Denis Villeneuve, la nouvelle coqueluche d'Hollywood à Cannes
Son nom de vous dit pas forcément grand chose. Son visage encore moins. Et pour tant il va falloir s'y habituer. Non Denis Villeneuve n'est pas un jeune stagiaire au père français qui se serait subrepticement glissé dans l'entrebâillement d'une porte d'un studio californien. Non, Denis Villeneuve, quarante-sept printemps, c'est l'une des étoiles montantes d'Hollywood. Une "star" comme on dit de l'autre côté de l'Atlantique, déjà bien haute dans la voie lactée du 7e art. Barbe grisonnante et bonheur en bandoulière, le voilà à quelques heures d'une projection de son dernier film "Sicario", sélectionné en Compétition du 68e Festival de Cannes. Remarqué sur la croisette il y a six ans avec "Polytechnique", l'enfant de Trois-Rivières a tracé son chemin depuis, en y semant les pellicules avec maîtrise.
"Polytechnique", récit d'un drame national
Lorsqu'il réalise "Polytechnique" en 2009, Denis Villeneuve possède déjà un certain "background". Deux films à retenir : "Un 32 août sur terre" (1998) et "Maelström" (2000) qui lui valent quelques prix internationaux (Namur, Berlin, Bratislava). Mais c'est bien avec ce long-métrage en noir et blanc, inspirée de la tuerie au sein de la l'École Polytechnique de Montréal en 1999, que Denis Villeneuve est véritablement remarqué. Fiction aux accents documentaires, ce film rappelle évidemment par son sujet "Elephant" de Gus Van Sant (en Compétition avec "The Sea of Trees"), qui avait triomphé à Cannes en 2004."Incendies" pousse Villeneuve sous les feux de la rampe
C'est le film qui bouleverse sa carrière. Adaptation d'une pièce de théâtre du Libano-canadien Wajdi Mouawad, elle même inspirée de l'histoire de la militante libanaise Souha Bechara, ce long-métrage présenté à la 67e Mostra de Venise croule sous les éloges et les prix. Considéré comme l'un des dix meilleurs films de 2011 par le New York Times (rien que ça), il sera nominé dans la catégorie meilleur film en langue étrangère aux Oscars cette même année. Côté réception du public, "Incendies" est un succès du box-office, au canada mais aussi à l'étranger. La carrière américaine de Denis Villeneuve peut démarrer.
"Prisoners", un thriller esthétisant pour confirmer
Le succès de "Incendies" permet à Denis Villeneuve d'être accueuillis à bras ouverts (ou presque) par Hollywood. En 2013, il réalise deux films : "Enemy" et "Prisoners", le second sortant en salles avant le premier . Et qui dit changement de stature dit changement de moyens. "Prisoners" est produit par la société américaine Alcon Entertainment et bénéficie d'un budget de 46 millions de dollars, soit près de 40 millions de plus qu'"Incendies". Aussi, le Québécois s'offre un casting de premier choix : Jake Gyllenhaal (membre du Jury cette année) vu notamment dans "Zodiac" de David Fincher, Hugh Jackman, connu pour son rôle de Wolverine dans la sage "X-men" ou encore Paul Dano, présent dans le film en Compétition de Paolo Sorrentino, "Youth". Sujet maîtrisé, tension efficace, photographie sublime, le film, s'il ne fait pas une razzia de récompense, surprend et marque le public international. Au point que Villeneuve n'est plus tout à fait un nom qui passe inaperçu au générique.
"Enemy" sort dans la foulée
Adapté d'une nouvelle écrite par le Portugais et prix Nobel de littérature José Saramago, "Enemy" est une production (canado-espagnole) plus modeste que "Prisoners", ce qui peut expliquer sa sortie dans un deuxième temps. Après la disparition d'enfants et la vengeance personnelle dans "Prisoners", Denis Villeneuve choisit d'aborder le thème de l'identité. Pour l'accompagner dans cette aventure fantastique à l'athmosphère ambrée, Jake Gyllenhaal, fidèle au poste, et la Française Mélanie Laurent ("Je vais bien ne t'en fais pas", "Inglorious Bastards"). Un film aux qualités indéniables mais qui ne reçoit toutefois pas le même écho que les dernières réalisations du Canadien.
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