Mort de Jean-Louis Trintignant : "Un homme assez étonnant, surprenant et un acteur extraordinaire", témoigne le réalisateur Costa Gavras
Jean-Louis Trintignant est mort ce vendredi à l'âge de 91 ans. Le réalisateur Costa Gavras se souvient d'un acteur très impliqué qui "entrait dans ses personnages avec une grande facilité".
"Un homme assez étonnant, surprenant et un acteur extraordinaire", a réagi vendredi 17 juin sur franceinfo le réalisateur Costa Gavras, après la mort de Jean-Louis Trintignant à l'âge de 91 ans. En 1969, le réalisateur avait dirigé le comédien dans Z pour lequel il a décroché le prix d'interprétation au Festival de Cannes. Jean-Louis Trintignant "entrait dans le personnage avec une grande facilité et ne le quittait plus", se souvient Costa Gavras.
franceinfo : Quel souvenir gardez-vous de Jean-Louis Trintignant ?
Costa Gavras : Un souvenir d'abord d'un homme assez étonnant, surprenant, et d'un acteur extraordinaire qui entrait dans le personnage avec une grande facilité et qui ne le quittait plus. J'ai travaillé deux fois au cinéma avec lui. D'abord sur mon premier film, où il accepté de faire un rôle pas très grand et même un rôle de méchant. Cela l'amusait beaucoup de faire les méchants, et même les méchants gentils. Cela a été à chaque fois un grand plaisir de travailler avec lui. Il répondait avec une facilité extraordinaire au personnage et aux changements du personnage. C'était un grand acteur.
Est-ce qu'on se dit immédiatement : je suis tombé sur quelqu'un hors du commun, d'extraordinaire ?
Très vite. Dès qu'on discutait avec lui, on parlait avec quelqu'un qui n'était pas du tout habituel, pas du tout comme les acteurs d'habitude et pas du tout comme les autres hommes. Il vous observait d'une manière silencieuse. Et puis il répondait parfois à côté, parfois même avec une certaine brutalité, je dirais. Et ça, c'était assez fascinant d'être avec lui. Et encore plus quand on travaillait avec lui, parce qu'il y avait beaucoup plus d'intimité. Il allait beaucoup plus au fond de sa personnalité qui était tout à fait particulière.
Quelle était la particularité de son talent ?
Il entrait dans le personnage immédiatement. Dès qu'il avait lu le scénario, dès qu'on parlait, il était déjà le personnage. C'était assez rare. Il n'attendait pas qu'on lui explique son passé, sa famille. Et il tenait ses qualités jusqu'à la fin du tournage.
Il y a aussi cette voix si particulière qui a accompagné de nombreux films. Est ce qu'elle vous a marqué vous aussi ?
Oui. Surtout au théâtre, plus particulièrement, parce qu'on attendait de l'avoir en continuité pendant deux heures. C'était fascinant. C'était une musique tout à fait particulière. Sa pensée accompagnait sa voix, était avec sa voix, d'une certaine manière. A chaque film, Jean-Louis était tout à fait différent. Sauf sa voix, qui vous pénétrait immédiatement. Mais chaque fois, c'était un personnage tout à fait à part. Pour un metteur en scène, c'était une joie de se dire : je vais peut-être retravailler avec lui.
Est-ce que vous considériez que Jean-Louis Trintignant était un artiste engagé ?
Je crois qu'il était engagé, surtout comme acteur. Dans l'art de l'acteur, surtout. Je ne peux pas dire exactement comment il pensait. Il avait une honnêteté politique. Mais surtout, ce qui était fascinant avec lui, c'était l'acteur, comment il voyait le métier de l'acteur et la vie de l'acteur. C'était étonnant.
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