En 2003, Abbas Fadhel installé en France depuis 15 ans, décide de retourner à Bagdad pour filmer la vie de sa famille, sous le régime de Saddam Hussein, juste avant les bombardements américains. Il y a des hommes, des femmes et des enfants qui vivent, travaillent, mangent et dorment comme dans n’importe quel autre pays. Mais à l’époque, selon le réalisateur, c’est un tout autre visage de l’Irak qui est montré à la communauté internationale. "Les 25 millions d’irakiens n’existaient pas, n’avaient pas de visage. Pour faire la guerre à un pays, on a intérêt à ne pas savoir qu’il y a de vraies personnes, des gens qui y vivent, sinon ce serait compliqué de faire accepter au public de bombarder ce pays et de faire des victimes". Cette première partie du documentaire, véritable plongée dans le quotidien du peuple irakien s’intitule "Avant la chute". (Nour Films) "Après la bataille"La seconde partie du documentaire, "Après la bataille" montre Bagdad en guerre. Les soldats américains accueillis en libérateurs se comportent comme des occupants. Le réalisateur filme aussi la division entre les chiites et les sunnites et l’anarchie qui ouvre la voie à Daesh. Il y aussi des vies brisées à l’image de celle de son neveu de 11 ans. Haidar décède en plein tournage victime d’une balle perdue. (Nour Films) 10 ans pour monter le documentaireBouleversé par le décès de son neveu, Abbas Fahdel va attendre 10 ans pour revoir les images qu’il a filmées et monter le documentaire. Le résultat est exceptionnel tant par sa durée, 5 heures et demi que par sa valeur historique. Le réalisateur montre un visage de l’Irak aujourd’hui disparu, et raconte comment son pays, berceau de l’humanité, a glissé de la dictature au chaos. Un triomphe, "Homeland : Irak année zéro" a déjà raflé de nombreuses récompenses.