Charlie Hebdo : le réalisateur Luc Besson écrit à la jeunesse musulmane
"Mon frère, si tu savais combien j’ai mal pour toi aujourd’hui, toi et ta belle religion ainsi souillée, humiliée, montrée du doigt", commence Luc Besson dans cette tribune à lire ici. Le réalisateur du "Grand Bleu" et du "Cinquième élément" s'interroge ensuite sur la société qui est proposée à la jeunesse et en appelle à la responsabilité des puissants.
"Quelle est la société que l’on te propose ? Basée sur l’argent, le profit, la ségrégation, le racisme. Dans certaines banlieues, le chômage des moins de 25 ans atteint 50 %. On t’écarte pour ta couleur ou ton prénom. On te contrôle dix fois par jour, on t’entasse dans des barres d’immeubles et personne ne te représente. Qui peut vivre et s’épanouir dans de telles conditions ?", demande le père de La Cité du Cinéma édifiée à Saint-Denis.
"J’en appelle aux puissants, aux grands patrons, à tous les dirigeants. Aidez cette jeunesse, humiliée, qui ne demande qu’à faire partie de la société.", lance-t-il, ajoutant "Chers puissants, vous avez des enfants ? Vous les aimez ? Que voulez-vous leur laisser ? Du pognon ? Pourquoi pas un monde plus juste ? C’est ce qui rendrait vos enfants les plus fiers de vous."
Il appelle aussi ses frères musulmans à "changer cette société (...) en prenant un crayon plutôt qu'une kalachnikov" car "la démocratie a cela de bien qu'elle t'offre des outils nobles pour te défendre." "Ça coûte 250 euros d’acheter une kalachnikov mais à peine 3 euros pour acheter un stylo, et ta réponse peut avoir mille fois plus d’impact."
"Le terrorisme ne gagnera jamais. L’histoire est là pour le prouver", assure Luc Besson. "Les prédicateurs radicaux qui font leur business et jouent de ton malheur n’ont aucune bonne intention. Ils se servent de ta religion à leur seul avantage." Et le réalisateur de souligner : "la belle image du martyr marche dans les deux sens. Aujourd’hui il y a mille Cabu et mille Wolinski qui viennent de naître." "Mais aujourd'hui, mon fère, je pleure avec toi".
Lire la tribune intégrale de Luc Besson sur le site du Monde.
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