L'annulation du festival de cinéma de Carthage en solidarité avec les Palestiniens, fait polémique en Tunisie
Le festival de cinéma de Carthage (JCC), réservé aux réalisateurs arabes et africains, est un rendez-vous culturel annuel majeur en Tunisie. Le ministère tunisien des Affaires tunisiennes a annoncé son annulation. Il devait avoir lieu du 28 octobre au 4 novembre. Une décision qui fait polémique.
"Silence international"
" En solidarité avec notre peuple palestinien frère et compte tenu de la situation humanitaire critique dans la bande de Gaza (...) à la suite de la brutale agression sioniste, le ministère des Affaires culturelles a décidé d'annuler l'organisation de la 34e édition des JCC", précise le communiqué du ministère. La Tunisie, qui a abrité de 1982 à 1994 l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat après son départ du Liban, a depuis toujours adopté une position de ferme soutien à la cause palestinienne.
Le président Kais Saied a dénoncé mercredi 18 octobre " un silence international" sur les " génocides" perpétrés, selon lui, par l'armée israélienne contre les Palestiniens. Plusieurs manifestations ont été organisées à travers le pays pour dénoncer une frappe meurtrière mardi 17 octobre sur un hôpital à Gaza.
Décision controversée
Dans le pays, certaines voix s’élèvent pour questionner l'opportunité de cette annulation comme le rapporte Jeune Afrique. Les médias tunisiens soulignent que plusieurs films palestiniens étaient programmés par le festival et que leur projection aurait pu être l’occasion d’évoquer le conflit en cours entre le Hamas et Israël.
Le journaliste et critique de cinéma Chiraz Ben Mrad a fait part de sa déception face à la décision d’annulation de l’événement phare sur la scène culturelle en Tunisie. " Nous avons [...] prévu un film palestinien exceptionnel de Mohamed Bakri en ouverture des JCC, un hommage au réalisateur palestinien Hany Abu Assaad, une rétrospective dédiée au réalisateur tunisien Jilani Saadi, deux hommages à deux pionniers du cinéma africain Sembene Ousmane et Ababacar Samb Makharam ainsi qu'une exceptionnelle rencontre avec le réalisateur iranien Mohsen Makhmalbaf et bien d'autres rencontres et films qui auraient pu créer des occasions uniques d'expression de la solidarité envers le peuple palestinien", peut-on lire dans son post Facebook.
La décision du ministère a aussi beaucoup fait réagir sur la toile comme le rapporte le média tunisien Business News. Les internautes, anonymes et personnalités publiques estiment qu’il est important et salutaire de se tourner vers la culture dans un contexte de conflit, en faisant connaître aux plus jeunes, la Palestine, son histoire, sa culture et ses artistes.
Le fondateur et directeur du journal électronique Business News, Nizar Bahloul a rappelé que les médias occidentaux essayaient de sensibiliser les jeunes à travers des documentaires diffusés, comme celui de la chaîne franco-allemande Arte ayant diffusé un film sur la Shoah. Le festival de cinéma de Carthage avait déjà annoncé, lundi 16 octobre 2023, l’annulation du côté festif de sa 34ème édition.
Israël pilonne la bande de Gaza depuis le 7 octobre en riposte à une attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël. La guerre déclenchée par cette attaque a déjà fait des milliers de morts.
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