de Metropolis (avatar de New York) voit des dizaines d’immeubles détruits et s’écrouler sur eux-mêmes, à l’image des Twin Towers du World Trade Center en septembre 2001. Mais spectacle familiale oblige, si l’on imagine les milliers de victimes en résultant, pas un cadavre à l’horizon, et si les ruines sont bien montrées pendant l’affrontement, il n’y en a aucune trace, celui-ci terminé.
Ceci mis à part, la mise en image, de ce qui relève d’une « fantasy », est d’un réalisme époustouflant. Ce qui participe d’un autre point commun avec le cinéma de Christopher Nolan. La direction artistique est des plus originales et magnifiques, dans la partie se déroulant sur Krypton - la planète originelle de Superman -, les vaisseaux spatiaux, les costumes… Excellente idée d’avoir confié le rôle de Jor-El, père de Superman, à Russell Crowe qui y apporte tout son charisme et sa puissance physique. Tout comme celle d’avoir choisi Henry Cavill pour endosser le costume du super-héros, à la fois surpuissant et introverti, porteur des valeurs de justice, intégrité, fidélité, familiale… Zack Snyder et Christopher Nolan réussissent leur pari, en redynamisant une des franchises les plus anciennes et des plus conservatrices, poursuivant ainsi, ensemble ou séparément, la construction d’une œuvre visionnaire. Un "Man of Steel 2" est d’ailleurs d'ores et déjà dans les tuyaux, mais peut-être sans Nolan.
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