Cannes 2017 : Pedro Almodovar met la pression sur Netflix
La polémique qui a précédé cette édition a connu un nouveau rebondissement à l'occasion de la conférence de presse du jury : "Ce serait un énorme paradoxe que la Palme d'or ou un autre prix décerné à un film ne puisse pas être vu en salles", a lancé le réalisateur lors de la conférence de presse du jury.
Netflix, géant américain du streaming ne prévoit pas de sortir dans les salles françaises "Okja" et "The Meyerowiitz Stories". Pour Pedro Almodovar, qui a lu un texte, ces deux films ne sauraient donc remporter aucun prix. À moins d'un rétropédalage de Netflix, alors qu'il a annoncé une sortie en salles en Grande-Bretagne et aux États-Unis, en même temps que sa diffusion mondiale sur sa plateforme aux 100 millions d'abonnés.
"La seule solution est que les nouvelles plateformes acceptent les règles en place, financières ou fiscales qui ont été adoptées par l'ensemble des réseaux. C'est le seul moyen de pouvoir survivre dans le cinéma", a argué le réalisateur de "Volver", âgé de 67 ans.
Netflix a poussé le festival à changer son règlement
L'annonce de la présence de Netflix en compétition cannoise a bousculé le milieu du septième art français, ce nouvel arrivant étant en concurrence directe avec les salles de cinéma. Sous la pression, les organisateurs du festival ont modifié leur règlement, imposant à partir de 2018 que tout film en compétition s'engage à sortir en salles."Okja", réalisé par le Sud-Coréen Bong-Joon-ho, doit être présenté vendredi en compétition et des affiches immenses sur la Croisette annoncent même sa diffusion le 28 juin sur Netflix. "The Meyerowitz Stories" de l'Américain Noah Baumbach, sera lui en lice dimanche. La Palme d'or sera décernée le 28 mai.
Will Smith moins ferme qu'Almodovar
Lors de cette conférence de presse traditionnelle, quelques heures avant l'ouverture du festival, l'un des membres du jury, l'Américain Will Smith, a exprimé une position plus nuancée. "J'ai des enfants de 16, 18 et 24 ans à la maison. Ils vont au cinéma deux fois par semaine et ils regardent aussi des films sur Netflix et on peut passer de l'un à l'autre", a argué la star de 48 ans."Chez moi, Netflix est utile car (les gens) peuvent voir des films qu'ils n'auraient pas pu voir autrement, Netflix est utile pour se connecter au monde", a-t-il plaidé sous les yeux impassibles d'Almodovar et des autres membres du jury, dont Jessica Chastain, très glamour, toute de rouge vêtue. Will Smith, dont le prochain film "Bright", réalisé par David Ayer, est produit par Netflix, espérait "un scandale", avait-il dit en riant lors du photocall précédant la conférence de presse...
Hormis cette mise au point du président Almodovar qui devra mettre ses huit jurés d'accord pour choisir la Palme, cette année sertie de dizaines de diamants, la présentation du jury à la presse a été décontractée. Almodovar, vêtu d'un survêtement violet et d'un polo pistache, n'a pas hésité à s'asseoir au milieu des dizaines de photographes présents, téléobjectif à la main. Auparavant, "Les fantômes d'Ismaël" du Français Arnaud Desplechin, un triangle amoureux réunissant pour la première fois Marion Cotillard et Charlotte Gainsbourg, aux côtés de Mathieu Amalric, était le premier rendez-vous du festival pour cette œuvre hors-compétition.
La soirée d'ouverture, avec Monica Bellucci en maîtresse de cérémonie, a débuté peu après 19H00 avec la première montée des marches...
Voyez le reportage consacré à cette polémique par la rédaction de France 3 Côte d'Azur (H. Nicolas / F. Tisseaux / A. Taba)
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