Le cinéaste Claude Chabrol est mort
Fils de pharmacien, né le 24 juin 1930 à Paris, Claude Chabrol tient un ciné-club dans la Creuse pendant la guerre. De retour à Paris, il suit des études de droit et de lettres, mais fréquente surtout assidument les cinémas de la ville. Il y côtoie de jeunes passionnés, François Truffaut et Jacques Rivette avec qui il participe à l'aventure des Cahiers du cinéma de 1952 à 1957. Dans la revue à couverture jaune, fondée par André Bazin et Jacques Doniol-Valcroze, il participe à la défense de la politique des auteurs et publie, en 1957 avec Éric Rohmer, un livre sur Alfred Hitchcock, celui qui a su imposer son style au système hollywoodien.
Il rencontre le romancier Paul Gégauff, dont l'influence le détourne de son éducation bourgeoise. Attaché de presse à la Fox, il profite d'un héritage de son épouse pour produire Le Coup du berger (1957) de Rivette et réaliser Le Beau Serge (1959), son premier long métrage. En grande partie autobiographique, ce film devient le manifeste inaugural de la Nouvelle Vague et rencontre un beau succès public et critique.
Le Beau Serge (prix Jean-Vigo), premier film de Claude Chabrol, 1958.
Le destin du cinéaste est alors lié à ceux de Gégauff, fidèle coscénariste, et de Stéphane Audran qu'il épouse en secondes noces et dirigera à 23 reprises, jusqu'à leur séparation, en 1980. Durant cette période, il se fait un spécialiste de l'analyse féroce de la bourgeoisie française, dont l'apparent conformisme sert de couvercle à un bouillonnement de vices et de haines. Que ce soit sur le registre de la comédie grinçante ou du polar, il ne cesse d'en traquer l'hypocrisie, les coups bas et la bêtise, avec une délectation rare et jubilatoire à laquelle participent activement ses acteurs fétiches : Stéphane Audran donc mais aussi Michel Bouquet et Jean Yanne. Il dresse ainsi un portrait sans concession de la France des années 1970, âpre et corrosif, où dominent La Femme infidèle, Juste avant la nuit ou Les Biches.
Plus à son affaire lorsqu'il adapte des romans policiers ou s'inspire de faits divers, le réalisateur tourne une série de polars aux allures de jeux de massacre, et signe ainsi, avec le concours de grands comédiens, une savoureuse galerie de portraits : Serrault en assassin méthodique dans Les Fantômes du chapelier, Poiret en inspecteur gourmet dans Poulet au vinaigre, ou encore Noiret en vedette de télé cynique dans Masques.
Mais sa rencontre en 1978 avec la jeune Isabelle Huppert, qu'il contribue à révéler, est décisive. Elle incarne plusieurs de ses héroïnes, tantôt victimes d'une société oppressante (Une affaire de femmes en 1988, Madame Bovary en 1991) tantôt criminelles perverses (Merci pour le chocolat) ou femme à la fois manipulatrice et manipulée (L'Ivresse du pouvoir). En 1995, La Cérémonie, adaptation d'un polar de Ruth Rendell, constitue un sommet de l'art chabrolien, entre peinture sociale et étude de cas clinique.
Le maître s'intéresse ensuite à la jeunesse, faisant appel à Benoît Magimel pour La Fleur du mal (2003), La Demoiselle d'honneur et La Fille coupée en deux, dans lequel figure aussi Ludivine Sagnier.
La demoiselle d'honneur , 2004.
La fille coupée en deux , 2007
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En 2005, l'ensemble de son œuvre cinématographique a été distingué par le Prix René Clair de l'Académie française. Ignoré par les Césars en revanche, mais chéri par la critique, le malicieux Chabrol est devenu au fil des ans un personnage médiatique paradoxal, affichant sur les plateaux de télévision une bonhomie qui n'a d'égale que la noirceur de ses films.
En 2008, alors qu'il fête ses 50 ans de carrière, il tourne pour la première fois avec un autre monument du cinéma français, Gérard Depardieu (Bellamy).
Il avait aussi tourné une vingtaine de films pour la télévision, dont des Nouvelles de Maupassant pour France 2.
Liens internet:
Interview de Claude Chabrol à l'occasion de la sortie du film "La fille coupée en deux". Source :DVDRAMA.
Sur le site du cinéclub de Caen, portrait du réalisateur et fiches critiques de films.
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