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Edith Scob, actrice fétiche de Georges Franju et Raoul Ruiz, est morte

Son visage était familier pour les cinéphiles : Edith Scob s'est éteinte mercredi à 81 ans, a annoncé son agent à l'AFP.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'actrice Edith Scob le 23 mai 2012 au festival de Cannes, à l'occasion de la présentation du film de Leos Carax "Holy Motors" (LOIC VENANCE / AFP)

"Edith Scob est décédée ce matin à Paris", a indiqué à l'AFP son agent Cédric Pourchet de l'agence CinéArt.

Au cours d'une riche carrière débutée il y a soixante ans, la comédienne, née le 21 octobre 1937 à Paris, a été aussi prolifique au cinéma qu'au théâtre avec près de 70 films, une trentaine de téléfilms et une soixantaine de pièces.

C'est sous la direction de Georges Franju, pionnier français du cinéma fantastique avec lequel elle tournera six fois, qu'Edith Vladimirovna Scobeltzine, d'ascendance slave, a débuté en 1959 dans le 7e art avec La tête contre les murs, adapté du roman d'Hervé Bazin. À 22 ans, elle y incarnait "la folle qui chante" dans cet asile où se trouvaient aussi Jean-Pierre Mocky, Anouk Aimée, Charles Aznavour et Pierre Brasseur dans le rôle d'un psychiatre.

Son rôle masqué dans "Les yeux sans visage" la révèle au grand public

Dans la foulée, elle enchaîne avec Franju pour Les yeux sans visage (1960), film d'épouvante qui la révèle véritablement au grand public. Un rôle qu'elle interprète en portant un masque blanc qui inspirera à John Carpenter celui de Michael Myers dans Halloween (1978) et influencera Pedro Almodovar pour La piel que habito (2011). Ce fameux masque, Edith Scob le reportera plus de cinquante ans plus tard dans Holy Motors (2012) de Léos Carax, pour un de ses derniers grands rôles.

Avant cela, l'actrice au regard bleu saphir passa les années 60 devant les caméras de Julien Duvivier (La chambre ardente, 1961), Georges Franju encore (Judex, 1963) et Luis Buñuel pour La voie lactée (1969) où elle interprète la Vierge Marie.

En 1977, elle joue pour la première fois sous la direction de Raoul Ruiz dans La vocation suspendue. Une collaboration avec le cinéaste franco-chilien qui se répètera cinq fois.

Elle tourne pour Ruiz, Becker, Tonie Marshall, Zulawski, Gans, Leconte, Rappeneau...

Discrètement mais sûrement, son visage émacié et sa frêle silhouette traversent le cinéma français. On la croise dans L'été meurtrier de Jean Becker (1983), Vénus Beauté (Institut) de Tonie Marshall (1999), La fidélité d'Andrzej Zulawski (2000), Le pacte des loups de Christophe Gans (2001), L'homme du train de Patrice Leconte (2002), Bon voyage de Jean-Paul Rappeneau (2003).

"Dans ma vie privée comme professionnelle, j'ai toujours fait en sorte d'être en deuxième ligne, j'ai l'impression d'avoir eu toute ma vie à faire avec la notion de disparition", confiait Edith Scob à Libération en 2009.

L'Heure d'été, drame familial réalisé par Olivier Assayas, lui permet d'être nommée pour la première fois au César de la meilleure actrice dans un second rôle, en 2009. Sans récompense au bout, comme ce sera le cas en 2013 pour Holy Motors de Carax.

De nombreux rôles à la télé et au théâtre

Lors de sa carrière, Edith Scob a aussi beaucoup tourné pour la télé, frappant les esprits dans le feuilleton La poupée sanglante (1976) où elle incarne une marquise alitée, hurlante et livide, parce que son vampire de mari boit son sang chaque nuit. On la voit plus tard dans la série populaire Sœur Thérèse.com (2002-2011).

Mère de deux fils, elle a travaillé de façon permanente pendant sept ans à l'ATEM (Atelier Théâtre et Musique, plutôt d'avant-garde), créé par son mari, le compositeur Georges Aperghis.

Au théâtre, elle s'est illustrée dans des dizaines de pièces de grands auteurs, sous la direction, entre autres, d'Antoine Vitez, Claude Régy ou Luc Bondy. Édith Scob, qui a décidément eu une vie artistique bien remplie, a aussi mis en scène quelques pièces.

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