Leïla Kilani dresse un portrait sans fard des jeunes Marocaines d'aujourd'hui
C'est un fait divers qui a déclenché l'écriture de ce film, une histoire dont Leïla Kilani a eu connaissance en 2005, en lisant la presse à scandale marocaine. Un article parlait de la féminisation de la criminalité en évoquant une bande de quatre jeunes ouvrières qui abordaient les hommes dans les cafés avant de les détrousser. Habituée aux documentaires, Leïla Kilani s'est dit qu'elle tenait un début d'histoire capable de raconter à la fois des itinéraires de jeunes femmes, mais aussi une ville, Tanger, loin des clichés exotiques. La famille de cette réalisatrice de 40 ans, née à Casablanca, est originaire de Tanger, une ville qui a connu le déclin avant d'être "sauvée" en 1999 par la création d'un nouveau port et d'une zone franche qui a attiré les capitaux étrangers.
Une fois son scénario écrit, Leïla Kilani est partie à la recherche de ces 4 jeunes ouvrières. Pour cela, elle a distribué des tracts sur les plages, cafés et stands commerciaux. Trois-cent vingt jeunes filles vont postuler. La réalisatrice en retiendra quatre : Soufia Issami, Mouna Bahmad, Nouzha Akel et Sara Betioui. Toutes avaient pris des cours de théâtre mais sans plus et toutes avaient un petit boulot. Le tournage a commencé fin décembre 2010 avec une équipe hyper-réduite : la réalisatrice, les comédiennes, et un chef opérateur. Mais très vite, les finances s'épuisent et le tournage doit s'arrêter pour reprendre un peu plus tard.
Interview de Leïla Kilani au festival de Cannes 2011
Mais ces difficultés ne découragent en rien Leïla Kilani qui, avant "Sur la planche", a signé trois documentaires. Etudiante en économie et en histoire, elle était en pleine rédaction de sa thèse quand elle a commencé à écrire un scénario sur des jeunes qui veulent à tout prix rejoindre l'Europe. La thèse sur "l'avènement de la figure de l'intellectuel dans le monde arabe" est passée à la trappe et "Tanger, le rêve des brûleurs" a vu le jour en 2002. Ce documentaire de 52 minutes qui raconte la vie de jeunes hommes qui tentent par tous les moyens de rejoindre l'Europe a été plusieurs fois primé. Aujourd'hui, Leïla Kilani utilise la fiction pour dresser un portrait sans fard de femmes marocaines. Une chose est sûre : elles ont des choses à dire et il va falloir compter sur elles.
"Sur la planche", film franco-marocain de Leïla Kilani avec Soufia Issami, Mouna Bahmad, Nouzha Akel, Sara Betioui (1h46).
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