Compas dans l'œil, jambes cassées et cœur sur la main : la vraie vie d'aventurier d'Harrison Ford
L'acteur a survécu à un crash d'avion jeudi près de Los Angeles. La dernière d'une longue série d'aventures.
Son engin vient de se planter dans l'herbe. Hagard, le pilote, le visage en sang, émerge de la carlingue du petit avion dont le nez métallique s'est fracassé sur le green du golf de Santa Monica, la banlieue chic de Los Angeles, en Californie. Interrompus en pleine partie, les golfeurs observent, incrédules, Harrison Ford se redresser, époussetant son pantalon comme après une chute banale. D'une pichenette, le héros redresse nonchalamment son chapeau, sourit aux joueurs et lance, à la cool : "Pardon messieurs dames. Plus de place sur le parking", avant de boitiller en direction du club house.
Chouette scénario, n'est-ce pas ? Hélas, l'accident survenu jeudi 5 mars (et ici largement romancé) n'a pas été écrit par un aspirant scénariste hollywoodien. Dans la vraie vie, l'acteur de 72 ans, blessé dans le crash de son appareil, se remet tranquillement à l'hôpital voisin de Venice ("Ah, Venice !") après une belle frayeur. A cette occasion, francetv info revient sur la vraie vie d'aventurier d'Harrison Ford, un héros casse-cou au parcours atypique, amoureux de la prise de risque.
Acteur au chômage devenu le charpentier "le plus connu depuis Jésus"
Arrivé à Hollywood au milieu des années 60 avec de grandes ambitions, Harrison Ford a bien failli passer à côté de sa carrière. Pendant des années, l'acteur ne décroche que quelques petits rôles pour la télévision. A bientôt 30 ans, jeune papa de deux garçons et sérieusement dans la dèche, il décide de se reconvertir. Autodidacte, il devient le "charpentier des stars", au début des années 70. "Je voulais retaper ma maison, qui tombait en ruine", a-t-il raconté, interrogé par les internautes du site Reddit en 2014. "J'avais investi dans des outils, mais je ne pouvais pas me payer les matériaux. C'est là que j'ai réalisé que ce pourrait être une bonne façon de gagner ma vie".
Devenu charpentier à temps plein, il construit notamment un studio d'enregistrement pour le compositeur brésilien Sergio Mendes et se fait enfin un nom dans le tout Hollywood, marteau à la main : il confectionne meubles et rangements pour l'acteur Richard Dreyfuss (Les Dents de la mer), le claviériste des Doors, Ray Manzarek, ou encore (et surtout) les réalisateurs George Lucas et Francis Ford Coppola. Des rencontres qui feront bientôt de lui "l'ancien charpentier le plus célèbre depuis Jésus", s'enflamme le site Grantland (lien en anglais).
Devenu son ami, George Lucas lui offre en 1973 son premier vrai rôle au cinéma, celui de Bob Falta dans American Graffiti. L'année suivante, Coppola l'engage pour apparaître dans Conversation secrète, un thriller qui décroche en 1974 la palme d'Or du festival de Cannes. En 1976, George Lucas sollicite à nouveau son pote charpentier pour l'aider à auditionner des comédiens en vue d'incarner Han Solo dans le film de science-fiction sur lequel il travaille : Star Wars. C'est finalement lui qui incarnera le personnage du contrebandier au grand coeur.
Un cascadeur un peu trop zélé, même à 72 ans
La carrière d'acteur d'Harrison Ford s'ouvre par un passage à l'hôpital. En 1964, alors qu'il vient juste de s'installer à Los Angeles, il fonce en voiture dans un pylône téléphonique en voulant accrocher sa ceinture de sécurité et hérite d'une cicatrice sur le menton, toujours bien visible aujourd'hui. Plus tard, ses rôles d'aventuriers, Indiana Jones en tête, permettent au comédien de satisfaire sa fibre casse-cou, lui qui insiste pour réaliser la plupart de ses cascades. Non sans casse. Pendant le tournage des Aventuriers de l'arche perdue, un petit avion lui roule dessus et lui fracasse une jambe. Tiré par un camion à l'occasion d'une nouvelle scène, il se blesse aux côtes. Quelques années plus tard, pendant que Steven Spielberg tourne avec lui Le temple maudit, il se blesse au dos en tombant d'un éléphant, raconte l'un de ses biographes dans The Harrison Ford Story (en anglais). Les interminables chevauchées à dos de pachyderme lui valent une hernie discale.
En 1982, il finit en sang après avoir demandé à l'actrice Daryl Hannah, qui lui donne la réplique dans Blade Runner, de ne pas simuler pendant une scène de bagarre. Rebelote en 1997. Cette fois, c'est Gary Oldman et ses hommes, grimés en dangereux terroristes, qui le défigurent en le ruant de vrais coups au visage sur le plateau de Air Force One. "Il avait la lèvre tuméfiée, un œil au beurre noir. Jour après jour, il se faisait tabasser [sur le tournage]. On lui disait : 'vas-y doucement Harrison' et lui répondait 'c'est bon, c'est bon, je peux le faire'", raconte son partenaire à l'écran, William H Macy, cité dans la biographie Harrison Ford : The films (en anglais).
Lorsqu'il ne paye pas son audace sur les plateaux, il arrive que le décor se rebelle contre lui. Presque 40 ans après s'être fait rouler sur la jambe par un avion, il se blesse à nouveau sur le tournage de Star Wars 7, en 2014. Cette fois, la porte d'un Millenium Falcon, l'engin que pilote Han Solo dans la saga, s'est détachée de l'appareil avant de tomber sur la patte du pauvre Harrison. Bilan : un plâtre.
Un pilote téméraire qui n'écoute que son courage
Pourtant, L'acteur a plutôt l'habitude des engins volants. A l'instar d'Han Solo et d'Indiana Jones, Harrison Ford est un pilote aguerri. Depuis 1996, il est l'heureux titulaire d'un brevet de pilotage et d'une belle collection d'appareil. Aujourd'hui, "j'ai plus d'avions qu'il n'est raisonnable d'avoir", confiait l'acteur en 2004 au magazine Airport Journal. C'est d'ailleurs à bord d'un de ces joujous que l'acteur a atterri tant bien que mal dans un golf californien. Déjà en 1999, il avait survécu à un crash, en hélicoptère cette fois, toujours dans la région de Los Angeles. Le motif ? Une "erreur de pilotage". Incassable, Harrison Ford vole dès qu'il en a l'occasion, au point de devenir fin 2014 membre d'un club d'aviation britannique, histoire de ne pas perdre la main le temps lors du tournage de Star Wars VII, dans les studios londoniens de Pinewood.
Hors caméra, l'Américain joue aussi les cœurs vaillants. En 2001, il a intégré un groupe de volontaires chargés de survoler le site de Yellowstone, aux Etats-Unis. A ce titre, il a secouru une randonneuse qui s'était égarée dans les montagnes. Déshydratée et fébrile, elle a admis plus tard ne pas avoir immédiatement reconnu Indiana Jones, quand bien même l'acteur portait "un chapeau de cow-boy", se souvient la randonneuse. "Je n'en reviens pas d'avoir vomi dans l'hélicoptère d'Harrison Ford", a-t-elle encore confié, interrogée par l'agence Associated Press. Un an plus tard, l'acteur est de nouveau venu en aide à un malheureux promeneur, cette fois un boy scout de 13 ans, perdu dans la nature. Pas de quoi frimer, selon l'acteur. En 2008, il râlait dans les pages de USA Today : "J'ai pensé que [l'attention médiatique portée sur lui] détournait l'attention des autres personnes impliquées [dans le sauvetage]. D'un coup, je me retrouve à faire le malin comme un p**** de héros". Un rôle qui lui colle à la peau.
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