Le festival du film grolandais à Toulouse, ou le cinéma décalé
Pour le folklore, le "président" des Grolandais, Christophe Salengro, qui se reconnaît lui-même un air de ressemblance à la fois avec "de Gaulle et le prince Charles" - devait s'offrir un bain de foule burlesque, samedi, sur la place du Capitole, avant un concert gratuit de groupes élégamment baptisés "Les touffes krétiennes" et "Les Ramoneurs de menhirs".
Mais, surtout, la bande de Groland promeut "un cinéma contestataire", en présentant cette année plus de 50 oeuvres au public dans les structures de cinéma d’art et d’essai toulousaines.
De l’énorme à l’anormal
"Un film grolandais, ça va de l'énorme à l'anormal, au ‘hors normal’... C'est drôle, bizarre, engagé, en tout cas pas dans les clous du cinéma actuel et fait en toute indépendance", a résumé vendredi devant la presse l'humoriste Benoît Delépine, lui-même réalisateur ("Louise-Michel", "Mammuth"). Connu à la télévision sous le nom de son personnage de reporter cynique, Michael Kael, il est un des fondateurs du festival.
Parmi la dizaine de longs-métrages en "compétition officielle", le film finlandais "Punk syndrome" de Jani-Petteri Pass et Jukka Kärkkäinen est "un petit bijou", assure Delépine. Un film "pas du tout voyeuriste" sur les tribulations d'un groupe punk d'handicapés mentaux.
Un curé amoureux d’une actrice névrosée, ou les Pussy Riot
Delépine vante aussi "Ceci est mon corps" de Jérôme Soubeyrand, dont l'histoire est ainsi résumée par le festival : "Un curé tombe amoureux d'une actrice névrosée dans un stage de thérapie, monte à Paris pour la retrouver et découvre l'auberge espagnole de l'amour et de la sexualité"... C'est l'oeuvre d'"un scénariste (Soubeyrand) qui avait des difficultés à monter son projet. Il en a eu marre, a appelé ses copains, et il a fait son film. Tout simplement, il fallait qu'il le tourne", dit Delépine.
Au rayon des films très politiques, le festival aura projeté "Ne vivons plus comme des esclaves" de Yanis Youlountas, tourné "avec le peuple grec". Mais aussi l'oeuvre russe "Pussy Riot, a punk prayer" de Maxim Pozdorovkin et Mike Lerner, en "hommage au terrorisme féminin burlesque", ainsi qu'un documentaire de Nicolas Réglat donnant la parole aux anciens du GARI (Groupe d'Action révolutionnaire internationalistes) ayant mené des actions clandestines dans les années 1970 contre le régime franquiste en Espagne.
Un docu sur un ouvrier passionné de cinéma et devenu artiste
Et puis le festival a reçu "en candidature libre" un documentaire inédit : "La fabuleuse histoire de la Paravision" de Renaud Garaud et Lilian Bathelot, "un moment de magie pure", si l'on en croit le dessinateur de presse Jiho. "Même s'il n'y avait que de rares spectateurs à la projection toulousaine, le festival a sans doute permis au film de trouver un distributeur", relève-t-il.
Cette "fabuleuse histoire" plonge dans l'univers de l'Aveyronnais Guy Brunet, ancien ouvrrier sidérurgiste et "artiste d'art brut passionné par le cinéma, qui a peint toute sa vie des sortes de grandes figurines représentant des acteurs français et américains des années 1950 et 1960". Brunet, dont le "père était projectionniste de village en village" et "qui est d'ailleurs né dans un cinéma de quartier", aura "vécu toute sa vie dans son décor hollywoodien, en y rejouant des scènes de film", s'enthousiasme Jiho.
Dimanche, le Grojury annoncera les prix
Le "Fifigrot" sera clos dimanche par l'annonce des prix du "Grojury", auquel participent notamment l'animateur, dialoguiste et acteur Jackie Berroyer, l'écrivain Patrick Raynal ou encore la réalisatrice Ovidie, ex-vedette du porno.
A la tête du jury, l'acteur et réalisateur Albert Dupontel, venu présenter à Toulouse son dernier long-métrage, "Neuf mois ferme". Jamais vraiment hors "déconnade", Delépine et ses collègues assurent que Dupontel aura bien vu "tous les films en compétition, mais d'un seul coup, en une seule nuit. Et en lecture rapide".
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