Deauville attend le palmarès
Tant côté public que critiques, un film semblait faire presque consensus sur les 14 en compétition : "99 homes", de Ramin Bahrani, sur une Amérique rongée par la crise du crédit, où expulser les gens de chez eux devient un "sport national", a résumé, lors d'une conférence de presse, le réalisateur du film qui était aussi en compétition à Venise en 2014.
Le film qui doit ne sortir en France qu'en vidéo à la demande, a été ovationné par la plupart des 1.500 personnes devant lesquelles il a été projeté au début du festival. Reste à savoir ce qu'en a pensé le jury présidé par Benoît Jacquot, tenu au secret jusqu'à la remise des prix vers 20 heures.
Crise de la famille
"Crise" demeure le maître mot de la sélection Deauville 2015, avec des films qui font souvent l'effet d'un coup de poing dans le ventre."Tangerine", l'histoire de deux amis transgenres, tournée avec un iPhone, est peut-être celui qui a suscité le plus d'avis divergents. Son réalisateur Sean Baker a expliqué s'être "inspiré du rythme des réseaux sociaux" pour déterminer celui de son cinquième film.
"Madame Bovary", un des quelques films calmes de la sélection, est adaptée par la franco-américaine Sophie Barthes et souligne le piège de la spirale du crédit.
Les spectateurs de Deauville ont aussi vu beaucoup de vernis se fissurer, parfois violemment. Ainsi le clinquant de familles en apparence idéales comme dans "I Smile Back" en compétition ou "Knock Knock" avec Keanu Reeves, hors compétition, vole-t-il en éclats.
Crise de la quarantaine
De la même manière, dans "Day Out of Days" ("Un jour parmi d'autres"), en compétition, c'est le mythe de la carrière d'une femme proche de la quarantaine à Hollywood qui s'effondre. Il s'agit du deuxième film de Zoe Cassavetes, la fille de l'actrice Gena Rowlands et du réalisateur d'"Une femme sous influence", John Cassavetes.L'humour de "Dope", film en compétition produit par Forest Whitaker et présenté vendredi, a un peu détendu l'atmosphère malgré la violence des quartiers chauds de Los Angeles à laquelle le héros, un brillant, timide et malicieux lycéen noir, doit faire face. La musique est cosignée par Pharrell Williams.
Crise du financement
Même le réalisateur de blockbusters Michael Bay ("Armageddon", "Transformers") a évoqué une crise, celle du financement des superproductions. Le producteur s'est plaint d'avoir dû "mendier" une rallonge à Hollywood pour son dernier film.Côté stars, cette 41e édition restera marquée par le charme de deux acteurs clés du "Seigneur des anneaux", Orlando Bloom et Ian Mc Kellen, deux stars de blockbusters dont l'une aspire à des films indépendants et l'autre a fait l'éloge du théâtre.
Orlando Bloom, 38 ans, a déclaré son amour au cinéma français et fait savoir qu'il aimerait tourner avec Jacques Audiard "même pour un petit rôle". L'acteur, qui a incarné l'elfe Legolas, a attiré près de 1.500 fans et revendeurs d'autographes sur les planches dimanche, selon la police.
Keanu Reeves a attiré les foules
Ian McKellen, 76 ans, a aussi ému le public en faisant le pitre jeudi et en rendant hommage au M. Hulot de Jacques Tati. "Avec l'âge, on apprend à naviguer entre deux eaux. J'ai appris à être drôle. Mais c'est toujours le même soulagement lorsque le réalisateur dit 'coupez' à la énième prise", a expliqué celui qui incarne un Sherlock Holmes de 93 ans dans son prochain film, "Mr Holmes", réalisé par Bill Condon.Keanu Reeves, qui a ouvert le festival le 4 septembre, est apparu plus timide mais a lui aussi longuement répondu aux sollicitations de plusieurs centaines de personnes.
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