Claude Chabrol, un demi-siècle de cinéma
Chabrol a passé un demi-siècle à décortiquer les moeurs hypocrites de la bourgeoisie. "J'ai donné mon premier tour de manivelle en 1957, mais j'ai tourné "Le beau Serge" l'année suivante et comme il est sorti en 1959, c'est bien cette année que je fête mes 50 ans de cinéma !" lance, goguenard, celui qui fut une figure de la Nouvelle Vague avec François Truffaut et Jean-Luc Godard.
"J'avais un plan en tête dès le départ, un plan balzacien !" affirme ce chroniqueur impitoyable de la comédie humaine, qui a financé son premier film grâce à l'héritage de sa première femme. "Je savais qu'il y aurait des déboires, et parfois je suis allé assez loin mais au final je suis assez content, car plus des quatre cinquièmes des films que j'ai faits correspondent à peu près à ce que je voulais faire", dit-il.
Amateur de femmes, Chabrol a souvent tourné avec des actrices devenues "fétiches" : Stéphane Audran, sa deuxième épouse, fut sa "Femme infidèle" et a joué dans de nombreux films du réalisateur, mais certains des personnages les plus "chabroliens" furent incarnés par Isabelle Huppert, de la domestique meurtrière de "La cérémonie" (1995) à l'avorteuse d'"Une affaire de femmes" (1988). C'est avec certaines d'entre elles qu'il a soufflé ses 50 bougies de cinéaste la semaine dernière après avoir reçu à Berlin la Caméra de la Berlinale 2009 pour l'ensemble de sa carrière.
Il y présentait son "petit dernier": "Bellamy" (sur les écrans demain), avec Gérard Depardieu, autre monstre sacré du cinéma français avec qui il n'avait jamais travaillé. L'amateur de l'oeuvre de Simenon dresse dans ce film le portrait d'un commissaire en vacances dans la maison familiale de sa femme dans le Sud de la France, un personnage "à la Maigret", selon Chabrol qui n'a pas l'intention de s'arrêter de tourner des films après celui-ci. "Je compte bien continuer à travailler: ce sont les seuls moments où je me repose !", prévient l'homme au cigare.
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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