Disparition de l'actrice Paulette Dubost, à l'âge de 100 ans
Reine des soubrettes du cinéma français, Paulette Dubost tenait généralement des seconds rôles, mais de ceux qui s'incrustent dans la mémoire. Digne descendante des servantes espiègles de Marivaux, cette petite femme pétillante, au sourire mutin et à l'irrésistible gouaille parisienne proche d'Arletty, avait donné la réplique aux plus illustres acteurs, de Raimu à Catherine Deneuve, en passant par Fernandel, Louis Jouvet, Bourvil, Brigitte Bardot ou Gérard Depardieu. Elle a même été, avant la guerre, la partenaire de Buster Keaton dans "Le Roi des Champs-Elysées" (1935), de Max Nossek.
Elle a tourné avec les plus grands metteurs en scène: Marcel Carné dans "Hôtel du Nord" (1938), Jean Renoir dans "La Règle du jeu", Max Ophüls dans "Le Plaisir" (1951) et "Lola Montès" (1955), Louis Malle dans "Viva Maria" (1966) et "Milou en mai" (1989).
Enfant de la balle, Paulette Dubost était née à Paris le 8 octobre 1910, d'un ingénieur gazier et d'une cantatrice à l'Opéra-Comique, dont elle avait hérité une indéfectible joie de vivre et le secret d'une éternelle jeunesse. Elle commence sa carrière sur les pointes comme petit rat de l'Opéra de Paris mais, comprenant qu'elle ne sera jamais une danseuse étoile, elle se tourne vers les revues de music-hall et l'opérette. Elle chante et danse aux Bouffes-Parisiens en compagnie de trois futures stars: Edwige Feuillère, Viviane Romance et Simone Simon.
La drôlerie et le charme pétillant de Paulette Dubost n'échappent pas aux cinéastes. Elle débute à l'écran en 1928 dans "L'Amoureuse aventure" et rencontre Carné et Renoir. Pour ce dernier, elle sera en 1939 l'affriolante Lisette de "La Règle du jeu" que se disputent Carette et Gaston Modot sous le regard connaisseur de Dalio. L'année précédente, dirigée par Pierre Caron, elle avait incarné avec cocasserie le personnage de Bécassine.
Elle enchaîne film sur film, sans souci de leur qualité, et figure dans une série invraisemblable de "nanars" aux titres évocateurs : "Noces et banquets", "La caserne en folie", "Chéri de sa concierge" jusqu'aux "Charlots et autres "Bronzés". Une rencontre essentielle cependant, celle de Louis Malle qui lui confie un rôle sur mesure dans "Viva Maria", et qu'elle retrouve pour "Milou en mai".
On avait revu ces dernières années Paulette Dubost dans "1,2,3...Soleil" de Bertrand Blier ou dans "Le Jour des rois" de Marie-Claude de Treilhou, mais aussi à la télévision. La comédienne qui, jusqu'à ses derniers jours, avait conservé l'amour de la bonne chère et le sens de la répartie, disparaît a l'âge de 100 ans. Nonobstant cette longévité exceptionnelle, elle laisse un savoureux livre de souvenirs baptisé "C'est court, la vie".
"Mémoire du cinéma" français
Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, a rendu hommage lundi à la comédienne Paulette Dubost, "mémoire de notre cinéma".
"Évoquer sa filmographie, c'est tourner d'innombrables belles pages des grands tournages du cinéma français: "Hôtel du nord" de Marcel Carné, "La règle du jeu" de Jean Renoir, "Lola Montès" de Max Ophüls...", énumère-t-il, évoquant aussi, "avec le développement de la télévision (...), une de ces figures
familières que les Français aimaient retrouver sur le petit écran".
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