"Le Garçon et le Héron" : Hayao Miyazaki, vertigineux
Le Garçon et le Héron est le douzième long-métrage d'Hayao Miyazaki, à la fois le plus autobiographique, et une sorte de best of de son œuvre et de ses thèmes de prédilection.
Mahito est un jeune garçon de 11 ans qui vit à Tokyo, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et qui doit quitter la capitale pour la campagne japonaise, après la mort accidentelle de sa mère dans un incendie. Son nouveau terrain de jeu : un immense manoir un peu triste, un immense terrain près d'une rivière, et pas mal de solitude, son père décidant par ailleurs de se remarier, et d'attendre un bébé avec la sœur cadette de sa défunte femme.
Mahito va rencontrer un héron gris qui parle, avec un visage humain ingrat caché dans son bec, et découvrir beaucoup de choses. Le Garçon et le Héron est un chef-d'œuvre, et le plus 'Lewiscarollien' de son auteur.
Il y convoque donc l'enfance, le deuil, le merveilleux, l'avenir de la planète, les références historiques, la guerre, créant une sorte de multiverse à l'ancienne, et très personnel, souvent flamboyant, – avec des animaux aussi splendides que menaçants – parfois complexe, légèrement ironique, et tout le temps magnifique.
L'Enlèvement de Marco Bellocchio
Depuis 1965, Marco Bellocchio raconte dans ses films l'histoire mouvementée de son pays, et ne rate pas une occasion de dénoncer le poids de l'Église catholique en Italie.
Dans L'Enlèvement, il relate un fait historique aussi méconnu que sidérant. En 1853, le pape Pie IX fait enlever à Bologne, un enfant de 7 ans, dans une famille juive, car il aurait été baptisé, à l'insu de ses parents, par une ancienne domestique. Le jeune Edgardo Mortara est envoyé à Rome, où il reçoit une éducation catholique stricte, qu'il fera sienne, oubliant ses racines juives, au grand désespoir de sa famille, qui ne cessera d'essayer de le libérer des griffes du Vatican.
Durant deux heures, on suit ce drame comme un thriller religieux aux enjeux multiples. C'est remarquablement filmé, comme toujours avec Bellocchio, maître d'un classicisme jamais poussiéreux, qui sait encore innover, notamment dans les dernières scènes, quand la révolution garibaldienne réduit l'emprise du Vatican à son seul territoire romain.
Vu à Cannes, où Marco Bellocchio a été une fois de plus ignoré du jury, L'Enlèvement rappelle l'antisémitisme récurrent de l'Église catholique, et sort dans les salles, dans une période où les fanatismes religieux font tristement la une.
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