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Le Carlton, palace des stars à Cannes, fête ses 100 ans et leurs caprices

Le Carlton, mythique palace de Cannes fête cette année son centenaire et l'histoire de la Croisette en accueillant stars fantasques et tournages d'anthologie.
Article rédigé par franceinfo - Jacky Bornet avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Janine Chavence, vedette de "Cherie Noire", partique sa gymnastique sur la plage du Carlton, 14 mai 1963, au Festival de Cannes.
 (STAFF / AFP)
George Clooney m’a servi un café au Carlton
Pour une fois, je parlerai à la première personne pour raconter cette toute petite histoire qui m’a marqué, alors que George Clooney n’était pas encore l’ambassadeur d’une célèbre marque de café en capsule.
Au premier plan, George Clooney dans "O'Brother who Art You" (2000) de Joel Coen et, Ethan Coen
 (Bac Films)
Pour la première fois à Cannes en 2000, je suivais l’équipe de France 2 pour filmer un petit « making off » du tournage de l’interview de l’équipe de « O’ Brother » des frères Coen, sous la gouverne de Pascale Deschamps. Impressionné par les dorures de la suite dans laquelle nous sommes accueillis, je vois débarquer Clooney, qui, à l’époque était connu pour « Urgence » et avoir joué Batman dans un des moins bons films de la série. D’emblée, Clooney change l’ambiance : il entre en instaurant naturellement une ambiance « décontract », cool, avec un charisme incroyable. Moi, qui n’avait aucune sensibilité à l’acteur à l’époque, est sous le charme

La star se dirige vers une désserte où se trouvent café, thé et viennoiseries. Je suis tout à côté de lui. Il se tourne vers moi et me demande si je veux un café, en s’en servant un lui-même. Troublé, je lui réponds : « oui ». Voilà comment je me suis fait servir un café par une star du cinéma devenu une star du café. Je n’en suis pas peu fier.

Il n’empêche que lors de ce tournage, toute l’équipe était formidable, John et Ethan Coen, George Cloonney, John Torturro, disponibles et enjoués : que du bonheur… et un café !  

Les belles histoires du Carlton
D'innombrables clichés montrent Robert Mitchum jouant aux boules sur la plage du Carlton, Brigitte Bardot ou Sean Connery fendant la foule pour marcher vers l'ancien palais des Festivals aujourd'hui détruit.
Robert Mitchum pelotant la starlette Simone Silva sur la plage du Carlton à cannes en 1954
 (© HUFFSCHMITT / SIPA)
Sophia Loren, cliente fidèle, y a séjourné sous sept identités. Sylvester Stallone, arrivé juché sur le toit d'une limousine pour boire un verre, suivi de milliers de fans, faillit provoquer la destruction de la terrasse...

Les cinéphiles s'arrêteront devant la suite 623 baptisée "Alfred Hitchcock", où Grace Kelly enlaça en 1954 Cary Grant dans une mémorable scène de "La main au collet". Avant ce tournage, "Hitchcock avait perdu huit kilos" pour profiter des bonnes tables françaises, page d'histoire racontée par l'actuel directeur de l'établissement François Chopinet.

Lors du premier Festival international du film en 1946, le Carlton hébergea gratuitement les six journalistes qui couvraient l'événement, ponctué de bobines emmêlées ou projetées à l'envers. On y servit un hachis Parmentier au premier souper de clôture, précurseur des dîners d'après projection du président du festival Gilles Jacob. Aujourd’hui les journalistes sont plus de 4000… aucun au Carlton.

Pour Gilles Jacob, qui séjourne depuis 1979 dans le palace à chaque festival, "Cannes est une ville érotique" et le Carlton "apporte un courant d'air à effet matrimonial". "Dans l'histoire du Carlton le nombre de couples qui sont nés là est particulièrement éloquent", révèle-t-il, en mentionnant Gregory et Véronique Peck, ou encore Kirk et Anne Douglas, dans la préface d'une bande dessinée éditée pour le centenaire.
La Belle Otero
 ( ABECASIS/SIPA)
Les seins de la Belle Otero, belle augure
Il est vrai que les deux coupoles en pointe du palace ont été inspirés des seins légendaires de la Belle Otero, danseuse et courtisane qui fit tourner la tête de rois et d'aristocrates.

L'hôtel est né aussi d'une histoire d'amour: il fut en partie financé par le Grand Duc Michel, membre de la famille impériale russe, qui avait choisi l'exil à la fin du XIXème siècle pour épouser la petite fille de l'écrivain Alexandre Pouchkine. Aucun hôtel du village de pêcheurs ne disposait de salles de bains privatives et le couple avait besoin d'un lieu adéquat pour accueillir le gotha russe.

L'hôtel chargé d'histoire accueillit notamment la première réunion de la Société des nations (ancêtre de l'Onu) en 1922.
Le palace a satisfait bien-sûr à d'innombrables caprices de stars, de chefs d'État ou de millionnaires anonymes, mais la discrétion reste de mise pour fidéliser cette clientèle richissime.

Caprices
Dans les années 90, Faye Dunaway demanda qu'on lui apporte des litres de lait de chèvre pour prendre des bains, rapporte un ancien employé.
Faye Dunaway dans "Portrait d'une enfant déchue" de Jerry Schatzberg
 (Carlotta Films)
Lors du dernier festival de Cannes, un célèbre acteur américain était accompagné de son majordome que l'hôtel équipa d'appareils de cuisson vapeur. Face à son insistance à boire l'introuvable eau minérale "Fiji", un dirigeant de la Paramount achemina lui-même à Cannes le breuvage dans son jet privé, au grand soulagement du concierge.

Une actrice française demanda un jour l'installation d'un gazon sur sa terrasse pour son chien, un comédien gallois exigea que sa suite soit repeinte en bleu, et une star américaine obtint que ses fenêtres soient occultées par du feutre noir pour prendre son repas végétalien à la lueur des bougies...

Le palace dispose de 343 chambres dont 39 suites. Mais pour vous prélasser comme Brad Pitt et Angelina Jolie dans la suite "Sean Connery" de 380 m2 avec ascenseur privé, il vous en coûtera 20.000 euros la nuit durant le festival et en haute saison.
Brad Pitt et Angelina Jolie
 (SYDNEY TOWER EYE / AFP)
La suite "Grace Kelly" de 300 m2, plus charmante avec ses photos de l'actrice et un coin salon avec un hublot de bateau, vous coûtera 15.000 euros (5.000 en basse saison).

L'InterContinental Carlton doté de cinq étoiles, ouvert en 1911 mais complété en 1913, est aux mains depuis un an d'un investisseur qatari. La rénovation et l'extension envisagées ont été mis en suspens car "le propriétaire réfléchit à l'avenir".

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