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"C'est marcher sur la tête des victimes" : Roman Polanski récompensé aux César malgré les protestations

Une centaine de personnes se sont réunies vendredi soir à quelques mètres de la salle Pleyel pour dénoncer notamment les 12 nominations du film "J'accuse" du réalisateur Roman Polanski, visé par des accusations de viol. 

Article rédigé par franceinfo - Clara Echarri
Radio France
Publié Mis à jour
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Des manifestants se sont rassemblés vendredi 28 février au soir aux abords de la salle Pleyel à Paris, en marge de la cérémonie des César, pour dénoncer les douze nominations pour le film de Roman Polanski. (LUCAS BARIOULET / AFP)

Pancartes, chants, chorégraphie féministe inspirée du mouvement "des chiliennes"... Les actions et slogans anti Polanski ont marqué l'avant-cérémonie des César vendredi 28 février. "Comme d'habitude, on préfère protéger la réputation des hommes que de protéger la vie des femmes", dénonce Camille, qui fait partie de la centaine de personnes, majoritairement des femmes, qui se sont réunies vendredi soir à quelques mètres de la salle Pleyel à l'appel de plusieurs collectifs féministes. 

On est là pour crier notre ras-le-bol !

Une manifestante

à franceinfo

Ras-le-bol aussi de l'hypocrisie de l'Académie des Césars, pointée du doigt par Pauline : "Avoir des César qui, il y a deux ans, se disent on ne va pas prendre Polanski pour présenter la cérémonie, et qui cette année se disent qu'il n'y a aucun problème à le nommer 12 fois'… Il faut se reposer les bonnes questions", lance-t-elle. Dans la foule, des femmes et des hommes. Jean-Baptiste brandit sa pancarte "J'accuse Violanski". "On ne peut pas ne pas être solidaire de ce qui se passe par rapport à l'omerta qui a lieu depuis toujours dans le cinéma, le sport. On voit que le mouvement #MeToo enfin libère la parole", dit-il.

On doit être là parce qu'on ne peut pas dissocier la vie de l'artiste de sa vie intime. Moi je pense que les deux sont liées.

Un manifestant

à franceinfo

À l’intérieur de la salle Pleyel aussi l’affaire Polanski est dans tous les esprits. Swann Arlaud, César du meilleur second rôle, n’a pas manqué d’y faire allusion : "On vient défendre un film qui dénonce le pouvoir de l'institution de l'Église qui protège ses bourreaux. Mais comme on le sait, l'Église n'est pas la seule institution concernée. Évidemment vous m'avez compris, je parle ici du patinage artistique bien sûr !"  

Pour nous c'était important d'être là et de faire bloc.

Une manifestante

à franceinfo

Le réalisateur franco-polonais a finalement été sacré. Un choix intolérable pour de nombreuses militantes. "On n'est pas d'accord que des gens qui sont reconnus coupables de viol et de pedocriminalité puissent à la fois produire un travail avec des subventions, le présenter et être récompensés par des institutions qui sont importantes, dénonce une militante. C'est effectivement que de marcher sur la tête des victimes que de dire à des gens : 'Vous pouvez continuer à travailler, vous pouvez continuer à être dans la lumière'." 

Je ne vois pas pourquoi on devrait donner des récompenses à des gens qui ont brisé la vie des autres.

Une manifestante

à franceinfo

Sandrine Kiberlain avait annoncé en début de soirée que cette cérémonie serait la première d’une nouvelle époque. Il faudra visiblement attendre un peu.

Clara Echarri a recueilli les réactions à la sortie des César 2020.

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