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Cannes 2019 : Quinzaine des Réalisateurs, un nouveau délégué général mais toujours le même esprit de curiosité

L’arrivée d’un nouveau délégué général marque le cinquantième anniversaire de la Quinzaine des Réalisateurs. L’Italien Paolo Moretti succède à Edouard Waintrop. La section parallèle du festival de Cannes conserve l’esprit d’origine caractérisé par son ouverture sur le monde et sur les cinématographies émergentes.

Article rédigé par Jean-François Lixon
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 7min
La façade cannoise de la Malmaison, siège de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes (Jean-François Lixon)

Exit Edouard Waintrop et l’éternel tee shirt noir marquant son attachement au mouvement anarchiste. L’ancien critique à Libération avait pris les rênes de la Quinzaine lors de son édition de 2012, il les laisse pour le cinquantenaire de la section à Paolo Moretti. 

L’italien, né en 1975, a derrière lui une belle carrière de programmateur, aussi bien dans les festivals internationaux les plus prestigieux que dans la salle qu’il dirige à La Roche-sur-Yon. Le nouveau délégué général de la Quinzaine a travaillé très jeune pour le Centre Pompidou, la Cinémathèque espagnole à Madrid, la Cinémathèque portugaise, le Festival de Leeds, le Cinéma du Réel. Il a été conseiller de la programmation à la Mostra de Venise et programmateur au Festival du film de Rome. A cette liste incomplète s’ajoute donc désormais la responsabilité de l’une des importantes sections parallèles du festival de Cannes, aux côtés de La Semaine de la Critique et ACID.

Paolo Moretti, nouveau délégué général de la Quinzaine des Réalisateurs (Philippe Berceau / FestFilmLRSY/2017)

Née d'une révolte

Créée au lendemain de 1968 par la Société des Réalisateurs de Films, la Quinzaine est née d’une révolte, celle de cinéastes, essentiellement issus de la Nouvelle Vague mais pas seulement. Ils voulaient en finir avec une vision glamour et paillettes du cinéma. Ce festival de Cannes, avorté en Mai 68 en grande partie de leur fait, ils l’estimaient déphasé, trop éloigné des nouvelles donnes de la société. Leur volonté d’ouvrir la Croisette à toutes les cinématographies du monde débouchera sur un contre-festival. La Quinzaine des Réalisateurs était née, avec sa sélection curieuse, imaginative et souvent très sociale.

Amérindiens, Zambiens, gitans, Chinois...

De 1969 à 2019, cinquante ans plus tard, la Quinzaine est toujours là, elle ne dure jamais quinze jours mais a conservé son esprit d’ouverture. Sa sélection va chercher dans les cinématographies les plus discrètes pour y trouver d’improbables pépites. Elle découvre des oeuvres magnifiques dans des pays dont on n’imaginerait pas toujours qu’ils produisent des films. Elle permet de faire venir sur la scène du théâtre Croisette et devant son public de cinéphiles des Indiens d’Amazonie, des acteurs Zambiens, des Gitans du nord de la France, des cow-boys états-uniens, des Chinois éblouis d’être à Cannes… 

Les stars aussi viennent à la Quinzaine

Il ne faudrait pas croire cependant que la Quinzaine serait une section misérabiliste. La plupart de ces films composent un collier de perles exceptionnelles que le public fançais et parfois mondial n’aurait sans doute jamais eu la chance de regarder si la Quinzaine les avait ignorés. Chaque année, la sélection de la Quinzaine ouvre des portes sur le monde et prouve, film après film, que la qualité ne dépend ni du pays d'origine, ni surtout des budgets de production.

Et les stars ne sont pas non plus absentes de ce festival sans compétition. Les dernières éditions ont vu se succéder Isabelle Adjani, Nicolas Cage, Willem Dafoe, Arnaud Desplechin, Yolande Moreau, Alejandro Jodorowsky et de nombreuses autres personnalités dont les films grand public complètent cette programmation. 

L'affiche de l'édition 2019 de la Quinzaine des Réalisateurs (Robert Schlaug - Quinzaine des Réalisateurs)

Les films de la 51e édition

Les films de la 51e Quinzaine des Réalisateurs ne dérogent pas à la règle. On y trouve des films français bien sûr, avec notamment Le Daim, le dernier film de Quentin Dupieux avec Jean Dujardin, ou Alice et le maire, de Nicolas Pariser avec Fabrice Luchini, on découvrira les talents de comédienne de Zahia dans La fille facile de Rebecca Zlotowski, on regardera avec curiosité Yves, de Benoît Forgeard et Perdrix, d'Erwann Le Duc... 

Les autres films de la sélection viennent de tous les coins du monde et pendant onze jours des langues bien différentes seront entendues au théâtre Croisette. And Then We Danced de Levan Hakim est géorgien et parle la langue de son pays, Hang Hupa de Lav Diaz vient des Philippines, Cancion Sin Nombre est signé de l'espagnole Mélina Leon, Ghost tropic de Bas Devos parle français et néerlandais. Give me liberty de Kiril Mikhanovsky parle anglais et russe. Hatsukoy, de Takashi Miike est japonais quant à Huo Zhe Chang Zhe, il est signé du Chinois Johnny Ma et parle le dialecte du Sichuan ainsi que le mandarin.

Plus compliqué encore à prononcer, le film du finnois Jukka-Pekka Valkeapää Koirat Eivät Käytä Housouja. L'Etats-unien Robert Eggers signe The Lighthouse,  Lillian tourné en anglais, est un film de l'Autrichien Andreas Horvath, quant à Oleg, du Letton Juris Kursietis, il s'exprime en six langues dont le français, le russe, le polonais et le letton ! On va tout péter, film social de Lech Kowalski, s'exprime en français et en anglais.

Plus original sur un écran français, The Orphenage (Parwareshgah) de Shahrbanoo Sadat fera résonner les langues dari, russe et ourdou. Les particules, de Blaise Harrison, est un film français en français ! Por El Dinero de l'Argentin Alejo Moguillansky parle aussi français mais aussi, et sans surprise, espagnol.  Le portugais, cette fois, est la langue de Sem Seu Sangue, d'Alice Furtado et l'arabe celle de Tlamess d'Ala Eddine Slim. Wounds est en anglais et il est signé Babak Anvari, et enfin Zombi Child, de Bertrand Bonello parle certes le français mais aussi le créole haïtien. Tous les films sont bien évidemment projetés sous-titrés. Tous les détails sur chacun sont à retrouver sur la page de la Quinzaine des Réalisateurs, et sur FranceInfo Culture au long du festival.

Le Carrosse d'Or

Depuis 2002, la Quinzaine des Réalisateurs, qui n'est pas une compétition rappelons-le, décerne pourtant un prix. Le Carrosse d'Or (du nom d'un film de Jean Renoir) vient récompenser un cinéaste pour l'ensemble de sa carrière. Agnès Varda, disparue cette année et à qui le festival de Cannes est dédié cette année par le truchement de son affiche l'avait obtenu en 2010. Il sera remis cette année au réalisateur américain John Carpenter.

La Quinzaine des Réalisateurs débute le mercredi 15 mai pour se refermer le vendredi 24. Le Carrosse d'Or sera remis à John Carpenter le jour de l'ouverture.

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