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Cannes 2017 : "Wonderstruck" de Todd Haynes émerveille dans un mélodrame musical et fantastique

Deux ans après sa Queer Palm (film gay) pour "Carol", Todd Haynes est en compétition avec son 8e long métrage, “Wonderstruck”. On y retrouve deux habituées du Festival de Cannes : Julianne Moore, Prix d'interprétation féminine en 2014, et Michelle Williams ("Blue Valentine"). Le film adapte le roman graphique "Black Out" de Brian Selznick, l'histoire de deux enfants sourds à 50 ans de distance.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"Wonderstruck" : l'affiche (détail)
 ( Metropolitan FilmExport)

Récits fusionnels

Todd Haynes a rapidement imposé son univers au cinéma avec notamment Julianne Moore qu’il dirigea dès 1995 dans "Safe", puis en 2002 dans "Loin du paradis" et aujourd’hui dans "Wonderstruck". Sa relation intime à la musique, que l’on retrouve dans son dernier film, l’avait imposé dans deux projets ambitieux : "Velvet Goldmine", prix de la Meilleure contribution artistique à Cannes en 1998, autour du Glam Rock des 70’s, et "I’m not There", faux biopic de Bob Dylan qu’interprètent six acteurs différents, dont Cate Blanchett. Un cinéma à part, ce que confirme "Wonderstruck".

Racontant l’histoire de deux enfants atteints de surdité, en 1927 et 1977, son film est sans doute le plus abordable, au croisement de la fable et du conte. Construits en parallèle, ces deux récits s’imbriquent progressivement. Ben et Rose vivent des expériences équivalentes, chacun à leur époque, pour fusionner dans une révélation finale que d’aucuns trouveront trop explicite, mais nécessaire pour s’adresser à un public intergénérationnel (sans être pour autant appuyée).

Oakes Fegley et ulianne Moore dans "Wonderstruck" de Todd Haynes
 (Metropolitan FilmExport)

Hétérogénéité fluide

En accord avec un Wes Anderson ("Moonrise Kingdom", "The Grand Budapest Hotel"), Todd Haynes a un univers visuel très prononcé. "Wonderstruck" est de ce point de vue une merveille, avec une reconstitution au cordeau de New York en 1927 dans un noir et blanc velouté, tout comme celle de 1977, où décors et costumes se marient dans une continuité graphique chamarrée. Un sentiment que rehaussent des choix musicaux cohérents, évocateurs et entraînants. Dans son esthétique, Haynes joue de l’hétérogénéité, mêlant noir et blanc/couleurs, muet/parlant, action live/animation tout en parvenant à une extrême fluidité.

Millicent Simmonds dans "Wonderstruck" de Todd Haynes
 (Metropolitan FilmExport)

Les deux jeunes acteurs au coeur du film sont épatants, surtout la petite Millicent Simmonds d’une expressivité et d’une gestuelle communicatives qui augure d’une grande actrice. Mystérieux, mélodramatique, fantastique, "Wonderstruck" adresse aussi un message sur les valeurs de la transmission culturelle, de la curiosité et de l’ouverture sur le monde, comme sources de vie. Ce qui n’est pas si fréquent dans le cinéma américain mainstream. Son tour de force est enfin d’allier fond et forme, dans un magnifique spectacle à la fois distrayant et réfléchi, à destination de tous.

"Le Musée des merveilles" '("Wonderstruck" en VO) : une des affiches américaines
 (Metropolitan FilmExport)

LA FICHE

Genre : Drame
Réalisateur : Todd Haynes
Pays : Etats-Unis
Acteurs : Oakes Fegley, Millicent Simmonds, Julianne Moore, Michelle Williams
Durée : 2h00

Synopsis : L'histoire de deux enfants, tous deux sourds, à différentes époques, l'un en 1927, l'autre en 1977. Ces deux enfants s'échappent de New York. Malgré le gouffre entre ces deux périodes, ils sont tous deux connectés par un mystère en attente de résolution.

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