Fin de la grève des acteurs à Hollywood : les conséquences de quatre mois d'arrêt
En mai dernier et à la suite de l'échec des négociations avec les principaux studios et plateformes au sujet de la hausse de leur rémunération, les scénaristes de la Writers Guild of America se mettent en grève. Ils sont rejoints en juillet par les acteurs de la SAG-Aftra, le plus grand syndicat de comédiens au monde. C'est le début d'une lutte commune.
Les grévistes réclament une revalorisation de leurs rémunérations qui ont connu ces dernières années une baisse due au développement des plateformes de streaming. Ils demandent ainsi une plus grande transparence de ces plateformes, notamment sur les chiffres de fréquentations. En effet, les comédiens sont supposés percevoir des revenus résiduels qui dépendent du nombre de visionnages, or ces informations sont bien souvent tenues secrètes. Sur un autre terrain, scénaristes et acteurs demandent un encadrement du recours à l'intelligence artificielle, nouvelle menace pour la profession. Alors que la grève des scénaristes prend fin en septembre, celle des acteurs se poursuit jusqu'au mercredi 8 novembre. Et les conséquences pour le monde du cinéma sont nombreuses.
Sorties et tournages décalés
Cinq mois sans scénaristes, quatre mois sans acteurs. La durée exceptionnelle de cette grève, menant à l'arrêt de certains projets, a causé un grand nombre de retards à Hollywood. Des grandes productions à l'instar des films Dead Pool 3, Mission: Impossible 8 ou encore le remake de Lilo & Stitch qui sera diffusé sur Disney+ font l'objet d'un report. Les trois prochains volets d'Avatar ont été décalés d'un an, c'est également le cas de plusieurs Marvel et de la série Stranger Things.
Alors qu'elle devait avoir lieu dans le courant du mois de septembre, la cérémonie des Emmy Awards, les plus prestigieuses récompenses de la télévision américaine, a été reportée au mois de janvier. En effet, les directives du SAG-Aftra, qui représente 160 000 acteurs, cascadeurs, danseurs et autres professionnels du petit et grand écran, interdisent à ses membres de tourner, mais aussi de promouvoir leurs productions. Impossible donc d'organiser une cérémonie de remise des prix sans stars à qui les remettre.
Des stars absentes
Avec l'interdiction d'activités de promotion dans le cadre de la grève, les stars américaines ont déserté les tapis rouges. Habitué à recevoir des acteurs et des actrices d'outre-Atlantique, le festival du cinéma américain de Deauville qui s'est tenu début septembre à dû faire face à une vague d'annulations. Le festival, qui a toutefois choisi de maintenir la programmation, attendait des invités de prestige comme Natalie Portman, Jude Law ou encore Joseph Gordon-Levitt. La Mostra de Venise a quant à elle eu recours à des changements de programmation, remplaçant notamment le film d'ouverture, réalisé à Hollywood, par un film italien.
Certains acteurs, à l'instar d'Adam Driver aperçu à Venise, ont cependant bénéficié de dérogations du syndicat, délivrables en cas de soutien de la production du film dans lequel joue tel acteur ou telle actrice. Ainsi, si la production du comédien ou de la comédienne se plie par avance à l'accord qui sera conclu par la SAG-Aftra et l'Alliance des producteurs de cinéma et de télévision (AMPTP), celui-ci ou celle-ci peut en assurer la promotion, un argument puissant pour mener à bien les négociations.
Un écho au-delà des frontières
Si, de Deauville à Venise, les annulations ont été nombreuses, l'appui de ces festivals, via la publication de communiqués et l'organisation de tables rondes, est néanmoins resté indéfectible. Les syndicats d'acteurs français, britanniques ou encore canadiens ont également attesté leur soutien à ce mouvement de grève historique. La Fédération internationale des acteurs (FIA), située en Belgique, s'est aussi exprimée à travers un communiqué publié en juillet dernier : "Cela va bien au-delà des acteurs américains. Il s'agit de défendre le respect et l'équité pour les acteurs du monde entier, de reconnaître leur contribution exceptionnelle au succès de notre industrie et à la création de contenus qui divertissent des millions de personnes dans le monde."
Plus que de soutenir, certains syndicats ont par ailleurs entrepris des démarches. La Fédération du syndicat français CGT Spectacle a ainsi interpellé la ministre de la Culture au sujet de l'utilisation de l'intelligence artificielle qui présente aux yeux de ses membres une véritable menace pour le secteur.
Un accord favorable aux grévistes
Les conséquences les plus importantes de ces longs mois d'arrêt restent, sans doute, celles qui étaient attendues par les grévistes. Si les termes de l'accord n'ont, en ce premier jour de reprise, pas encore été communiqués, il semble toutefois que les acteurs et les actrices de Hollywood aient réussi à mener à bien la plupart de leurs revendications, leur syndicat évoquant une mobilisation d'"une portée extraordinaire".
L'accord comprendrait notamment, et comme l'avaient obtenu les scénaristes, une revalorisation significative des salaires minimaux, prévoirait un encadrement du recours aux intelligences artificielles et établirait un système inédit de prime pour les rediffusions en streaming. Perçue comme une formalité, la signature d'une convention collective est nécessaire à la mise en place de ces nouvelles mesures.
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