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[DEAUVILLE] Behn Zeitlin : "Un rapport à la nature viscéral"

Avant-dernier film de la compétition, "Les bêtes du sud sauvage" a été projeté ce vendredi matin. Déjà lauréat de la Caméra d'Or à Cannes et du premier prix du festival de Sundance, encensé aux Etats-Unis par Oprah Winfrey et Barack Obama, le film a de nouveau touché de nombreux spectateurs. Son réalisateur, Behn Zeitlin, est revenu, lors de la conférence de presse, sur sa conception et son tournage en Louisiane du sud, une terre à laquelle sont attachés ses habitants malgré la brutalité de la nature.
Article rédigé par franceinfo - Christophe Meunier
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Behn Zeitlin, réalisateur de "Les bêtes du sud sauvage"
 (Ch.Meunier/Culturebox)

Difficile de savoir si le film fera un carton plein lors de la remise des prix. En attendant, il a touché en plein coeur plusieurs membres de notre équipe. Notre spécialiste, Jacky Bornet, a lui aussi été séduit. L'auteur de ces lignes, quant à lui, a eu bien du mal à se plonger dans le bain de la conférence de presse quelques minutes seulement après la projection, les yeux encore embués d'un rideau de larmes.

Et pourtant, l'entrée dans le film n'est pas si facile tant l'univers et les personnages dépeints nous sont étrangers. Rien ne semblait prédestiner Behn Zeitlin, réalisateur originaire de New-York, un milieu urbain par excellence, à s'aventurer dans les terres hostiles de la Louisiane du sud. "Je me suis intéressé aux personnes qui vivent dans des endroits où la terre est inexorablement avalée par la mer". Chacun a en tête les images de la Nouvelle-Orléans dévastée par l'ouragan Katrina. Mais la situation est encore plus dramatique au sud de l'Etat. "C'est un lieu où la nature reprend ses droits, ce n'est plus vraiment le territoire des humains. Il faut se battre pour survivre." Behn Zeitlin raconte ainsi qu'il se postait juste derrière son cameraman afin de tuer les moustiques qui s'attaquaient à lui.  Une anecdote qui fera sans doute sourire les habitants du "Bassin", confrontés chaque jour à la sauvagerie de la nature mais qui, pour rien au monde, ne quitteraient leur terre.

 

 

Behn Zeitlin raconte qu'il s'est totalement immergé dans cet univers pour comprendre ces hommes et ces femmes et écrire son long-métrage. "Je suis parti vivre dans une de ces villes. Chaque jour, je m'asseyais face à la mer avec mon ordinateur portable pour écrire mon scénario. Petit à petit, les gens sont venus me voir, ils ont commencé à discuter avec moi puis on m'a invité à dîner. Ils se sont peu à peu ouverts et m'ont raconté l'histoire de la communauté." Une communauté partie prenante du film puisque de nombreux acteurs en sont issus. Le metteur en scène a loguement travaillé avec eux afin d'être au plus proche de la réalité.

 

 

Behn Zeitlin n'a pas fait d'école de cinéma, "pour moi ce n'est pas vraiment un métier, c'est comme quand je faisais des spectacles de marionettes avec ma soeur". Il revendique une approche artisanale: "On touche à tout, chaque personne fait cinq ou six choses différentes." Il s'est ainsi occupé du scénario, de la réalisation et de la composition de la bande-originale, alternant sonorités enfantines et morceaux aux accents cajuns: "Ecrire la musique c'est comme écrire une scène, c'est un élément de narration". Pour l'image, le réalisateur a opté pour le grain du 16 mm: "La majorité des films sont tournés aujourd'hui en vidéo digitale, ça donne une image super propre. Or, nous nous intéressons à des personnes qui sont loin d'être lisses, qui sont à la marge". Sur un plan formel, le film repose sur la confrontation de deux approches différentes, deux perceptions du monde.

 

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