Cinéma : le cri d'alarme dur mais plein de vie de Ladj Ly dans "Les Misérables"

C'est le film français le plus attendu de cette fin d'année. Plus de 20 ans après La Haine, Les Misérables de Ladj Ly sort en salles mercredi 20 novembre et brosse un tableau implacable des banlieues. Prix du jury au dernier festival de Cannes, cette chronique ultra-réaliste de la cité des Bosquets à Montfermeil (Seine-Saint-Denis) en banlieue parisienne, où est né le réalisateur, est un cri d'alarme, dur, mais débordant de vie.

Ladj Ly réussit à y raconter la vie dans les banlieues, sans pathos, ni misérabilisme. Les Misérables, ce sont autant les habitants de sa cité, que les travailleurs sociaux et les policiers qui y travaillent. Ces flics, ceux de la Brigade anti-criminalité,  accueillent un nouveau qui découvre effaré les méthodes de ses collègues.

Délinquants, policiers, éducateurs,... ils sont tous "Les Misérables"

Dans le même temps réel, le film avance vers la bavure et ses conséquences dramatiques. Mais Ladj Ly ne montre que des victimes d'un système, population et policiers. "Ils sont coincés dans un système dans lequel ils essayent de trouver des solutions qui clairement ne sont pas les bonnes", explique Giordano gederlini, co-scénariste. "Le rapport de force, les compromis souterrain ne résolvent rien. Mais est-ce que c'est leur rôle ? C'est toute la question du film. Et elle est évidente, non, ils sont un sparadrap sur une jambe de bois."

Mais dans Les Misérables, il y a aussi la vitalité de ces quartiers, cette énergie qui ne demande qu'à se déployer ailleurs que dans la violence, comme dans l'école de cinéma Kourtrajmé que Ladj Ly a créé, chez lui, à Montfermeil.

Loin de la Seine-saint-Denis, l'aventure des "Misérables" se poursuit à travers le monde : Amazon a acheté les droits pour les États-Unis, le film est vendu dans plus d'une cinquantaine pays et a été choisi pour représenter la France aux Oscars.