Les scénaristes de "Hollywoo" assignés en justice pour contrefaçon
La scénariste Dodine Herry-Grimaldi ("Les Randonneurs", "Love, etc...") a déposé plainte auprès du Tribunal de Grande instance de Paris le 18 janvier 2011, il y a un an, a confirmé à l'AFP le cabinet d'avocats Cornillier.
Pour Mme Herry-Grimaldi, l'histoire racontée dans le film est clairement de son invention: un acteur français qui double la vedette d'une série américaine apprend que cette dernière veut tout arrêter. Par crainte de perdre son emploi, il est prêt à tout pour le faire changer d'avis.
"Cette histoire a été reprise par les scénaristes Xavier Maingon, Pascal Series et Florence Foresti", affirme-t-elle, en y apportant quelques nuances.
Contacté par l'AFP, Romain Rousseau, directeur-général de LGM, producteur du film, répond que la plaignante "avait un projet de film à peu près concommittent au nôtre, mais en fait les deux scénarios ont été développés en même temps". Cela a le même point de départ mais il n'y a aucune relation entre les deux projets", a-t-il assuré.
Dodine Herry-Grimaldi souligne qu'après avoir travaillé deux ans sur ce projet, elle a déposé son synopsis en 2005 et de nouveau en 2007 auprès de la Société des Auteurs, Compositeurs dramatiques (SACD).
Elle ajoute avoir travaillé dès 2003 avec son agent, Dominique Besnehard chez Artmedia pour développer un synopsis d'une trentaine de pages.
"Le titre a changé au fil des années et le texte déposé deux fois sous des versions différentes", précise-t-elle.
Dès lors, il a été "envoyé à plusieurs maisons de production", poursuit-elle. Romain Rousseau souligne de son côté que sa maison n'a pas reçu ce scénario.
A la demande de Mme Herry-Grimaldi, Dominique Besnehard a rédigé une lettre attestant du travail conduit depuis 2003, ainsi qu'il l'a confirmé à l'AFP.
Après avoir vainement cherché une conciliation avec la production de "Hollywoo"(la société LGM), la scénariste a entamé une procédure en justice.
Ce genre de conflit, qui survient fréquemment à la faveur d'un grand succès populaire, s'apparente néanmoins souvent au combat du pot de terre contre le pot de fer, avec de réelles difficultés à se faire entendre pour le plaignant, souvent isolé, remarquent les initiés.
Sans se prononcer sur cette affaire, la Guilde des scénaristes, qui représente la moitié des 500 auteurs professionnels, regrette en de tels cas "des procédures compliquées qui peuvent durer longtemps".
"Or le scénariste est généralement fragile", déplore Guilhem Cottet, directeur-général de la Guilde. "Il est isolé, c'est lui aussi qui assume les risques financiers car il n'y a pas de statut d'intermittent du spectacle pour lui. Mais 80% des projets qu'il développe ne voient pas le jour".
Et quand ils le sont, il n'est pas toujours rémunéré à hauteur de son travail: "aux Etats-Unis, l'enveloppe dévolue à l'écriture représente 6 à 10% du budget. En France, on est plutôt proche des 2%", ajoute-t-il, en déplorant "un problème fréquent de transparence des producteurs".
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