Lumière : "Gun Crazy" de 1950 le premier polar moderne projeté à Lyon
Connu également sous le titre « Deadly is the female », le film de Joseph H Lewis « Gun Crazy » (en français « Le démon des armes ») est l'une de ces perles que le festival Lumière permet de revoir sur grand écran. Et c'est bien là, en public qu'un film prend toute sa force. « Gun Crazy », tourné en 1949 et sorti en 1950 est l'histoire de Bart (John Dall) un homme passionné par les armes depuis l'enfance. Sorti de maison de correction, il rencontre la sulfureuse Laurie (Peggy Cummins), tireuse émérite. Les deux protagonistes deviennent rapidement amants. Eperdu de désir pour sa compagne mais refusant de tuer, Bart accepte de la suivre dans une randonnée mortelle faite de braquages et de meurtres commis par la jeune femme.
Modernité
Le rythme, le montage et l'image donnent à ce film, tourné avec un budget dérisoire, une étonnante modernité. Il suffit de voir la plus célèbre photo tirée de « Gun Crazy » pour s'en convaincre, la silhouette de Peggy Cummins anticipe sur toute une série d'héroïnes désespérées du cinéma notamment américain, à commencer par Faye Dunaway dans « Bonnie and Clyde » de Arthur Penn en 1967, soit dix-sept ans et la nouvelle vague plus tard.
Nouvelle édition
« Gun Crazy » ressort dans quelques jours dans une version remasterisée. Il accompagnera un livre écrit par Eddie Muller et traduit par Philippe Garnier intitulé "Gun Crazy, un film de Joseph H Lewis?" et entièrement consacré à l'histoire de ce film depuis la rédaction du premier script et jusqu'à son montage. Des légendes entourent ce film hors du commun et l'auteur ayant eu accès aux archives et aux documents d'époques a tenté de démêler le vrai du faux. Il a pu aussi confronter le tout aux souvenirs de Peggy Cummins qu'il accompagnait au festival Lumière 2013 et aux côtés de qui il a regardé le film avec le public.
Les spécialistes du film noir en sont persuadés, "Gun Crazy" marque un nouveau départ dans le genre. Le film a sans conteste influencé les cinéastes de la Nouvelle Vague et la similitude de silhouette et, d'habillement entre Peggy Cummins dans ce film et Faye Dunaway dans "Bonnie and Clyde" douze ans plus tard avec Arthur Penn est frappant. Pourtant comme l'explique Eddie Muller, Peggy Cummins portait ses propres vêtements.
Blonde mortelle
Contrairement à ce qu'on pourrait croire Peggy Cummins n'est pas américaine. Irlandaise née au Pays de Galles en 1925, elle a pourtant fait toute sa carrière, entre 1940 et 1961, aux Etats-Unis. "Gun Crazy" reste son film le plus important. Sa blondeur aurait pu faire d'elle une héroïne hitchcockienne si la violence qu'elle inspire n'avait pas été en contradiction avec son air juvénile. Elle était donc parfaite pour le rôle de Peggie, conjuguant à merveille Eros et Thanatos, aussi désirable que redoutable.
Peggy Cummins à Lyon
Peggy Cummins était à Lyon au festival Lumière 2013 pour la projection de son film sur grand écran. Elle avait déjà eu l'occasion de revoir "Gun Crazy" pour la première fois en soixante ans à Londres en 2009. L'émotion de cette vieille dame de 87 ans lors de la projection lyonnaise était beaucoup plus personnelle.
Le coffret contenant le film "Gun Crazy" de Joseph H Lewis et le livre d'Eddie Muller sortira le 1er décembre 2013 aux éditions "Wild Side".
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