"Godzilla : la grande histoire du roi des monstres" : les plus belles images de "Big G" dans un livre colossal
Godzilla : la grande histoire du roi des monstres, de Graham Skipper aux éditions Hugin & Muninn, constitue l'album de famille du monstre antédiluvien ressuscité par les essais atomiques dans le Pacifique, du film éponyme d’Ishiro Honda de 1954. Forte de 38 films, la filmographie de Godzilla est tellement prolifique, complexe et diversifié qu’elle est divisée en plusieurs "ères" : Shōwa (1954-1975), Heisei (1984-1995), Millennium (1999-2004) et Reiwa (2016-2019). Après le Japon, où il est né, Godzilla s’est expatrié via des coproductions (Warner-Toho) à Hollywood à partir de 1998, et deux films sont attendus dans les prochains mois.
Le Monstre des temps perdus
En 1950, La Chose d’un autre monde (The Thing) de Christian Niby et Howard Hawks, lance un âge d’or de la science-fiction à Hollywood. Le Japon répond en 1954 avec Godzilla du réalisateur Ishiro Honda. Son immense succès mondial va engendrer une foule de monstres géants dans le cinéma nippon. C’est le Kaijù Eiga (films de monstres), un genre à part entière, aujourd’hui iconique de la pop culture. Après deux longs métrages en noir et blanc (Godzilla, Le Retour de Godzilla), le passage à la couleur est flamboyant, et montre, entre autres, le grand coloriste qu’est le réalisateur Ishiro Honda, précédemment directeur artistique d’Akira Kurosawa.
Précédé par King Kong en 1933, c’est Le Monstre des temps perdus (1953), d'Eugène Lourié d’après Ray Bradbury, qui va directement inspirer Godzilla en 1954. Mais l’esthétique est radicalement différente. Godzilla et le Kaijù ont un style reconnaissable entre tous. Prétexte à des visions apocalyptiques de mégapoles détruites, piétinées, rasées par des monstres gigantesques, les films reposent sur la visualisation de méticuleuses maquettes de villes saccagées par des acteurs revêtus de costumes en latex. Ridicule ? Certains plans de ces films merveilleux rappellent les géants de Goya.
Peur atomique
Ce qui au prime abord peut sembler archaïque est à l’origine d’une esthétique originale, belle et revendiquée, dont Ishiro Honda est le roi et son concepteur des effets spéciaux Eiji Tsuburaya, le génie inspiré. Graham Skipper est le premier à rassembler autant de photos de la filmographie de Godzilla, en ricochant sur les séries, bandes dessinées, jouets, et autres goodies. Il a eu accès aux archives de la Toho, productrice de la franchise, pour en extraire les plus beaux fleurons, souvent inédits. Les photos de films, de plateau, d’affiches, à l’encrage exigeant, constituent une somme, dans un beau livre à la couverture gaufrée : de la belle ouvrage.
Iconographique, cette monographie thématique est plus descriptive qu’analytique. Graham Skipper fait œuvre d’historien du cinéma, avec synopsis détaillé, fiche technique et contextualisation des films. Il restitue une histoire toujours vivante, née dans les années 50, comme métaphore de la peur atomique, alors à son comble. D’abord destiné aux adultes, Godzilla s’est infantilisé, en se destinant de plus en plus au jeune public. Réveillé par Hollywood en 1998 sous la forme de blockbusters, un nouvel opus est attendu en décembre et un autre en 2024. Venu du fond des âges, Godzilla est éternel.
Godzilla : la grande histoire du roi des monstres
Graham Skipper
Éditions Huggin & Muninn
Relié
39,95 €
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