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"Junk Head" : un voyage en stop motion dans un monde futuriste captivant

Créature à deux têtes, humain robotique et mutants, "Junk Head" dévoile un univers complètement déjanté. Le tout premier film d'animation de Takahide Hori sort du lot grâce à son style à la fois dérangeant et fascinant, à découvrir en salle dès le 18 mai. 

Article rédigé par franceinfo Culture - Margaux Bonfils
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
"Junk Head" une odyssée frénétique dans l'univers du réalisateur japonais Takahide Hori. (UFO Distribution)

Un rêve fou, c’est ce qui résume le mieux, Junk Head le film d’animation de Takahide Hori. Ce projet animé image par image a été peaufiné pendant sept ans pour offrir une aventure explosive. Junk Head dépeint une société futuriste où les Hommes deviennent immortels grâce à la technologie. Cette vie éternelle leur a fait perdre le moyen de se reproduire et la population décline inexorablement. Le jeune scientifique Parton est alors envoyé dans les souterrains pour trouver un remède. Mais dans ce lieu vivent des clones mutants, créés il y a des milliers d’années par les humains et contre lesquels ils se sont rebellés. Cette aventure haletante conduira le héros à la découverte d’un nouvel univers peuplé d’étranges habitants et où les monstres rôdent…

Un imaginaire hors du commun

Comme le héros au début du film, on chute très rapidement dans l’univers fascinant de Junk Head. Un monde peuplé de créatures de toutes formes et de toutes couleurs. La faune locale est composée de vers géants, de monstres humanoïdes dotés de longues pattes et autres créatures menaçantes. Takahide Hori redouble d’inventivité, chaque personnage est parfaitement dessiné. 

Ainsi, le docteur possède un crâne gigantesque, les responsables de la chaufferie sont des femmes au physique de culturiste, en combinaison rouge et moulante. Les trois chasseurs tout de noir vêtu, portent de larges lunettes et un masque à gaz, un peu à la manière des minions du film Moi, moche et méchant. Un monde où l’on communique dans un dialecte rocailleux, mélange de langues diverses et de grognements. Un choix artistique qui peut déconcerter le spectateur au début.

Hormis le héros de Junk Head (à droite), la majorité des personnages du film ont la particularité d'avoir leurs yeux dissimulés. (UFO Distribution)

Rencontre entre deux mondes

Junk Head, c’est aussi l’histoire d’une rencontre entre deux mondes, mutuellement fantasmé. La ville souterraine imagine le monde des humains comme un paradis et les humains tels des divinités. Lors de la chute du héros Parton dans leur monde, il est aussitôt surnommé Dieu et glorifié. Un statut privilégié éphémère, car après une série de péripéties, il rdevient un vieux tas de ferraille bon à faire les tâches ingrates. Pourtant le monde des humains aperçu lors de flashback est loin d’être parfait. Les virus déciment la population, les habitants semblent ne jamais sortir de leur appartement, vivant à travers des écrans et des hologrammes.

Les hommes, eux, considèrent le monde souterrain comme un lieu sauvage, peuplé de monstres, et sans aucune traces de civilisation évoluée. Parton imaginait devenir un aventurier intrépide à la manière d'un Indiana Jones lors de sa mission. En réalité, une civilisation évoluée a aménagé les souterrains et développée une société organisée.

Humour et clins d’œil 

Junk Head recèle de nombreux clins d’œil aux classiques du cinéma. Tout au long des 100 minutes du film, des scènes emblématiques sont détournées pour faire sourire le spectateur. Les mimiques de Bruce Lee sont reprises lors des scènes de combat. Des poursuites au ralenti ridiculisent la fuite du héros échappant à une créature prête à le découper. Enfin, les trois chasseurs se chamaillant entre eux semblent tout droit sortis d’un cartoon. Le réalisateur s’attaque aussi aux codes du shōnen : un style de manga destiné aux jeunes adolescents. Ici, le cliché du héros surpuissant est complètement déconstruit par les nombreuses maladresses du personnage principal. Mais on peut constater l’évolution de Parton dans ce monde mutant, à l’image du genre littéraire japonais.

Enfin, le long-métrage utilise les codes de l'horreur avec quelques scènes sanglantes, et ceux des films d'action holywoodiens avec une bonne dose d'adrénaline. Comme le héros, le spectateur est régulièrement surpris par l'apparition d'une gigantesque créature à l’angle d'une galerie. Le tout, rythmé par une bande-sonore techno, offre un résultat haletant, à l'image du morceau très entêtant Human Prosperity.

Un travail titanesque

140 000 prises de vue prises en stop-motion ont été nécessaires pour réaliser le long-métrage. Un travail titanesque porté par une toute petite équipe. Takahide Hori a créé chaque marionnette et décor, tout en doublant la majorité des personnages. Un projet suivi par des fans fidèles depuis Junk Head 1, un court-métrage publié en 2013 sur Youtube, dévoilant les trentes premières minutes du film.

Junk Head est prévu pour s’inscrire dans une trilogie, la fin de ce premier chapitre étant pleine de promesses. Le long-métrage a déjà décroché plusieurs récompenses à l’international. Reste désormais à séduire le public français. 

"Junk Head", le 18 mai au cinéma.

"Junk Head", un film de Takahide Hori, le 18 mai au cinéma. (UFO Distribution)

La fiche : 

Genre : animation, science-fiction
Réalisateur : 
Takahide Hori
Pays : Japon
Durée : 1h40
Sortie en France :
18 mai
Distributeur :
UFO Distribution


Synopsis : 
L’humanité a réussi à atteindre une quasi immortalité. Mais à force de manipulations génétiques, elle a perdu la faculté de procréer, et décline inexorablement. En mission pour percer les secrets de la reproduction, Parton est envoyé dans la ville souterraine, où vivent des clones mutants prêts à se rebeller contre leurs créateurs…

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