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George Clooney défend Sony et... une certaine idée du cinéma

C'est une bataille de mots qui a eu lieu dans le monde du cinéma, ces derniers jours. Daniel Loeb, actionnaire minoritaire de Sony, a durement critiqué la gestion de la société de production américaine et a menacé d'en placer une partie en bourse. Réponse acerbe de George Clooney, dont le prochain film est produit par Sony. Récit d'un scénario pour le moins surprenant. 
Article rédigé par Lucas Roxo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Pourquoi George Clooney défend-t-il Sony? Qui est Daniel Loeb? Sony a-t-il des soucis financiers? Dans le milieu du cinéma, la semaine a été marquée par un échange de bons mots entre différents acteurs, à Hollywood d'un côté, dans le monde de la finance de l'autre. Récit en trois temps.

Acte 1 - L'attaque de Daniel Loeb

Tout commence avec Daniel Loeb, patron du fonds d'investissement Third Point, actionnaire minoritaire de Sony, qui déclare que Sony est mal géré et propose une solution : une scission entre Sony et ses activités de divertissement (notamment la production pour le cinéma et la télévision). 

Echaudé par les deux récents échecs des grosses productions "After Earth " et "White House Down ", l'homme d'affaires propose même de côter Sony Entertainment (soit les activités divertissement de la société) en bourse. Une décision qui pousserait la société de production américaine à raisonner financièrement plutôt qu'en terme de qualité au moment de produire des films. 

Acte 2 - La réponse de George Clooney

Dans un entretien accordé au site internet Deadline Hollywood, George Clooney vole au secours des dirigeants de Sony et offre une réponse savoureuse au patron du fonds d'investissement. 

"Leur boulot, c'est juste de faire de l'argent" (George Clooney)

"J'ai lu beaucoup de choses sur Daniel Loeb, un investisseur qui se décrit comme un militant mais qui ne connaît rien à notre métier et veut couper des têtes à Sony parce que deux films coup sur coup ont moins bien marché que prévu ", a déclaré M. Clooney.

"Pourquoi ne parle-t-il pas de "Skyfall", (le dernier James Bond) qui a rapporté un milliard de dollars, ou de "Zero Dark Thirty", ou de "Django Unchained" ? ", s'est-il demandé, jugeant "inconscients " les responsables des fonds d'investissement. "Leur boulot, c'est juste de faire de l'argent et quand ils se plantent, on les renfloue et personne n'est viré ", a insisté l'acteur oscarisé.

Acte 3- Le réveil de Sony

On attendait la réponse de Kazuo Hirai, le PDG du groupe Sony. Relativement discret jusque là, le patron du groupe japonais a sèchement refusé la demande de Daniel Loeb.

Dans un communiqué, Kazuo Hirai indique que "le conseil d'administration de Sony a conclu à l'unanimité que continuer avec 100% de nos activités dans le divertissement est le meilleur chemin et constitue le pilier de la stratégie de Sony ". 

Très mal vue au Japon, la pression imposée par Daniel Loeb ne devrait toutefois pas s'arrêter là. "Je ne crois pas que Third Point va abandonner ", a ainsi prévenu Horishi Sakai, économiste au centre de recherche SMBC Friend. "Il devrait continuer en appelant d'autres investisseurs à se joindre à sa proposition ", a-t-il ajouté. 

Cela signifie-t-il qu'il y aura une suite à cette histoire? Malgré ses efforts, George Clooney ne pourra faire démentir les chiffres de vente de Sony Pictures, en chute libre (16% de recul ces derniers mois). Mais il pourra lui opposer sa vision du cinéma. Si le conflit se poursuit, ils devraient être nombreux, à Hollywood, à dénoncer une financiarisation des activités de cinéma de Sony. 

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