Kustendorf, le festival rebelle d'Emir Kusturica en Serbie
Objectif : défendre le cinéma d'auteur
Ce festival "différent", qui affiche la volonté de "défendre la dignité du cinéma d'auteur face à la terreur du marché", a permis aux stars telles que Isabelle Huppert de goûter à une décontraction inusitée. A leur arrivée, en hélicoptère ou par la route, pas de "tapis rouge" mais un tapis de neige immaculée. A Kustendorf, l'accent est mis sur l'informel. Au placard les tenues de soirée et les smokings, place aux bottes et aux pulls d'hiver.
Le café "Prokleta avlija" (Cour maudite), qui abrite un cinéma et un restaurant, est le centre névralgique du festival. Les vedettes, les débutants, la presse et autres invités s'y côtoient sans entraves, leur communication ne dépendant que la bonne volonté et de la disponibilité des interlocuteurs.
Mais l'hôte Emir Kusturica, qui vit à Drvengrad depuis 2006, veille au grain : il est omniprésent. Cheveux ébouriffés, il veille soigneusement au bon déroulement du festival, l'anime, bavarde avec les invités, informe lui-même ses hôtes du prochain film ou du concert sur le point de commencer. Palme d'or au Festival de Cannes en 1985 pour "Papa est en voyage d'affaires" et 1995 pour "Underground", le réalisateur n'hésite pas non plus à emmener certains invités faire du ski sur l'une des pistes proches de son village.
Kim Ki-duk et Bilge Ceylan à l'honneur
Le festival a notamment honoré cette année les oeuvres des réalisateurs sud-coréen Kim Ki-duk et turc Nuri Bilge Ceylan. Leurs films "Arirang" et "Il était une fois en Anatolie" ont été présentés au public.
"Kustendorf" accueillait aussi les réalisateurs belges Jean-Pierre et Luc Dardenne (Palme d'or à Cannes en 1999 pour "Rosetta" et en 2005 pour "L'Enfant") (voir ici une vidéo de leur atelier à Kustendorf), le réalisateur et scénariste américain Abel Ferrara, l'acteur Tahar Rahim, l'étoile montante du cinéma français, la réalisatrice iranienne Marjane Satrapi, ainsi que l'Iranien Asghar Farhadi, Ours d'or du meilleur film au Festival international de Berlin en 2011 pour "Une séparation".
Louanges d'Isabelle Hupper et Thierry Frémaux
Pour Isabelle Huppert, dont c'était le premier séjour à "Kustendorf", la "pléthore de (...) grands metteurs en scène qui viennent ici" rend le festival "assez comparable" de ce point de vue à celui de Cannes. Souriante et décontractée, celle qu'Emir Kusturica a qualifié d'"une des meilleures actrices du monde" dialogue avec la presse avant de se consacrer aux jeunes auteurs et de parler avec eux dans le cadre d'un
atelier organisé après la projection du film "Madame Bovary" (Claude Chabrol, 1991).
Pour sa part, le délégué artistique du festival de Cannes Thierry Frémaux a estimé qu'il s'agissait d'un "festival unique, à une époque où il est difficile d'inventer une nouvelle forme de fête festivalière". "J'espère bien que des jeunes court-métragistes découverts par le festival de Kustendorf se retrouveront un jour à Cannes, d'abord tout simplement pour y venir et voir des films, et évidemment un jour, peut-être, avec un long ou un court-métrage pour s'y retrouver en compétition".
Présidé par l'actrice iranienne Leila Hatami (Une séparation, 2011), le jury composé du producteur français Pierre Edelman et de l'acteur et producteur serbe Zoran Cvijanovic doit départager 20 films de jeunes réalisateurs notamment de Belgique, de Grande-Bretagne, d'Estonie, d'Italie, du Canada, du Mexique, de France et des Etats-Unis. Ils remettront le prix de l'Oeuf d'or au lauréat.
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