Pixar : de "Toy Story" à "Soul", les 35 ans d'un studio qui a révolutionné l'animation
Le studio d'animation sortira son nouveau film, "Soul", le 25 décembre. Un projet qui vient fêter les 35 ans du studio qui a vu naître "Toy Story", "Le monde de Nemo" ou "Cars".
De simple passion à colossal studio d'animation, Pixar est aujourd'hui une pièce maîtresse de l'empire Disney. La maison est née en 1986, sous les auspices de George Lucas, génial créateur de Star Wars, et de Steve Jobs, fondateur d'Apple.
"Des films qui ont toujours su refléter leur époque"
Deux lampes de bureau qui jouent à la balle ont changé à jamais le cinéma d'animation. De cette époque, où l'image de synthèse n'était qu'une passion de geek, reste une lampe de bureau, appelée Luxo, qui s'invite au générique des films. Elle vient d'un court-métrage de deux minutes, l'un des tout premiers du studio.
Déjà, derrière la performance technique, dans l'histoire de ces deux lampes, une grande qui semble veiller sur une petite, affleure la patte Pixar : la capacité à raconter une histoire émouvante et singulière à partir d'à peu près tout : une voiture dans Cars, un robot avec Wall-E, ou des esprits désincarnés avec Soul... Les humains viendront peu à peu.
"Pixar fait des films de qualité, qui sont attendus aussi bien par les enfants que par les adultes", considère Gersende Bollut, co-auteur de Pixar, vers le génie et au-delà. Comme beaucoup, il juge que "le studio a révolutionné le cinéma d'animation comme Walt Disney l'a fait avec Blanche-Neige, premier dessin animé avec couleur et son". "Leurs films ont toujours su refléter leur époque, par la technologie employée et les histoires racontées", ajoute Diane Launier, co-responsable du musée spécialisé Art Ludique, qui doit rouvrir fin 2021 à la Gare Saint-Lazare à Paris.
Oscars et dollars
Difficile de contester la domination mondiale de Pixar : sur les 23 films produits, peu sont tombés dans l'oubli ou l'indifférence, comme Le voyage d'Arlo ou Cars 2. Le premier long métrage en images de synthèse de l'histoire, Toy Story, histoire d'amitié entre des jouets, est désormais un classique. Le studio, réticent à l'origine à donner de suites à ses films, consacrera quatre volets aux aventures de Woody et Buzz l'Eclair.
Les personnages Pixar ont marqué plusieurs générations, et ont été déclinés en posters, trousses, autres figurines : le poisson-clown de Nemo au début des années 2000, les super-héros en collants rouges des Indestructibles, les voitures de Cars...
Pixar, racheté par Walt Disney en 2006 pour 7,4 milliards de dollars, fait des cartons : Toy Story 3 a récolté plus d'un milliard de dollars au box-office. Le succès de Soul sera plus difficile à mesurer : en pleine pandémie, le film ne sortira que sur la plateforme Disney +, sur abonnement. Le studio truste aussi les Oscars : Pixar en a raflé par moins de dix depuis la création de la statuette du meilleur film d'animation, en 2002.
"La capacité unique à raconter des histoires"
Le studio a connu des heures plus compliquées, dont le départ en 2018, après des accusations de harcèlement sexuel, de son fondateur John Lasseter, créateur de Cars et Toy Story, dont le génie artistique était salué. Les relations avec l'actuelle maison-mère, sur fond de très gros sous, ont parfois été tumultueuses, mais Pixar semble être parvenu à garder son indépendance, gage de créativité.
La concurrence, elle, est féroce. Longtemps seul challenger, Dreamworks, le studio créé par Spielberg, a su aller plus loin que Pixar dans l'irrévérence et l'humour, dès Shrek, le monstre péteur, et remplir les salles, avec Kung Fu Panda ou Les Trolls. Aujourd'hui, l'image de synthèse est partout, et toutes les grandes majors sortent des films à succès : Les Minions chez Universal, Angry Birds chez Sony...
Reste à Pixar "la capacité unique à raconter des histoires" de ses créateurs, "qui pour la plupart sont toujours là", signale Gersende Bollut. Parmi eux, le nouveau patron, Pete Docter, qui a signé les films les plus singuliers et poétiques, comme Là-Haut et Vice-Versa.
Auteur de Soul, il a livré son secret : comme en jazz, savoir improviser. "Souvent vous vous sentez bloqué jusqu'au moment où vous sentez que quelque chose prend, cela peut être un personnage, un thème, un sentiment (...) Il faut avoir confiance dans le chaos inhérent et ne pas arriver avec une idée préconçue".
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