Cet article date de plus de douze ans.

[DEAUVILLE] : Harvey Keitel, tapis rouges et belles dentelles

Ambiance sur le tapis rouge de Deauville. Voilà, le 38e Festival du film américain de Deauville est lancé. Harvey Keitel, qui bénéficiait d’un hommage, a été le dernier à arriver dans sa limousine. En famille, l’acteur de "Mean Streets" a joué un rôle qui lui va comme un gant : M. Loyal
Article rédigé par franceinfo - Ronan Tesoriere, Jacky Bornet et Vanessa Fize
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Harvey Keitel, vendredi soir à Deauville
 (Michel Spingler/AP/SIPA)

« La France m’aime autant que j’aime la France et son cinéma avec tous ses grands acteurs et réalisateurs au travers des âges », a lâché souriant le  septuagénaire.

Auparavant, le tapis rouge avait fait la part belle aux actrices comme Sandrine Bonnaire ou Clothilde Courau, présidente et membre du jury. Autre étoile filante Héléna Noguerra, la chanteuse et actrice a attiré les flashs des photographes du haut de ses interminables jambes.

Claude Lelouch qui passait par-là, déclare être "né une seconde fois ici", la magnifique plage de Deauville étant le cadre de la célèbre scène tournoyante entre Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimé d'"Un homme et une femme". Le film devait lui valoir le Grand prix à Cannes en 1966. Frédérix Beigbeder se dit "pris de passion pour les tapis rouges" qu'il foule de plus en plus...  

Helena Noguerra sur le tapis rouge de Deauville
 (Culturebox)

William Friedkin, qui fera lui aussi l’objet d’un hommage, dimanche soir, a tenté de voler la vedette de son impayable humour : « Je suis trop jeune pour qu’on me rende hommage ! Ce qui m’intéresse ce n’est pas ma carrière mais mon prochain film » nous confiait-il goguenard au bras de son épouse.

Jake Schreier, dont le premier film était diffusé ce soir en ouverture – "Robot and Frank" – était presque timide au milieu de tous ces grands noms des salles obscures.
« je suis heureux qu’il y ait un petit buzz sur mon film. C’est un honneur d’être projeté en ouverture de ce festival» déclarait-il le sourire aux lèvres.

Harvey Keitel faisait encore le tour des télés, qui pour certaines lui demandaient son avis sur le dérapage de Clint Eastwood à la Convention Républicaine de Tampa, que la cérémonie débutait déjà. M. Loyal/Keitel n’avait plus qu’à aller chercher sa récompense.

Une cérémonie d'ouverture un rien solennelle
A l’intérieur de splendide auditorium Michel d’Ornano, du Centre International de Deauville (CID), l’heure est plus cérémonielle et pompeuse. En un mot : officielle.

Le maire de Deauville Philippe Augier se fend d’un discours sur une succession d’anniversaires que marque ce 38e Festival, jusqu’à celui de son épouse. Il est au côté de l’ambassadeur des Etats-Unis en France depuis 2001, Charles Rivkin, qui rend un vibrant hommage au cinéma des origines, rappelant que « 33 spectateurs seulement avaient assisté à la première projection des frères Lumières en 1895 et que nous sommes aujourd’hui des millions à vivre la magie du cinéma. L’émotion de voir un film sur grand écran n’a pas changé », ajoutait-il. Charles Rivkin n’a pas raté un seul festival depuis son arrivée en France.

Lionel Chouchan, cofondateur du Festival avec André Halimi, plus décontracté, évoque leur passion et l’amour, « masochiste », pour l’adrénaline nécessaire à l’entreprise d’une telle création. Enfin, Serge Toubiana, directeur de la Cinémathèque française se charge de l’hommage rendu à Harvey Keitel au cours d’un discours fleuve dont il le secret.

Harvey Keitel en pleine standing ovation lors de son hommage rendu au 38e Festival du cinéma américain de Deauville
 (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
 

Evoquant sa filmographie de plus de cent titres, Toubiana classe Harvey Keitel du côté d’un Robert Mitchum, des « bad guys », pétris de « violence et de magnétisme », d’un charisme physique qui remplit l’écran. Il rappelle « le pacte secret » qui le lie à Robert De Niro, à travers Martin Scorsese. Le réalisateur les a dirigés ensemble dans ses premiers films (« Mean Street », « Taxi Driver »), puis séparément (« Alice n’est plus ici », "La Dernière tentation du Christ" pour Keitel, « Les Affranchis », « Casino » pour De Niro).

Après avoir appelé cette icône du cinéma américain sur scène, l'acteur le retrouvait au son de la musique de « Pulp Fiction », avec une standing ovation des 1500 personnes, conquises, de l’auditorium. Evoquant sa nullité en français en classe, Keitel enchaîne sur les rapports intimes entre les Etats-Unis et la France à travers le cinéma, comparant les combats qui ont souvent rapproché les deux pays au « combat que constitue la fabrication d’un film ». Il finit en lançant « Ma force est la votre ! ». Beau geste.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.