Cannes 2019 : Dans "La Belle Epoque" de Nicolas Bedos, Daniel Auteuil voyage dans le temps par amour
La Belle Epoque, deuxième film de Nicolas Bedos était projeté hors compétition le mardi 21 mai à Cannes. Une comédie douce amère sur la persistance et la confusion des sentiments dans une ambiance très Woody Allen.
Avec La Belle Epoque, son deuxième film, Nicolas Bedos va rendre jaloux Woody Allen. Dans une histoire très adroite de faux voyage dans le temps, il mixe au petit poil tous les ingrédients du maître de la comédie amoureuse. Amour, désamour, humour, nostalgie, trompe-l’oeil et psychanalyse. Tout y est.
Un homme d’une soixantaine d’années (Daniel Auteuil) se voit proposer de vivre la période du passé de son choix. Une entreprise s’est en effet spécialisée dans la mise en scène personnalisée de toutes les périodes. Quand d’autres choisissent de vivre les fastes de Versailles ou demandent à approcher Adolf Hitler, Victor préfère s’en tenir à une date bien précise de l’année 1974. Le 16 mai, jour de sa rencontre avec celle qui deviendra sa femme (Fanny Ardant). Alors que le couple se désunit, il reste très amoureux d’elle qui en a assez de ce mari aigri, râleur et procrastinateur.
Adroite nostalgie
Nicolas Bedos joue très adroitement de la nostalgie en plaçant le vieux mari amoureux dans la reconstitution exacte de "La belle époque", le café lyonnais où a eu lieu la rencontre, ainsi que du quartier qui l’entoure. Affiche électorale de Giscard, Mobylette bleue, Solex, France-Soir, Dauphine, Simca 1000 et DS immatriculées à l’ancienne mode en 69, tout est là. Y compris l'émouvant présentoir à oeufs durs (six ! ) alors présent sur tous les comptoirs. Le décor est évidemment en carton-pâte mais comme le client sait tout de la supercherie et ne demande qu’à s’y prêter, le stratagème fonctionne.
Le cinéma en filigrane
C’est aussi un point commun avec de nombreuses comédies du maître de l’humour juif new-yorkais, Nicolas Bedos parle en filigrane du cinéma même si le récit que met en scène le réalisateur (Guillaume Canet) n’est jamais fixé sur la pellicule et même s’il est destiné à un seul spectateur, également acteur de cette reconstitution personnalisée : le client.
Tout comme Woody Allen l’a fait dans nombre de ses films, Bedos place sa propre compagne (Dora Tillier) dans le rôle de la jolie femme dont va tomber amoureux le client alors qu’elle interprète le rôle de l’épouse jeune. Le jeu des poupées russes se complique puisque la jeune femme vit une relation passionnelle avec le metteur en scène, le double transparent de Nicolas Bedos. Ce dernier joue d’ailleurs avec la réputation de prétention qu’il traîne depuis quelques émissions de télévision. A un collaborateur qui demande au metteur en scène « Tu te prends pour Dieu ? », il fait répondre par Guillaume Canet « Je suis le scénariste ! »
Une vraie belle réussite
Comme chez Woody Allen toujours, les sentiments vont conduire les personnages dans des situations confuses qui finiront par s’éclaircir car c’est le propre d’une comédie que de bien se terminer. Nicolas Bedos a parfaitement dominé une mécanique dramatique dont les éléments sont particulièrement délicats à imbriquer parfaitement. Il parvient avec finesse à conduire son spectateur vers les mêmes doutes et les mêmes espoirs que le client dépassé par ses sentiments. La Belle Epoque est une vraie belle réussite. A la sortie de la salle, nombreux seront ceux qui se demanderont discrètement : « Et moi, qu’est-ce que je voudrais vivre… ou revivre ? »
La Belle Epoque Une comédie sentimentale française de Nicolas Bedos avec Daniel Auteuil, Dora Tillier, Fanny Ardant, Pierre Arditi, Denis Podalydès 1h55 Sortie française le 6 novembre 2019
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