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Cannes 2017 : l'adaptation de livres à l'écran, un phénomène en hausse

Les réalisateurs s'inspirent de plus en plus d'histoires racontées d'abord dans des livres. Une tendance qui se confirme à Cannes avec la présence de dix éditeurs qui ont défendu leurs ouvrages devant 130 producteurs de films.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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A Cannes, l'auteur de BD et réalisateur Arthur de Pins avec un acteur déguisé en zombie, à l'occasion de la présentation de son film "Zombillenium"
 (Loïc Venance / AFP)

"D'après une histoire vraie", "You Were Never Really Here", "Le Redoutable", "Les Proies", "L'amant double" : autant de films présentés au Festival de Cannes, tous adaptés de romans qui nourrissent toujours plus le 7e art.
 
"Il y a de plus en plus de demandes car une adaptation offre une certaine garantie de succès et le projet est donc plus facile à monter financièrement", souligne Nathalie Piaskowski de la SCELF (Societé civile des éditeurs de langue française).
 
La part des adaptations dans les films français et étrangers sorties en salles en France, longtemps stable autour de 20%, a grimpé à 25% en 2014-2015, estime la responsable.


Le cinéma à la recherche de bonnes histoires, qui ont fait leurs preuves

Dix éditeurs ont planché devant plus de 130 producteurs français et étrangers pendant le Festival de Cannes. Des "sessions de pitching" qui auront lieu en novembre à Los Angeles, pour la troisième année consécutive, et en juin à Shanghai, pour la première fois.
 
La plupart des éditeurs ont aujourd'hui des départements spécialisés dans les cessions de droits dont les montants moyens se situent entre 45.000 euros et 150.000 ou 200.000 euros.
 
"Le cinéma, comme la télévision, avec le boom des séries, sont à la recherche de bonnes histoires. Un bon livre c'est une histoire dans laquelle on peut piocher et qui a trouvé un public", souligne la responsable des cessions de droit aux éditions Denoël, Judith Becqueriaux.
 
Parmi les adaptations maison, le légendaire "Vertigo" d'Alfred Hitchcock ("D'entre les morts" du tandem Boileau-Narcejac) ou le plus récent "Suite française" réalisé par le Britannique Saul Dibb, d'après le livre éponyme d'Irène Némirovsky.


Pas forcément des best-sellers

Ce qui compte "c'est qu'il y ait dans l'histoire une boîte de Playmobil avec des éléments d'action, d'émotion qui vont permettre au réalisateur de monter son film, qui ne sera pas une simple retranscription du livre", souligne Nathalie Carpentier, dont la société CAL représente une quinzaine de maisons d'éditions françaises et étrangères.
 
Le dernier Goncourt, "Chanson douce" de Leïla Slimani, va être adapté par la Française Maïwenn mais les romans vantés à Cannes ne sont pas forcément des best-sellers. Certains ne sont même pas sortis.
 
Denoël est venu proposer l'un de ses ouvrages de rentrée, "Gabrielle ou le jardin retrouvé" de Stéphane Jougla. "Un livre qui offre un bon potentiel sur un couple frappé par le deuil et la folie, sauvé par un jardin", estime Judith Becqueriaux.
 
"Que le livre soit sorti ou pas, le producteur s'en fiche. L'originalité d'une histoire est beaucoup plus importante que des chiffres de vente", renchérit Frédéric Martin des éditions Tripode, à Cannes pour "L'Amour est une maladie ordinaire" de François Szabowski sur un serial lover.


La BD prend une place croissante 

Depuis le début des années 2000, la BD a elle aussi pris une place croissante à l'écran. "Valérian et la Cité des mille planètes" de Luc Besson, qui sortira en juillet aux Etats-Unis avant la France, est la superproduction la plus chère de l'histoire du cinéma français (plus de 170 millions d'euros).
 
"En douze mois, huit films tirés de notre catalogue sont sortis ou vont sortir", souligne Hélène de Saint Vincent, qui s'occupe du développement audiovisuel pour des éditeurs de BD (Le Lombard, Dargaud, Dupuis).
 
Un engouement qui s'explique notamment par le fait que les lecteurs de BD "sont devenus les décideurs d'aujourd'hui, les producteurs, les réalisateurs, les financiers et qu'à leurs yeux, la BD est un genre à part entière", note-t-elle.


La BD, c'est "une super base" pour le cinéma 

"Zombillénium", comédie familiale avec des zombies, écrite par Arthur de Pins, qui a troqué son travail solitaire pour travailler avec 175 animateurs, a eu droit à une montée des marches mercredi.
 
"C'était une grande histoire avec des cadrages très cinématographiques, des plans de western, des gros plans. On a repris un univers pour raconter une histoire nouvelle avec les outils du cinéma", explique son producteur Henri Magalon.
 
"Depuis une dizaine d'années de plus en plus de producteurs s'intéressent à la BD" car "on a un travail prémâché, c'est une super base" pour faire un film d'animation, conclut le co-réalisateur du film, Alexis Ducord.
 

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