[DEAUVILLE] Le discours brûlot de John McTiernan sur l'Amérique
Ce discours intervient à un moment très particulier dans la vie du cinéaste. Il vient en effet d’effectuer une peine d’un an de prison et de plusieurs mois d’assignation à résidence, suite à un différend avec le FBI. Cette peine intervenait après un conflit qu’a rencontré le réalisateur sur le tournage de "Rollerball" avec son producteur. Embauchant un détective privé, il l’a espionné et mis sur écoute. Découvert et interrogé par les autorités, il a menti à la police fédéral, crime de lèse majesté, ce qui lui a valu sa condamnation. Il est sorti de prison en février 2014, il y a six mois.
Sur la scène du Centre International de Deauville, John McTierman a déclaré avoir d’abord prévu "tout un discours, mais c’était une mauvaise idée". Il s’est alors lancé dans une improvisation où transparaissait une forte émotion du début à la fin.
Se référant aux organisateurs du festival, il a considéré que "Ces gens sont intervenus à un moment très difficile de (sa) vie. Je n’ai pas de mots pour leur témoigner ma gratitude". "Depuis 40 ans le festival se consacre à la culture de mon pays. Mais aujourd’hui, il y a comme une révolution contre-culturelle. Nous avons un bon président, mais il est enfermé dans la Maison-Blanche et il ne fait guère plus que d’inaugurer les chrysanthèmes", a-t-il ajouté.
Se référant à sa propre expérience, John Mc Tiernan a estimé que son "pays est un pays de prisonniers. Il y en a plus qu’en Corée-du-Nord", selon lui. "Vous pouvez passer plus de temps en prison aux Etats-Unis pour tel ou tel fait que si vous étiez un meurtrier", a-t-il lancé. "Aujourd’hui, 250.000 personnes sont en prison sans être passés devant un tribunal", a-t-il poursuivi.
Continuant sa diatribe, le cinéaste a estimé que "Depuis 20 ans, 15% de la population américaine à été en prison, ce qui retire le droit de vote.". "Cela fait la différence, car ce sont les classes moyennes et les plus pauvres qui sont les plus touchés", a-t-il dit.
"J’espère qu’à travers mes films, vous avez senti combien je déteste l’élite qui gouverne ce pays par un pouvoir illégal" a conclu le cinéaste. On ne peut pas être plus clair…
La carrière de John McTiernan
Né en 1951 et passé, comme Jessica Chastin, par la Juilliard School de New York, John McTiernan entre à l'American Film Institute et tourne ensuite plusieurs spots publicitaires. En 1986 il sort sur les écrans son premier long métrage, "Nomads", un thriller fantastique avec un Pierce Brosnan inconnu au cinéma, mais reconnu à la télévision dans le rôle de Remington Steele.
Même si le film est un succès confidentiel, il impressionne les aficionados du genre et la 20th Century Fox qui lui offre sur un plateau la réalisation du blockbuster de science-fiction "Predator" (1987) avec l'immense star qu'est devenu Arnold Schwarzenegger. Le film est un carton international, tant public que critique, et révèle l'inventivité de son metteur en scène pour filmer l'action et la jungle, environnement où se déroule l'action. Un essai transformé dans "Piège de cristal" en 1988, où son filmage de scènes d'action tonitruantes à l'intérieur d'une tour de verre transforme le genre. McTiernan, comme pour "Nomads" propulse en haut de l'affiche un acteur venu de la télévision, promis à un bel avenir : Bruce Willis.
Il s'était engagé entre-temps dans la réalisation de "Basic", un thriller dans les milieux militaires, resté quelque peu confidentiel malgré la présence de John Travolta et Samuel L. Jackson au générique. Son dernier film sorti en France.
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