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Festival de Cannes : le réalisateur suédois Ruben Östlund sera le président du jury de la 76e édition

Les organisateurs du festival ont annoncé avoir confié cette responsabilité à l'un des huit cinéastes au monde ayant remporté deux Palmes d'or.
Article rédigé par franceinfo
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Le réalisateur suédois Ruben Östlund pose avec sa Palme d'or, le 28 mai 2022, à Cannes (Alpes-Maritimes). (VALERY HACHE / AFP)

Un an après sa Palme d'or, Ruben Östlund atteint une autre forme de consécration. Le réalisateur suédois, récompensé en 2022 sur la Croisette pour son film satirique Sans Filtre, a été désigné président du 76e Festival de Cannes, ont annoncé les organisateurs mardi 28 février. A 48 ans, le cinéaste s'apprête à succéder à Vincent Lindon, lors de cette édition qui se déroulera du 16 au 27 mai.

"Je suis heureux, fier et empreint d'humilité de me voir confié l'honneur de présider le jury du Festival de Cannes cette année. Nul autre lieu dans le monde ne suscite un tel désir de cinéma lorsque le rideau se lève sur un film en compétition", a déclaré le cinéaste de 48 ans, cité dans le communiqué.

Deux Palmes à son arc

Le réalisateur suédois devient, après l'Américain Francis Ford Coppola et le Franco-Serbe Emir Kusturica, le troisième cinéaste doublement palmé à devenir président du jury, et le tout premier à endosser ce rôle l'année suivant son sacre.

Ruben Östlund a connu la célébrité internationale en 2014 avec Snow Therapy, un film dézinguant la famille moderne avec un père fuyant une avalanche, son téléphone portable à la main, laissant son épouse et ses enfants face au danger. Cette tragicomédie avait valu au réalisateur le prix du jury dans la catégorie Un Certain regard à Cannes.

En 2017, le Suédois avait fait crier de joie le public du palais des Festivals en remportant la Palme d'or pour The Square. Le film racontait l'histoire du directeur d'un musée d'art contemporain qui prépare une exposition sur la tolérance mais qui se heurte à ses propres limites d'ouverture d'esprit.

Cinq ans plus tard, Ruben Östlund revenait sur la Croisette avec Sans Filtre, une critique du capitalisme consacrée aux super-riches et au monde du luxe. Une nouvelle fois sacré, il intégrait le cercle fermé des huit cinéastes ayant remporté deux Palmes d'or.

"Kleptomane"

Pour Östlund, ce sont les situations plus que les personnages qui font le film. La presse suédoise l'a décrit comme "un kleptomane. Il vole des situations de sa propre vie, de celles de ses amis et, pas des moindres, ou de YouTube, pour en tirer des fictions".

Pour Sans filtre, il a confié s'être inspiré de nombreuses anecdotes rapportées par sa femme, photographe de mode. Et c'est à sa belle-mère allemande, aphasique après un accident cérébral il y a quelques années, que l'on doit la phrase "In den Wolken" ("Dans les nuages"), inlassablement répétée par l'une des personnages du film, paralysée elle aussi.

Avec ses allures de jeune premier, il est arrivé au cinéma après avoir réalisé des films de ski, une de ses passions, lorsqu'il était saisonnier dans les Alpes dans les années 90. Il a confié avoir gardé de ces années "une persévérance incroyable".

La profusion des prises constitue par ailleurs l'une de ses marques de fabrique. Quand il fait refaire une quarantaine de fois une même prise, il s'excuse désormais à demi-mots. Une habitude qui lui vient de l'enfance, pendant laquelle, de son propre aveu, il se comportait en "dictateur empreint d'une certaine notion de justice".

Une troisième Palme ?

Né du côté de Göteborg, la deuxième ville de Suède, en avril 1974, Östlund y a étudié la réalisation et y travaille encore aujourd'hui. Elevé par une mère communiste, se définissant lui-même comme "socialiste", ce grand bavard n'a pas cédé à la facilité de "décrire les riches comme méchants" mais plutôt à "comprendre leurs comportements", assurait-il dans un récent entretien. A travers son œuvre, qui laisse souvent un sentiment de malaise, il dissèque toujours plus les mœurs occidentales modernes, cherchant à rester fidèle "à l'aspect intellectuel de l'art du cinéma qui veut déclencher une discussion".

"Au fond la thématique est la même: le jeu des rapports sociaux", analyse pour l'AFP le critique suédois Björn Jansson. Déjà en 2011, dans Play, où cinq enfants noirs volent trois enfants blancs, Östlund s'attaquait au racisme systémique et ses représentations.

Faux modeste, Östlund se verrait bien remporter une troisième Palme d'Or. "Je veux rester humble, mais c'est possible maintenant de gagner une troisième Palme. Personne ne l'a fait avant. Je ne veux pas être arrogant mais c'est une possibilité", a-t-il avancé auprès du Los Angeles Times. Le réalisateur n'en demeure pas moins un cinéaste très clivant au sein du public et de la critique. 

Les films en compétition bientôt annoncés

Ruben Östlund devra choisir la Palme d'or parmi la vingtaine de films en compétition, qui doivent être dévoilés prochainement. Il sera épaulé par plusieurs jurés, dont les noms seront également dévoilés sous peu.

Le Festival de cinéma de Cannes est considéré comme l'un des plus grands festivals du 7e Art au monde, aux côtés de la Berlinale de Berlin et de la Mostra de Venise. Lors de leur dernière édition, ces deux festivals ont nommé à la tête de leur jury deux femmes, respectivement Kristen Stewart et Julianne Moore. La dernière présidente du jury cannois remonte à 2018, avec l'Australienne Cate Blanchett.

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