Abdellatif Kechiche prêt à retirer des plans de sexe de "Mektoub my Love : Intermezzo"
Un "engagement" annoncé après des semaines de polémique autour de son dernier film présenté à Cannes.
Cinq semaines après la controverse cannoise autour du film Mektoub My Love: Intermezzo et de sa fameuse scène de cunnilingus de 13 minutes, le réalisateur Abdellatif Kechiche a proposé à l'actrice Ophélie Bau d'en modifier le montage, dans une lettre adressée à son agent.
Un "engagement" dont a pris acte Elisabeth Tanner qui s'occupe des intérêts de l'actrice, dans une réponse écrite transmise mardi à l'AFP. "J'invite volontiers Ophélie à la table de montage pour me signifier précisément ce qui choque sa pudeur et je m'engage, dans la mesure du possible, à éliminer dans le montage du film les plans qui la gêneraient encore. Ce n'est après tout que du cinéma", avait écrit Kechiche en conclusion d'une longue missive transmise la veille à L'Express.
Une concession rare qui révèle un profond malaise
Une concession extrêmement rare qui traduit au grand jour le profond malaise, palpable à Cannes, qui s'est installé entre le cinéaste et son actrice à mesure qu'approchait la projection du long métrage en sélection officielle et qui trouve son origine dans le maintien au montage de cette scène de sexe oral.
Le 23 mai au soir, Ophélie Bau avait monté les marches avec l'équipe du film, sous les yeux d'Abdellatif Kechiche déjà posté en haut, mais n'était pas restée pour assister à la projection. Lorsque les lumières se sont rallumées, visiblement ému et embarrassé, le réalisateur avait quitté la salle précipitamment en lançant : "Je m'excuse de vous avoir retenus sans vous prévenir et voilà... je m'en vais."
Le lendemain de cette projection, toujours pas d'Ophélie Bau à la conférence de presse, où l'atmosphère était électrique, le service de presse du film prétextant un tournage.
Dans sa lettre, destinée à "éclaircir une situation alarmante et nuisible", alors que son film n'a toujours pas de date de sortie, le cinéaste palmé en 2013 pour La Vie d'Adèle dénonce une "conspiration contre (lui)" qui s'est tramée quelque temps avant le Festival de Cannes, dont le Syndicat des agents artistiques français, présidé par Elisabeth Tanner, "était le principal instigateur".
Kechiche évoque une "conspiration", l'agent d'Ophélie Bau dément
Une accusation fermement rejetée par Elisabeth Tanner dans sa réponse : "Nous n'avons fait aucune déclaration publique à propos ou à l'encontre du film ou des conditions de tournage. Il est donc particulièrement surprenant de vous voir prétendre aujourd'hui à un complot, une conspiration."
"La seule demande qui a été formulée par Ophélie Bau, ainsi que vous en aviez pris l'accord avec elle, était simplement de pouvoir visionner une séquence controversée de ce second opus avant sa première projection publique (...) De manière totalement incompréhensible, vous avez toujours et systématiquement refusé d'accéder à cette requête", poursuit-elle.
Mektoub my Love : Intermezzo est un intermède d'environ 3h30 de Mektoub My Love : Canto Uno sorti en 2017 et dans lequel Ophélie Bau jouait déjà une autre scène de sexe. Palpable sur la Croisette, le malaise a nourri la polémique autour de ce film radical, dont les trois quarts se déroulent en boîte de nuit. Plusieurs spectateurs étaient sortis en cours de projection.
Scène du cunnilingus : Kechiche donne sa version
Dans sa lettre, Kechiche affirme qu'"Ophélie (Bau) a en toute conscience accepté pleinement son rôle dans mes films et à aucun moment n'a manifesté la moindre gêne quant à sa nudité ni à la dimension érotique de certaines séquences".
Revenant sur la séquence de cunnilingus, le réalisateur estime en outre avoir fait une concession à l'actrice : "Prévue à l'origine avec l'acteur Salim Kechiouche, elle a été longuement répétée par Ophélie six mois avant la date où elle a été effectivement tournée. Si Ophélie avait exprimé le moindre gêne et qu'elle ne souhaitait plus y participer, elle avait largement le temps d'y réfléchir et de me le signifier. La seule chose qu'elle ait revendiquée avant, était de pouvoir interpréter cette scène avec un autre acteur, Roméo de Lacour, dont elle était tombée amoureuse entre temps."
Ce n'est pas la première fois que le cinéaste de 58 ans fait l'objet de polémiques. Pour La vie d'Adèle (2013), qui contient également des scènes brûlantes, Léa Seydoux avait notamment dénoncé des conditions de tournage "horribles", tandis qu'Adèle Exarchopoulos, alors âgée de 19 ans, avait parlé de "dix journées entières à tourner" la très longue scène de sexe du film.
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