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Le réalisme troublant des campagnes électorales au cinéma
L’élection américaine doit livrer son verdict ce mardi. À cette occasion, nous vous proposons de redécouvrir cinq films marquants sur les dessous des campagnes politique, "Des Hommes d’influence" à "Voter McKay", en passant par "La Conquête". Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existés ne serait que pure coïncidence.
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"Votez McKay" (1971), la politique ou la perte de l’innocence
Peut-on rester honnête, droit et impartial quand on entre en politique ? La réponse, claire et sans issue livrée par le réalisateur Michael Ritchie, est non.
Nous suivons un jeune avocat écologiste, Bill McKay, incarné par un Robert Redford aux faux airs de Kennedy, qui présente sa candidature aux élections sénatoriales en Californie. L’homme a des convictions, chevillées au corps. Ce démocrate plaît à ses électeurs par sa franchise, sa simplicité, son idéalisme. Mais son adversaire, un républicain cynique de la vieille école, connaissant les arcanes de la politique lui donne du fil à retordre. Et McKay de laisser à son père John, par ailleurs gouverneur de l’État, le soin d’organiser sa campagne électorale. Un père lui aussi rompu à toutes les combines, surtout les pires.
Ritchie était alors l’un des premiers à révéler les coulisses d’une élection. Une critique qui peut paraître sibylline aujourd’hui mais qui vaut surtout pour son message, infiniment fataliste : on ne peut percer en politique que si on y laisse son âme.
"Des hommes d’influence" (1998), pouvoir aux spin doctor !
Un président sortant pourtant éclaboussé par le pire des scandales a-t-il encore une chance d’être réélu ? Assurément oui, semble nous dire le cinéaste Barry Levinson.
Surtout quand ses "hommes d’influence" sont prêts à tout. Comme l’un de ses conseillers sans vergogne, Conrad Brean, incarné par un Robert De Niro barbu, à l’œil rieur et infiniment malicieux.
Car à quelques semaines des élections, voilà le président des États-Unis accusé d’avoir violé une jeune femme à la Maison Blanche. Et les médias et le grand public de s’emparer avec le plus vif appétit de cette histoire. Jusqu’à ce qu’un homme de l’ombre ne détourne l’attention de tout ce petit monde en imaginant une guerre factice dans un coin perdu d’Europe. Avec pour soutien, le talent d’un cinéaste hollywoodien vénal joué par un Dustin Hoffman haut en couleurs, qui créera sur fond vert, ce conflit de toute pièce.
Si ce film ne brillait pas par sa mise en scène, on retient le message : pour triompher, détourner l'attention.
"La Gueule de l’autre" (1979), la famille à la rescousse
Qui a dit que la politique n’était pas drôle ? Certainement pas Pierre Tchernia qui nous livre en 1979 un petit bijou de dérision, avec en prime deux Serrault.
Imaginez, un homme politique en pleine campagne électorale nommé Michel Perrin (Michel Serrault) prenant peur quand il apprend qu’un tueur qui en veut à sa personne vient de s’évader. Son fidèle conseiller incarné par Jean Poiret a une brillante idée : le remplacer secrètement. Et c’est Gilbert Brossart (Michel Serrault encore) cousin, parfait sosie de Perrin et comédien raté qui sera choisi.
Une farce en apparence uniquement satirique mais qui cache en réalité une critique habile et moqueuse de la sphère politique de l’époque… et d’aujourd’hui.
"Swing vote, la voie du cœur" (2008). En politique, tout n’est pas à jeter … encore que
Peut-on être un citoyen lambda, complétement déconnecté de la vie politique et avoir une importance considérable dans l’élection du prochain président des Etats-Unis ? Au cinéma et pour Joshua Michal Stern, oui.
Prenez un père célibataire, chômeur et alcoolique sur les bords, qui se moque comme l’an 40 des élections présidentielles à venir. Rajoutez-y un invraisemblable concours de circonstance où cet homme interprété par Kevin Costner se retrouve propulsé sur le devant de la scène médiatique et dont la voix peut faire basculer la prochaine campagne présidentielle.
Si Joshua Michal Stern nous montrait déjà, avant son "Jobs" de 2013, qu’il n’était pas forcément un grand metteur en scène, ce film vaut surtout pour le message citoyen et l’importance de l’engagement qu’il tente de distiller, malheureusement sans y parvenir totalement.
"La conquête" (2011), retour en 2007
Peut-on faire de l’un des plus grands acteurs français un Sarkozy convaincant ? Grâce à Denis Podalydès, la réponse est assurément oui.
Nous sommes le 6 mai 2007. C’est le jour du second tour de l’élection présidentielle. Nicolas Sarkozy (Denis Podalydès donc), assuré de sa victoire, décide de rester cloîtré chez lui et tente de joindre une Cécilia Sarkozy interprétée par Florence Pernet faisant tout pour le fuir. Et de défiler les cinq années qui viennent de s’écouler et qui ont contribué à le mener au pouvoir. Cinq années faites d’affrontements en coulisses, de coups de gueule, de coups tordus et d’attaques mesquines. "Sarkozy, il faut lui marcher dessus et du pied gauche" dira un certain Chirac, joliment incarné par Bernard Le Coq.
Le résultat, non pas un récit drolatique d’un homme infiniment seul à l’instant le plus important de sa vie mais la radiographie d’un homme et de ce qu’il est capable de faire pour accéder au pouvoir. Un monstre politique peut aussi être un beau personnage de cinéma.
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