Festival de Cannes : "C'est assez bizarre de vouloir comparer des œuvres d'art, mais c'est le jeu", reconnaît Thierry Frémaux
La 72e édition du Festival de Cannes s'ouvre mardi 14 mai, avec le réalisateur Alejandro González Iñárritu comme président du jury, et les acteurs Charlotte Gainsbourg et Javier Bardem pour donner le coup d'envoi des 15 jours de compétition pour le plus prestigieux festival de cinéma au monde.
Serait-ce l'année de la consécration pour le réalisateur Pedro Almodovar, en compétition avec son film Douleur et Gloire ? Le réalisateur espagnol espère s'offrir sa première Palme d'or lors de la 72e édition du Festival de Cannes, qui s'ouvre le mardi 14 mai. "Dans l'absolu c'est quelque chose d'assez bizarre de vouloir comparer des œuvres d'art. Mais c'est le jeu et en effet Pedro Almodovar a souvent frôlé la récompense suprême", reconnaît lundi 13 mai sur franceinfo Thierry Frémaux, le délégué général du Festival de Cannes.
franceinfo : L'un des évènements de ce festival c'est la sélection in extremis du film de Quentin Tarantino, Once Upon a Time... in Hollywood, comment cela s'est-il passé ?
Thierry Frémaux : Le tournage s'est terminé à la fin de l'année, donc le temps de montage pour un film de presque trois heures était très long et il se trouve qu'il a été plus long que prévu. Si on l'a annoncé bien après avoir annoncé les autres films, c'est vraiment parce qu'il était encore en train de travailler. Je l'ai appris à 4 heures du matin, et à 11 heures on l'annonçait, mais c'était vraiment in extremis.
Cette année encore on compte parmi les sélectionnés en compétition officielle Ken Loach, Arnaud Desplechin, Pedro Almodovar, Abdellatif Kechiche. N'y a-t-il pas trop d'habitués de la Croisette ?
C'est un vieux cliché, c'est la question obligatoire que l'on se pose. Mais vous ne citez que la moitié de la compétition. Il y a une autre moitié où il n'y a que des nouveaux entrants, des hommes et des femmes, car il y a aussi beaucoup de réalisatrices dans cette 72e édition. Et puis la sélection officielle ne se réduit pas à la compétition, il y a d'autres sections et du hors compétition. Et de ce point de vue-là, le cinéma mondial montre qu'il est en fort renouvellement. Après on ne va pas pénaliser Pedro Almodovar parce que c'est l'un des plus grands cinéastes. Didier Deschamps en équipe de France prend les meilleurs joueurs, je fais pareil.
Pedro Almodovar c'est cinq sélections et aucune Palme d'or. Cette fois-ci pourrait être la bonne ?
Oui, vous savez Alfred Hitchcock n'a jamais remporté d'Oscar. C'est difficile de se mesurer en art, c'est d'ailleurs d'une certaine façon bizarre que des films soient mis en compétition. Comment comparer un film américain qui fait 3 heures avec un film d'auteur comme celui d'Elia Suleiman. Dans l'absolu c'est quelque chose d'assez bizarre de vouloir comparer des œuvres d'art. Mais c'est le jeu et en effet Pedro Almodovar a souvent frôlé la récompense suprême. Il a été jury. Alejandro González Iñárritu, le président du jury, est arrivé hier soir on en parlait. C'est aussi les équilibres entre neufs opinions d'un groupe qui, peut-être, la veille ou le lendemain, aurait eu un autre avis, un autre palmarès. Si cela avait été un autre jury cela aurait été aussi un autre palmarès. L'essentiel c'est d'être là et de dire que le cinéma mondial est complètement vivant et présent dans la culture mondiale.
Alain Delon, qui a longtemps boudé le Festival, recevra demain une Palme d'honneur. Comment l'avez-vous convaincu de venir ?
Ce n'est pas tant qu'il boudait le Festival, car entre temps il s'était réconcilié avec Cannes. Mais Alain Delon, contrairement à l'image qu'il véhicule, n'avait pas envie de recevoir les honneurs lui-même. Chaque fois qu'il est venu c'était pour rendre hommage à Luchino Visconti ou à René Clément. Et en partie grâce à sa fille Anouchka Delon, avec qui il a joué sur scène, on s'y est mis à deux pour lui dire qu'il était temps maintenant que ce soit lui qui recoive les honneurs du Festival, et il a fini par accepter. Il a créé une partie de la légende à Cannes.
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